Violation du cessez-le-feu par le Maroc au Sahara occidental : L’échec des Nations unies

António_Guterres

Les troupes marocaines ont lancé vendredi une opération dans la zone tampon de Guerguerat, à l’extrême sud du Sahara occidental, pour rouvrir une route bloquée vers la Mauritanie.

De par cette opération, le Maroc a violé le cessez-le-feu de 1991 qu’il a signé avec le représentant le Front Polisario sous l’égide des Nations unies. Le cessez-le-feu devait mener à l’organisation d’un référendum d’autodétermination du Sahara occidental en 1992. Ce qui est loin d’être concrétisé.

L’agression marocaine marque ainsi l’échec de l’Organisation des Nations unies (ONU) quant à résoudre ce conflit. L’échec est avoué vendredi par son secrétaire général, Antonio Guterres. Selon son porte-parole, Stéphane Dujarric, ce dernier «regrette» que ses efforts ces derniers jours pour «éviter une escalade» à El Guerguerat aient échoué.

Depuis la décennie soixante, l’ONU s’est impliquée dans ce conflit sans pour autant réussir à le résoudre. En mars 1962, dans son discours du trône, le roi du Maroc Hassan II rappelle la «détermination du Maroc à récupérer ses territoires (…) aussi bien au sud qu’à l’est et au nord».

Le Sahara occidental est inscrit en 1963 dans la liste des territoires non autonomes établie par la IVe Commission générale des Nations unies. En 1965, la résolution 2072 de l’Assemblée générale des Nations unies le place sur la liste des régions à décoloniser et fait référence à la résolution 1514 sur le droit à l’autodétermination des peuples colonisés.

En décembre 1973, la résolution 3162 de l’Assemblée générale des Nations unies réaffirme son attachement au principe d’autodétermination et demande à la puissance coloniale, l’Espagne, de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum. En octobre 1974, un débat est lancé à l’ONU sur la question du Sahara occidental. De son côté, la Mauritanie s’associe à la proposition marocaine de recours devant la Cour internationale de justice (CIJ) de La Haye.

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En octobre 1975, celle-ci rend son arrêt consultatif : elle réaffirme les droits des Sahraouis à l’autodétermination. Mais cela n’a pas empêché Hassan II, en novembre de la même année, à appeler à une «marche verte» pour marquer l’appartenance de ce territoire au Maroc.

Cette marche a mobilisé 350 000 Marocains qui ont traversé la frontière du Sahara occidental. Le 14 du même mois, l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie signent à Madrid un accord tripartite sur l’avenir du Sahara occidental.

Cet accord prévoit le retrait de l’Espagne le 28 février 1976. Le mois suivant, l’Assemblée générale de l’ONU adopte la résolution 3162, réaffirmant son attachement au principe d’autodétermination. Aussi elle demande à l’Espagne de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum.

En août 1979, le Front Polisario et la Mauritanie signent un accord de paix : Nouakchott renonce au sud du Sahara, le Maroc annexe la totalité du Sahara occidental.

Le 11 novembre, la Commission de décolonisation de l’Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution présentée par une quarantaine de pays non-alignés «demandant instamment au Maroc de s’engager lui aussi dans une dynamique de paix et de mettre fin à l’occupation au Sahara occidental». Résolution entérinée le 21 novembre par l’Assemblée générale de l’ONU.Advertisements

De revers en revers

En novembre 1980, l’Assemblée générale de l’ONU adopte une résolution réclamant la fin de l’occupation marocaine et l’ouverture de négociations entre le Maroc et le Front Polisario.

Le représentant du Maroc à l’ONU la déclare «nulle et non avenue». En août 1988, le Maroc et le Front Polisario acceptent un plan de l’ONU prévoyant un cessez-le-feu et un référendum d’autodétermination. En avril 1991, l’Onu crée une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso). Le mois suivant, elle propose, le 6 septembre, l’instauration d’un cessez-le-feu entre les deux belligérants.

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En mars 1997, l’ex-secrétaire d’Etat américain, James Baker, est désigné envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental. En 2000, il a présenté un plan offrant une «large autonomie locale» dans le cadre d’un Etat marocain, dont les compétences seraient limitées à la défense et aux affaires étrangères. Ce plan est accepté par le Maroc et rejeté par le Polisario.

En 2003, il a proposé un nouveau plan qui prévoit un régime d’autonomie pour une durée de 5 ans, suivi d’un référendum comportant l’option de l’indépendance. Les électeurs seront les Sahraouis et toute autre personne de plus de 18 ans vivant au Sahara occidental depuis au moins 4 ans.

Accepté par le Polisario, il est rejeté par le Maroc. D’où la démission de Baker en 2004. Le Conseil de sécurité invite, dans sa résolution 1754 du 30 avril 2007, les parties au conflit à entamer des négociations directes sans condition préalable. Elles débutent en juin suivant, dans un cycle qui se déroule à Manhasset aux Etats-Unis, en présence du Maroc et du Polisario et aussi de l’Algérie et de la Mauritanie.

En mars 2012, lors des discussions aux Etats-Unis, Rabat a plaidé pour une large autonomie du territoire sous souveraineté marocaine, alors que le Front Polisario tient au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

Dans son rapport annuel rendu public en avril de la même année, le secrétaire général de l’ONU a observé que le Maroc «entrave le travail de la Minurso jusqu’à entamer sa crédibilité». Un mois après, Rabat retire un temps sa confiance à Christopher Ross, envoyé spécial de du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, l’accusant de «partialité».

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Ross finit par démissionner en mars 2017. L’émissaire onusien, l’ancien président allemand, Horst Köhler, a réussi à relancer des pourparlers au point mort depuis 2012, en convoquant les parties concernées à deux tables rondes à Genève en décembre 2018 puis en mars 2019. Néanmoins, il a démissionné en mai 2019 «pour raisons de santé». Le conflit date de près d’un demi-siècle.

L’ONU, notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, demeure inerte face à la politique belliqueuse de Rabat. En août 1979, la Mauritanie a signé un accord de paix avec le Polisario, renonçant au sud du Sahara occidental.

Les forces marocaines n’ont pas tardé pas à s’y déployer. Les Nations unies n’ont pas pu empêcher le Maroc de construire entre 1980 et 1987 un mur militarisé partageant le territoire sahraoui.

Source: El watan/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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