Marée noire à Maurice: l’écosystème en danger

Maurice fait face à sa plus grave catastrophe écologique de son histoire. Un déversement d’hydrocarbures, qui a commencé le 6 août, affecte le sud-est de l’île. AFP

La fuite d’hydrocarbures au sud-est de Maurice menace l’éco-système de l’île. Le 26 juillet dernier, le vraquier japonais MV Wakashio s’est échoué dans les eaux territoriales de l’île puis s’est brisé en deux parties ce samedi 15 août. Si les réservoirs du navire ont été vidés, une partie de son fuel s’est déversée en mer, non loin du parc marin Blue Bay et de ses zones humides protégées.

« Tout le fioul a été pompé » du vraquier échoué qui renfermait encore des hydrocarbures dans ses réservoirs, a déclaré mercredi 12 août le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, assurant ainsi qu’une seconde marée noire a été évitée. Malgré cela, les experts sur place estiment que 1000 tonnes d’huile lourde se sont déjà déversées dans les eaux de l’île, avec des conséquences visibles dans toute la zone. « Près de 10 kilomètres de zone côtière et une dizaine d’endroits ont été affectés », constate un responsable du comité de crise mis en place dans la foulée de ce naufrage.

Après la catastrophe, l’océanographe Vassen Kauppaymuttoo a cartographié la pollution provoquée : « Quelque 9500 hectares de lagon ont été touchés par le déversement d’hydrocarbures et 4500 hectares concernent des zones sensibles comme les coraux, les herbiers et les plages notamment. » constate-t-il.

Sur son site internet, GreenPeace Africa s’inquiète de voir « des milliers d’espèces autour des lagons vierges de Blue Bay, Pointe d’Esny et Mahebourg » se noyer « dans une mer de pollution, avec de terribles conséquences pour l’économie, la sécurité alimentaire et la santé de l’île Maurice ».

Les rejets du bateau échoué menacent la faune et la flore de Pointe d’Esny. Avec le parc marin Blue Bay qui se trouve à proximité, ces deux sites sont classés dans la convention Ramsar comme des « zones humides d’importance internationale ». Sur les images prises après l’échouement du navire, les nappes noires recouvrent l’eau turquoise et se dirigent vers les lagons qui abritent des jardins coralliens riches en biodiversité.

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Maurice fait face à sa plus grave catastrophe écologique de son histoire. Un déversement d’hydrocarbures, qui a commencé le 6 août, affecte le sud-est de l’île.
Maurice fait face à sa plus grave catastrophe écologique de son histoire. Un déversement d’hydrocarbures, qui a commencé le 6 août, affecte le sud-est de l’île. AFP

Le danger pour l’éco-système est réel, prévient Eco-Sud, une ONG locale, qui affirme que « ce sera une catastrophe » et prévient : « Les dégâts écologiques sont inestimables et irréversibles. »

Bien qu’ils s’accordent à dire que les dégâts sont conséquents, les scientifiques et les autorités de l’île sont moins alarmants. « L’eau est limpide au parc marin de Blue Bay, j’ai pu le constater moi-même. Mais il faut rester vigilant », témoigne Nadeem Nazurally, biologiste marin qui cultive des coraux dans cette région depuis 2009.

Solidarité sur place

Les appels à la mobilisation citoyenne se multiplient sur les réseaux sociaux. Eco-Sud, par exemple, poste régulièrement des publications sur Facebook pour demander aux habitants de participer au nettoyage des eaux et des plages, ou pour demander des matériaux de fortune qui servent à construire les boudins flottants qui retiennent les huiles lourdes. Un appel au don de cheveux pour consolider ces boudins a également été lancé et relayé sur les réseaux sociaux.

Ce travail de dépollution, auquel la marine française apporte son soutien, doit se poursuivre pendant les semaines à venir. Le président français Emmanuel Macron a rappelé dans un tweet que « la biodiversité est en péril » et qu’il y a « urgence d’agir ». Le Japon a également envoyé des experts pour travailler aux côtés des équipes françaises et mauriciennes.

À la surface, la situation revient graduellement à la normale. « À partir de lundi nous allons commencer à évaluer l’impact sur la faune et la flore de la région. Ensuite, il faudra un suivi scientifique approprié pour réhabiliter les zones polluées », explique Nadeem Nazurally.

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Lui et ses anciens collègues de l’Université de Maurice, ainsi que des étudiants des facultés scientifiques de l’établissement, se sont mobilisés spontanément pour appuyer les efforts de nettoyage.

Source: Rfi Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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