Zimbabwe : le gouvernement accuse un évêque de pousser au « génocide »

Emmerson Mnangagwa

La Conférence des évêques catholiques du pays (ZCBC) critique la répression « sans précédent » menée récemment par le pouvoir contre les opposants.

Le gouvernement zimbabwéen a accusé un évêque catholique de pousser au « génocide » dans son pays, après ses virulentes critiques contre la répression menée par le pouvoir du président Emmerson Mnangawa contre ses opposants.

Dans une lettre au ton inhabituel, la Conférence des évêques catholiques du Zimbabwe (ZCBC) a critiqué vendredi 14 août la répression « sans précédent » menée récemment par le pouvoir contre les opposants, s’inquiétant aussi de la crise économique et sociale qui ébranle le pays depuis plus de vingt ans.

La ministre de l’information, Monica Mutsvangwa, a estimé que cette lettre avait été rédigée sous la direction de « l’esprit maléfique » de l’archevêque Robert Ndlovu, président de la ZCBC.

Elle l’a accusé de vouloir « attiser la psychose de la victimisation sociale » parmi les Ndebele, minorité ethnique du Zimbabwe à laquelle appartient l’archevêque Ndlovu, en cherchant à en rendre « coupables collectivement » les membres la majorité shona, à laquelle appartient notamment le président Mnangagwa.

« Ndlovu mène lentement la congrégation catholique du Zimbabwe » vers « un génocide du type de celui du Rwanda » au cours duquel quelque 800 000 personnes essentiellement membres de la minorité tutsi avaient été massacrées par des membres de la majorité hutu.

Ces remarques ont été vivement condamnées par la coalition formée autour du Mouvement pour le changement démocratique (MDC, principal parti d’opposition) qui a condamné ce « discours de haine incendiaire » et demandé au gouvernement de s’excuser pour « ces remarques inacceptables ».

Une inflation qui dépasse les 800 %

« Cibler un archevêque ndebele (…) est de la discrimination sur une base tribale » a tweeté Fadzayi Mahere, avocate et porte-parole de la coalition, mettant en garde contre une résurgence de « l’histoire du génocide » au Zimbabwe.

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Dans les années 1980, quelque 20 000 Ndebele considérés comme des opposants avaient été massacrés dans le sud du pays par l’armée de l’ancien président Robert Mugabe, lui-même membre de la majorité shona.

Par ailleurs, l’inflation annuelle au Zimbabwe a grimpé à 837,53 % en juillet, après avoir atteint 737,3 % en juin, a annoncé samedi l’Agence nationale des statistiques.

Le pays d’Afrique australe est plongé depuis plus d’une décennie dans une grave crise économique, marquée par une hyperinflation déclenchée par la piètre gestion économique de l’ancien président Robert Mugabe, évincé par un coup d’Etat militaire en 2017.

De nombreux Zimbabwéens ont vu leurs économies s’évaporer et ont du mal à se procurer des produits de base tels que le sucre ou la semoule de maïs. Sur un mois, les prix ont augmenté de 35,53 % en juillet, après 31,66 % en juin.

Le gouvernement avait assuré plus tôt samedi que le président Emmerson Mnangagwa avait mis en œuvre des politiques « qui se traduisent par une économie robuste » et la « stabilité » du pays.

Source : Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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