Soudan du Sud : les recrutements d’enfants soldats en hausse

Malgré l’accord de paix et la formation d’un gouvernement d’union nationale prévue pour le mois prochain, les milices rivales ont repris le recrutement de soldats, notamment d’enfants. Explications.

« Les milices grossissent à nouveau leurs rangs » titre la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui se base sur l’enquête de terrain menée par les Nations unies.

« Paradoxalement, le recrutement d’enfants soldats a augmenté depuis la signature de l’accord de paix », affirme la représentante de la Commission des droits de l’homme au Soudan du Sud.

Cet accord de paix prévoit la création d’une armée unique et comme « les soldats des différentes milices doivent intégrer cette armée commune, elles augmentent leurs effectifs. De cette manière, les différents groupes veulent s’assurer une plus grande influence ».

Profiter de la démobilisation future

La Tageszeitung réagit également à cette information. « La paix devait régner depuis longtemps au Soudan du Sud mais on continue à recruter des enfants soldats. » Car le temps pourrait être compté pour les différents groupes armés avant que ceux-ci se retrouvent dans une des 35 casernes qui ont jusqu’ici été désignées selon la Commission onusienne. « 23 casernes seront contrôlées par les rebelles, 10 par le pouvoir ».

Par ailleurs, « la démobilisation des combattants qui ne seront pas intégrés dans la nouvelle armée présente un attrait pour recruter de nouveaux combattants au plus vite ».

En effet, ceux qui ne seront pas retenus pour l’armée espèrent qu’on les aide à se réintégrer dans la société civile. « Certains enfants, qui se présentent volontairement aux forces gouvernementales ou chez les rebelles, espèrent pouvoir profiter de la démobilisation »

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1,6 millions d’enfants souffrent de sous-nutrition au Soudan du Sud.

« Les démons de la guerre »

Du Soudan du Sud, à la Sierra Leone, avec le Tagesspiegel. Le reportage du journal est intitulé « les démons de la guerre ».

Les démons, ce sont les dépressions, les psychoses et le stress post-traumatique dont souffrent des centaines de milliers de personnes dans ce petit pays ravagé par la guerre civile, puis plus récemment par le virus Ebola.

« Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur dix est touchée, mais le chiffre réel est certainement encore plus élevé. Pendant des décennies il n’y avait qu’un psychiatre dans le pays, aujourd’hui, il n’y en a deux… »

Le ministère a depuis créé un service pour les maladies mentales, mais la prise en charge reste largement insuffisante.

« Stress toxique »

Pendant ce temps les médecins traditionnels, 45.000 en Sierra Leone, sont sollicités par les malades. « Beaucoup abusent du portefeuille des familles », explique une psychologue revenue au pays. 

« Les conditions de vie aussi déclenchent ou renforcent les souffrances mentales.

« Les experts parlent de « daily stressors », qui sont des menaces existentielles comme la pauvreté, la faim, la violence, ou chez les enfants la perte d’un proche.

Et lorsqu’on ne vit pas des expériences positives en contrepoids, le stress devient toxique ». Les experts, selon le quotidien de Berlin, avaient alerté sur le fait que ces traumatismes menacent la paix fragile. Ils avaient dit la même chose après le passage d’Ebola.

Pour l’Instant, ce n’est pas arrivé. Une spécialiste du pays assure que l’explication tient en un mot : la résilience.

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Source: Deutsche Welle/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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