RDC : le FMI croit au rebond de l’économie

Croissance du PIB, reprise des activités du secteur minier, inflation modérée… Malgré des indicateurs au vert, le conflit entre l’Ukraine et la Russie risque de peser sur l’économie congolaise.

Une équipe du Fonds monétaire international (FMI) s’est rendue à Kinshasa du 1er au 7 mars. À l’issue de cette visite, la délégation dirigée par Mercedes Vera Martin a soulevé plusieurs points.

En 2021, le PIB de la République Démocratique du Congo a augmenté de +5,7 %, notamment grâce à la reprise des secteurs miniers et des services, soutenus par la vigueur de la demande chinoise.

Une croissance qui succède à une récession

Pourtant, cette croissance économique succède à une récession de 0,8% en 2020, conséquence de la pandémie. Pour 2022, Le Comité de politique monétaire (CPM) de la Banque centrale de la RDC (BCC) qui s’est réuni en décembre 2021, estime que la croissance sera de +6,1%, avec une inflation autour de 5%. Une projection partagée par le FMI.

Au niveau du déficit du compte courant, le FMI souligne qu’il s’est réduit à 1% du PIB en 2021 contre 2,2 % 2020, en raison de l’augmentation des exportations minières.

A noter que le Conseil d’administration du FMI a achevé la première revue de l’accord au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) pour la RDC en décembre 2021, ce qui a permis le décaissement immédiat de 152,3 millions de DTS (14,3% de la quote-part ou 212,3 millions de dollars EU) pour aider à répondre aux besoins de la balance des paiements.

Ainsi, les évolutions extérieures favorables et l’allocation générale de droits de tirage spéciaux (DTS) ont permis d’augmenter significativement le niveau des réserves internationales brutes. Enfin, le solde budgétaire global en 2021 s’est amélioré grâce à la hausse des recettes et des investissements publics.

LES RISQUES À LA BAISSE ONT FORTEMENT AUGMENTÉ

Tous ces facteurs tendent vers des « perspectives favorables pour 2022 », comme précisé dans le communiqué de l’institution de Bretton Woods. Pourtant, selon la même source, les risques à la baisse qui pèsent sur les perspectives ont fortement augmenté. Ceci devrait pousser Kinshasa à accumuler des réserves et à maintenir des politiques macroéconomiques prudentes pour renforcer la résilience aux chocs externes.

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Les impacts de la crise en Ukraine

La guerre entre la Russie et l’Ukraine a pour impact direct la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. En effet, en l’espace d’une semaine, le prix du baril de pétrole est passé de 100 à 140 dollars. Selon le FMI, la volatilité des prix présente des risques pour l’inflation et la croissance, ce qui va générer d’importantes pressions budgétaires en raison de subventions non ciblées sur les prix des carburants, et réduire l’espace budgétaire pour les dépenses sociales et d’infrastructure nécessaires.

L’équipe de Mercedes Vera Martin a donc appelé à la transparence dans la fixation des prix du carburant, et a conseillé au gouvernent de la RDC de surveiller de près l’impact de la subvention sur le budget.

En effet, le budget 2022 prévoit une augmentation des dépenses d’investissement public, financées en partie par l’allocation de DTS. Le FMI préconise donc la poursuite des efforts pour « renforcer la capacité et la gouvernance des institutions en charge de la mise en œuvre, du suivi et de l’exécution des projets, afin d’assurer une utilisation efficace et transparente de ces fonds ».

Selon cette logique, la délégation du FMI a mis en avant la possibilité d’intensifier les réformes structurelles pour soutenir la reprise. Une nouvelle loi sur les banques commerciales et une autre loi anti-blanchiment visant à renforcer la supervision bancaire, devront bientôt être approuvées par le Parlement.

Intensification des réformes structurelles

Pour le FMI, l’amélioration de la gouvernance, en particulier dans la gestion des ressources extractives et des finances publiques, et l’amélioration du climat des affaires « soutiendront une croissance tirée par le secteur privé ». Pour le fonds, ces réformes structurelles permettront d’augmenter la résilience économique, contribueront à diversifier l’économie et à améliorer le niveau de vie des citoyens congolais (IDH).

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73% de la population vit sous le seuil de pauvreté

D’après les derniers chiffres de la Banque Mondiale, une personne sur six en situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne vit en RDC. En tout, 60 millions des personnes (73% de la population) gagnent moins de 1,9 dollars par jour. En 2022, selon le FMI, le PIB par habitant s’élève à 622 dollars (571 euros). Ce qui correspond à une augmentation du PIB/habitant de plus de +30% par rapport à 2020.

Évolution du PIB et du PIB/habitant en RDC.
Évolution du PIB et du PIB/habitant en RDC.

Pourtant, ce résultat vaut à la RDC la 10ème place parmi les pays les plus pauvres, derrière le Yémen mais devant le Niger.

Classement des pays les plus pauvres en 2022. © Classement des pays les plus pauvres en 2022. Source : FMI.
Classement des pays les plus pauvres en 2022. © Classement des pays les plus pauvres en 2022. Source : FMI.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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