Gabon : la cour d’appel de Libreville se penchera sur la santé d’Ali Bongo Ondimba le 26 août

FILE PHOTO: President Ali Bongo of Gabon addresses an African Union meeting on climate change in Addis Ababa, Ethiopia January 29, 2018. REUTERS/Tiksa Negeri/File Photo

La cour d’appel de Libreville a rejeté le 12 août le recours des avocats d’Ali Bongo Ondimba, qui s’étaient tournés vers la cour de cassation pour faire dessaisir cette juridiction de la requête d’expertise médicale du président gabonais. L’audience sur le fond de cette demande faite par le collectif « Appel à agir » doit avoir lieu le 26 août.

Déposée en mars 2019 par « Appel à agir » – qui regroupe des personnalités de l’opposition et de la société civile -, la requête demandant un examen médical du président Ali Bongo Ondimba sera bel et bien examinée par la cour d’appel du tribunal de Libreville. Le collectif d’opposants avait été débouté en première instance, début mai, avant d’interjeter appel.

« Appel à agir » souhaite obtenir la désignation d’un expert chargé de déterminer si Ali Bongo Ondimba est apte à assumer ses charges de chef de l’État après son accident vasculaire cérébral d’octobre 2018. À la suite du dépôt de cette requête, le ministre de l’Intérieur Lambert Noël Matha avait accusé le collectif d’essayer de « déstabiliser les institutions ».

Bataille procédurale

Initialement prévue le 15 juillet, l’audience en appel avait été repoussée au 29 juillet. La défense d’Ali Bongo avait entre-temps saisi la cour de cassation, le 26 juillet,  pour demander le dessaisissement de la cour d’appel du dossier. Si aucune décision sur le fond n’a été rendue, la cour de cassation a cependant prononcé une mesure suspensive, demandant à la cour d’appel de ne pas se prononcer sur le dossier tant que sa propre décision ne serait pas rendue. Lundi, la cour d’appel a donc fait fi de cette dernière injonction, se déclarant de fait apte à juger cette affaire.

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« C’est une décision rassurante pour la justice de ce pays, cela prouve que la cour d’appel n’a pas cédé aux pressions du pouvoir », s’est félicité l’avocat Ange-Kévin Nzigou, membre du collectif « Appel à agir ».

Une décision contestée par la défense du président gabonais. « Ce n’est pas à la cour d’appel de statuer sur une décision de la cour de cassation. Ce faisant, elle a outrepassé ses compétences. Nous ferons ce qu’il faut pour que la décision de la cour de cassation soit respectée », a déclaré à Jeune Afrique Me Aimery Bhongo-Mavoungou, l’un des avocats d’Ali Bongo Ondimba.

Spéculations et rumeurs

Depuis que le président gabonais est en convalescence, sa santé fait l’objet de nombreuses spéculations allant jusqu’à la folle rumeur d’un sosie. ABO reçoit régulièrement les membres de son gouvernement et s’est entretenu avec plusieurs chefs d’État comme le Togolais Faure Gnassingbé, l’Ivoirien Alassane Ouattara, le Rwandais Paul Kagame ou encore son homologue tchadien Idriss Déby Itno. Le président gabonais a également reçu récemment l’acteur américain Samuel L. Jackson, à qui a été délivré un passeport gabonais.

Mais il ne s’est exprimé publiquement qu’à deux reprises, lors de son traditionnel discours de nouvelle année et pour les dix ans de la mort de son père, Omar Bongo Ondimba, commémorée le 8 juin dernier. Deux interventions qui n’ont vraisemblablement pas convaincu l’opposition qui a régulièrement appelé à « clarifier la situation constitutionnelle du Gabon ».

Selon un journaliste de Jeune Afrique qui a pu le rencontrer à Libreville en juillet et échanger longuement avec lui, le chef de l’État est amaigri – il suivrait un régime draconien – mais s’exprime normalement. Ses facultés intellectuelles semblent intactes. Il se déplace seul, à l’aide d’une canne.

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Le collectif « Appel à Agir », fondé en février 2019 suite à la débâcle de l’opposition aux législatives de 2018, est composé de dix personnalités d’opposition – dont deux députés, Maxime Minault Zima Ebeyard de l’Union nationale et Edgard Owono Ndong du RHM – et de la société civile. Figurent également parmi les instigateurs du rassemblement Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi (UN), énarque, cadre de l’UN défait de manière inattendue dans la commune d’Akanda au premier tour des législatives, l’activiste Marc Ona Essangui, ou encore l’avocat Ange-Kévin Nzigou.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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