Congrès postal universel à Abidjan : l’avenir des postes passera-t-il par le e-commerce ?

« En organisant le Congrès en Afrique, nous pouvons mettre en valeur la puissance de l’énergie, de la créativité et de l’innovation technologique de la région», se félicitait Pascal Clivaz, vice-directeur général du Bureau international de l’Union postale universelle (UPU) -une organisation intergouvernementale qui rassemble 192 pays-, le 2 juillet par voie de communiqué, à quelques jours de l’événement. C’est en effet, le premier Congrès de l’UPU qui se tient en Afrique subsaharienne en 147 ans d’existence et le second après celui de 1934 en Egypte, sur le continent africain.

A l’issue de ces rencontres qui se tiennent du 9 au 27 août, la stratégie 2021-2024 de l’Union postale universelle (appelée « Stratégie d’Abidjan ») sera révélée et la Côte d’Ivoire prendra la tête de la présidence du Conseil d’administration de l’Union postale universelle pour les quatre prochaines années.

Ce rendez-vous d’experts devrait faire la part belle au développement du e-commerce en Afrique, en particulier en Côte d’Ivoire, déjà très impliquée dans le dispositif Ecom@Africa. Lancée en 2016, cette initiative a pour objectif d’accompagner l’essor du e-commerce à travers le réseau postal africain, en facilitant l’accès aux marchés locaux et internationaux des TPE et PME, grâce à la simplification des procédures d’import-export. A ce jour, le secteur ne représenterait que 20MDS USD selon la Société financière internationale (SFI) mais les marges de progression sont considérables. Dotée d’un guichet unique et entretenue par des opérateurs désignés à travers des plates-formes comme Jumia ou Ivoire mobiles, la Côte d’Ivoire est devenue un pays-pilote d’Ecom@Africa.

La Poste ivoirienne sur la voie de la diversification

« Cela faisait longtemps que nous attendions ce Congrès qui a maintes fois été reporté en raison de contextes politiques, post-électoraux et sanitaires troublés », explique Roger Adom, le ministre ivoirien de la Modernisation de l’administration et de l’Innovation du Service public. « C’est un défi technologique de taille, car nous recevons 97 représentations-pays à Abidjan pendant 3 semaines, et 168 pays seront présents par voie numérique », poursuit-il. Alors que la précédente stratégie de l’UPU reposait sur la stratégie des « 3 I » (intégration, innovation et inclusion), le 27e Congrès universel des Postes devra établir la nouvelle Stratégie postale d’Abidjan (SPA) et le Plan d’activités, qui orienteront le secteur des postes entre 2022 et 2025. Au terme de ces 3 semaines d’échanges pendant lesquelles les experts se pencheront sur plus de 200 résolutions, la stratégie de l’UPU et ses instances représentatives seront renouvelées.

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« Le secteur des Postes n’est pas encore très bien régulé et les lois ne sont pas suffisamment respectées. Par ailleurs, à l’heure d’acteurs comme Amazon, les jeunes ne connaissent pas la Poste qui pâtit aujourd’hui d’un manque de notoriété. Il faut donc faire évoluer les services de la Poste, les diversifier et faire des 200 agences postales ivoiriennes, de véritables lieux de vie qui ne se limiteront pas à l’envoi de courriers, mais qui proposeront des services financiers, des espaces de co-working ou de reprographie », explique Roger Adom.

C’est dans cette optique, pariant sur le développement à venir du e-commerce sur le continent, que le gouvernement ivoirien a inauguré le 20 mai dernier, le Bureau de poste du futur, à l’Université Félix Houphouët-Boigny, qui aura pour mission de renforcer le réseau postal et d’accompagner la numérisation, tout en s’ouvrant à de nouveaux services.

De nouvelles normes pour accompagner l’e-commerce

« Aujourd’hui, le e-commerce est en tête de nos priorités », explique Pascal Clivaz. L’avenir des Postes passera-t-il par le e-commerce en Afrique ? Il faudra avant tout relever le défi des infrastructures logistiques, qui rendent encore toutes livraisons aléatoires, tout en renforçant la bancarisation des populations et en accélérant le développement des accès Internet pour combler le retard du continent. En 2018, la Côte d’Ivoire était classée 124e sur 151 pays dans l’Indice du commerce électronique d’entreprise à consommateur selon la CNUCED. En dehors de l’île Maurice, le continent africain campe toujours les dernières places du classement. Selon le World Stats, Internet Users Statistics du Miniwatts Marketing Group, le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire n’était que de 26,3% en 2018, contre 35,2% en moyenne en Afrique et 54,4% au niveau mondial.

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« L’enjeu du 27e Congrès de l’UPU sera d’établir de nouvelles normes, tout en appuyant les politiques dans la mise en œuvre de ces nouvelles règles » déclare le ministre ivoirien Roger Adom. « Depuis peu, l’Europe, mais aussi les Etats-Unis, ont mis en place de nouvelles législations pour garantir la traçabilité des envois postaux. Il n’est plus possible d’envoyer n’importe quoi et n’importe où, sans que les douanes n’en soient averties », ajoute Pascal Clivaz, le vice-directeur général du Bureau international de l’Union postale universelle (UPU).

Entre régulation, digitalisation et course aux infrastructures numériques, sur fond de crise sanitaire, le secteur des postes est en pleine mutation. Il faudra désormais attendre le 27 août pour établir un premier bilan de ce 27e Congrès postal universel…

Source: La Tribune Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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