Cameroun-Zimbabwe : le CHAN, championnat de sorcellerie ?

Le Zimbabwe a accusé le Cameroun de « sorcellerie » après la découverte une chauve-souris morte sur le terrain avant le match d’ouverture du Championnat d’Afrique des nations à Yaoundé, samedi, que les Lions indomptables ont remporté (1-0).

Décidément, il ne fait pas bon être une chauve-souris au XXIe siècle. Traditionnellement stigmatisé par les oiseaux qui ne prisent guère les museaux et marginalisé par les chiens qui, eux, ne valident pas les ailes, le mammifère nocturne est présenté comme un réservoir du virus Ebola, quand il n’est pas classé, avec le pangolin, au rang de suspect dans la transmission du Covid-19 à l’homme. Et comme si cela ne suffisait pas, la chauve-souris pourrait gâcher la fête d’un Championnat d’Afrique des nations (CHAN) camerounais déjà contraint par les gestes barrières.

Décalée de neuf mois pour cause de pandémie de coronavirus, la sixième édition du CHAN a pu démarrer enfin, ce samedi 16 janvier, au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, par une confrontation entre le pays hôte et le Zimbabwe. L’euphorie était d’autant plus palpable qu’à la différence des compétitions européennes, l’événement camerounais autorisait la présence d’une certaine jauge de supporters au bord du terrain. Mais c’est plutôt une présence animale qui a refroidi l’ambiance…

Pratiques continentales

Sincèrement inquiet, humoriste amateur ou prompt à justifier une défaite pas encore subie ? Avant le coup de sifflet du début de match, l’entraîneur du Zimbabwe poste le cliché d’une petite carcasse de chauve-souris échouée sur le point central du terrain. L’index droit pointé vers l’animal, Zdravko Logarusic tient, de la main gauche, une feuille sur laquelle il a écrit « Witchcraft in Cameroon » (« sorcellerie au Cameroun »). 105 minutes plus tard, les Lions indomptables camerounais auront battu les Guerriers zimbabwéens 1 à 0.

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Après tout, le mot-clé du CHAN est « local », la compétition ne sélectionnant que les footballeurs évoluant dans un club de leur pays. Il est donc logique que le championnat soit un festival des pratiques continentales. Et l’utilisation plus ou moins déterminante, mais avérée, de pratiques occultes est sans conteste un sport dans le sport. Si Cristiano Ronaldo aurait déclaré que « le football est 100 % propre », il omettait sans doute des tentatives de dopage moins chimiques que spirituelles, notamment le « juju » du Nigeria ou du Cameroun.

Prières collectives

« Placebo » ou « médicaliment », en mode « coup de fouet personnel » ou « sabotage des adversaires », l’usage de la sorcellerie pour interférer dans le jeu est pris au sérieux. On évoque des séances de prières collectives avant d’entrer sur le terrain, des jets de gris-gris sur la pelouse, des concoctions souvent très odorantes à boire ou frictionner, des herbes, écorces, cordelettes ou autres amulettes dissimulées dans les protège-tibias, les chaussures ou les élastiques des shorts.

Faut-il croire à une sincère paranoïa du traqueur de chauve-souris ? La superstition n’est pas qu’africaine. En 2015, des moines bouddhistes avaient été convoqués par Vichai Srivaddhanaprabha, le propriétaire thaïlandais de l’équipe anglaise de Leicester, pour bénir les joueurs et le stade.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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