Algérie : encore deux anciens ministres écroués

Egrenée à la télévision publique dans son journal du soir, la longueur de la liste des chefs d’accusation n’a d’égal que la gravité des faits reprochés. S’y retrouvent la «dilapidation de deniers publics», l’« utilisation illicite» de l’argent du contribuable en leur «faveur ou en faveur d’une tierce partie» aux côtés de charge comme l’«abus de pouvoir» et le «trafic d’influence». Depuis ce lundi 5 août, Abdelghani Zaalane et Mohamed El Ghazi, ex-ministres sous le régime d’Abdelaziz Bouteflika, sont écroués pour mauvaise gestion présumée. Leurs noms s’ajoutent à la longue liste d’anciens dignitaires du régime déchu, à la barre ou dans les geôles.

Avec leur audition par un juge de la Cour suprême, la preuve est faite que les faits reprochés remontent à la période où ils occupaient les plus hautes fonctions au sein de l’Etat algérien. La plus haute institution du système juridique algérien est la seule habilitée à instruire des dossiers concernant les anciens hauts fonctionnaires ou ceux qui sont encore en service. Ce lundi 5 août, Abdelghani Zaalane et Mohamed El Ghazi ont été écroués en attente de leur procès où ils doivent répondre d’une longue liste d’accusations de mauvaise gestion présumée, notamment celle de «dilapidation de deniers publics».

Anciens ministres sous Bouteflika

Même si Abdelghani Zaalane a été ministre des Travaux publics et du transport d’Abdelaziz Bouteflika entre mai 2017 et mars 2019, la justice algérienne s’intéresse à sa mandature en tant que wali (représentant de l’autorité territoriale) de la ville d’Oran (octobre 2013 à mai 2017). En juin dernier, l’ancien ministre de 54 ans avait été entendu une première fois avant d’être ressorti libre de cette audition à la fin de laquelle il avait été placé sous contrôle judiciaire. Son rôle de directeur de campagne d‘Abdelaziz Bouteflika lorsque celui-ci s’obstinait à se présenter pour un cinquième mandat avait particulièrement intéressé les enquêteurs.

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Ancien ministre du Travail et de la sécurité sociale d’Abdelaziz Bouteflika entre mai 2014 et mai 2017, Mohamed El Ghazi doit son oral devant la Cour suprême à sa fonction de wali de Chlefpour les mêmes accusations, mais sans que son rôle soit cité lorsqu’il dirigeait les wilayas d‘Annaba, de Constantine et d’Ain TémouchentSon nom et celui de son co-accusé rallongent la liste des cinq anciens ministres en poste sous le régime d’Abdelaziz Bouteflika qui sont écroués sur des accusations de mauvaise gestion.

Détournement d’attention

Depuis la démission de Bouteflika sous la pression de la rue et de l’armée, cette traque des anciens dignitaires, préfets, anciens (Premiers) ministres du régime déchu s’est étendue au cercle familial et rapproché de l’ancien président algérien. Outre Said Bouteflika, frère de l’ancien président , Ahmed Ouyahia, l’ex-Premier ministre, Ali Haddad, l’ex-patron des patrons, mais aussi Issab Rebrab, PDG du groupe Cevital ou encore les richissimes frères Koukinef font partie des personnalités proches d’Abdelaziz Bouteflika sous les verrous.

Plus loin, à l’heure où la rue algérienne réclame la démission d’Abdelkader Bensalah, président par intérim dont le mandat est prolongé sans base légale, cette série de nouvelles arrestations sonne comme un moyen de détourner l’attention des manifestants. Un détournement qui profiterait au GénéralGaid Salah, l’homme fort du pouvoir, décisif dans la transition. Le vice-ministre de la Défense se donne les moyens de manœuvrer pour gagner le temps nécessaire pour trouver la parade pour se positionner lui et son institution d’origine dans l’architecture des institutions post-Bouteflika.

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Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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