Soudan : qui est Abdallah Hamdok, le futur Premier ministre ?

Économiste chevronné et ancien haut fonctionnaire de l’ONU, Abdallah Hamdok semble avoir fait l’unanimité auprès des leaders de la contestation qui l’ont désigné comme Premier ministre de la transition. Qui est-il ?

C’est un retour en grâce et un retour par la grande porte pour Abdallah Hamdok. Cet économiste, âgé de 61 ans, vient d’être désigné par les chefs du mouvement de la contestation pour devenir Premier ministre du futur gouvernement de transition. Ancien haut fonctionnaire de l’ONU, Abdallah Hamdok est un économiste de formation qui a été au poste de vice-secrétaire de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies de 2011 à 2018. Il vient d’être désigné par les chefs du mouvement de la contestation pour devenir Premier ministre du futur gouvernement de transition au Soudan. Le Conseil souverain, future autorité chapeautant la transition, doit encore annoncer mardi s’il le confirme à ce poste pour la période de transition de trois ans et de trois mois.

Abdallah Hamdok, un économiste reconnu

Cumulant plus de trente ans d’expérience, Abdallah Hamdok a été chassé du pays des années durant par l’ex-président Omar el-Béchir, avant que ce dernier ne le rappelle en septembre 2018 au tout début des grandes manifestations populaires, pour occuper le poste de ministre des Finances, mais Hamdok avait refusé le poste. Après un baccalauréat en sciences de l’université de Khartoum, Abdallah Hamdok a pris le chemin de la School of Economic Studies de l’université de Manchester afin d’obtenir un doctorat en sciences économiques. Juste après l’obtention de ses diplômes, il entame une carrière professionnelle au sein du ministère des Finances et de la Planification économique du Soudan, puis s’envole pour le Zimbabwetravailler pour le cabinet de consulting Deloitte, enchaîne sur un poste de conseiller technique principal à l’Organisation internationale du travail dans ce pays. En 1997, il prend un autre virage, direction l’Afrique de l’Ouest et la Côte d’Ivoire, où il travaille au sein de la Banque africaine de développement, avant de diriger successivement les activités de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique dans le domaine de la gestion des politiques de développement, du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique et de l’intégration régionale, ainsi que de la gouvernance et de l’administration publique.

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Une désignation déjà saluée en interne

L’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, « s’est mise d’accord pour désigner Abdallah Hamdok comme Premier ministre », a déclaré, dans un communiqué, l’Association des professionnels soudanais, qui fait partie de cette coalition. Deux dirigeants de l’ALC ont également confirmé cette information, après avoir organisé une série de réunions pour désigner les candidats au Conseil souverain, au gouvernement de transition et à certains corps indépendants censés jouer un rôle clé pendant la période de transition, tels que celui du procureur général. Presque tous les candidats sont des personnalités indépendantes choisies pour leur expertise et leurs compétences, mais également pour leur soutien à un régime démocratique au Soudan.

Le Mouvement de libération du peuple soudanais-Nord (SPLM), dirigé par Malik Agar, a salué le choix d’Abdallah Hamdok au poste de Premier ministre de la transition et l’a appelé à mettre les questions de paix au premier rang de ses priorités. « Le SPLM se félicite du consensus des Forces pour la liberté et le changement sur la nomination du Dr Abdallah Hamdok au poste de Premier ministre de la période intérimaire », a déclaré le porte-parole du Mouvement, Mubarak Ardol, dans un communiqué transmis au quotidien Sudan Tribune. « Hamdok est profondément conscient des problèmes soulevés par le Front révolutionnaire soudanais aux réunions d’Addis-Abeba et du Caire. Il a rencontré ses dirigeants. On espère qu’il placera ces questions en tête de son agenda », a déclaré Ardol.

L’économiste soudanais Amin Hassan Sayed Ahmed, cité par Reuters, a déclaré qu’Abdallah Hamdok avait de bonnes relations au sein de l’Union africaine et des Nations unies et pourrait aider à faire sortir le Soudan de la liste noire américaine des États qui parrainent le terrorisme. Cette information a longtemps privé Khartoum de financement du FMI et de la Banque mondiale. « Je pense qu’il sait comment utiliser le système, beaucoup plus que quiconque », a déclaré Sayed Ahmed.

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Première étape vers la formation d’un gouvernement

En vertu d’un accord conclu en deux temps en juillet et en août entre la contestation et les généraux ayant pris les rênes du pays après la destitution du président Omar el-Béchir le 11 avril, le pouvoir doit être transféré aux civils avec la création du Conseil souverain. Ce dernier comptera six membres civils et cinq militaires. La signature formelle de cet accord qualifié d’historique dans un pays où le général Béchir a tenu le pouvoir pendant 30 ans doit avoir lieu ce samedi 17 août 2019. Le Conseil souverain sera formé dimanche, conformément au calendrier convenu, après quoi le conseil militaire de transition sera dissout, le Premier ministre devant être nommé mardi prochain.

Source: Le Point Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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