À Paris, Madagascar confirme des accords dans l’énergie verte et la digitalisation de l’agriculture

À l’occasion de sa visite officielle à Paris, et avant sa rencontre avec le président français Emmanuel Macron, le chef d’État malgache Andry Rajoelina a assisté à la signature d’un accord-cadre entre son gouvernement et le consortium Neho, formé par les sociétés Eiffage, Eranove et Themis, en vue de lancer le plus grand projet hydroélectrique du pays.

Photo : AFP / POOL / CHARLES PLATIAU

Avant de rencontrer Emmanuel Macron le mercredi 29 mai, le président malgache, investi en janvier dernier, a fait un détour mardi par le Mouvement des entreprises de France (Medef). Sous les dorures du Shangri-La Hotel, à Paris, Andry Rajoelina a plaidé pour un développement tous azimuts de son île – la plus grande du continent – devant un aréopage d’hommes d’affaires français. « La France est le premier pays d’exportation de Madagascar et le plus grand investisseur hors secteur minier », a rappelé le président, en indiquant qu’en septembre prochain un voyage du Medef sera organisé sur l’île.

La journée d’hier a été marquée par 2 séances avec le secteur privé français ; d’abord avec 80 entreprises @medef, puis un dîner avec un groupe de très haut niveau.
L’occasion de signer des conventions, présenter notre vision & échanger librement ! #Madagascar est de retour !

En tête des priorités : le développement des énergies vertes. Le but étant de doubler les capacités et de diviser par 3 ou 4 les tarifs au plus vite. À cette fin, la cérémonie a donné lieu à la signature d’un accord sur le projet de barrage hydroélectrique de Sahofika entre le ministère de l’Énergie et des Hydrocarbures malgache et le consortium de la Nouvelle énergie hydroélectrique de l’Onive (Neho), formé par les sociétés Eiffage, Eranove et Themis. Ce dernier a été retenu par les autorités malgaches pour l’étude, le financement, la construction, l’exploitation et l’entretien du site. Les travaux seront lancés en 2020 avant une entrée en production prévue à l’horizon 2024.

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1 500 GWh par an

Située sur la rivière Onive, à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Antananarivo, la future centrale produira plus de 1 500 gigawattheures par an (soit la consommation annuelle moyenne de 2 millions de foyers), avec une puissance installée d’environ 200 mégawatts (MW). « Le projet permettra également de résorber le déficit chronique sur le réseau interconnecté d’Antananarivo et de répondre à la croissance de la demande pour tout le pays [estimée entre 2 300 et 3 300 GWh/an à l’horizon 2030, selon les données d’une étude financée par la Banque mondiale, ndlr] », a expliqué Tas Anvaripour, directrice générale du groupe Themis, qui mobilise le financement nécessaire au projet.

Depuis l’indépendance, Madagascar ne produit guère plus que 400 mégawatts, pour 270 MW disponibles, qui plus est dans l’énergie fossile. « À Madagascar, l’électricité est un luxe, a insisté le président Rajoelina, rappelant que « seule 15% de la population y a accès ». De surcroît, « cette électricité est la plus chère d’Afrique avec des prix oscillant entre 30 et 40 cents d’euros le kWh [contre 12 centimes en France, ndlr] », a-t-il ajouté.

Autosuffisance alimentaire

Autre priorité, l’autosuffisance alimentaire. Pour y parvenir, le pays va faire appel au groupe Atos. Ce dernier sera en charge d’un projet de « digitalisation de la riziculture » dans le pays. « L’intérêt est d’accroître la production tant en qualité qu’en quantité, de réduire les importations et le CO2 liés à celles-ci, mais aussi de former des consultants agricoles qui seront au plus près des producteurs », a rappelé un membre de la délégation malgache. Une étude de faisabilité sera menée pendant quatre mois à partir de juin, le déploiement de la « solution » étant programmé sur un an.

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« Madagascar qui était un véritable grenier à riz dans les années 1970 est importatrice aujourd’hui, a rappelé Andry Rajoelina, notre objectif est de redevenir autosuffisant d’ici à trois ans », a-t-il insisté, tout en « diversifiant notre production agricole ». Son objectif : relancer les productions de vanille – cette dernière rapporte 3 milliards d’euros par an – , et de cacao, une filière dans laquelle le pays veut rejoindre la Côte d’Ivoire ou le Ghana, actuellement deuxième exportateur au monde.

Source: jeuneafrique Par Marjorie Cessac

Tribune d'Afrique

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