Sénégal : gracié par Macky Sall, Khalifa Sall libéré de la prison de Rebeuss

Deux ans et six mois derrière les grilles de la prison la plus surpeuplée du Sénégal avant de respirer à nouveau l’air de la liberté. Ce dimanche 29 septembre, le président sénégalais a finalement signé le décret de grâce de Khalifa Sall. Incarcéré depuis mars 2017 dans une chambre VIP de la prison de Reubess, l’ancien maire de Dakar avait effectué la moitié de sa peine de 5 ans de prison pour escroquerie sur les fonds de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Plus que la célérité dans la signature du document de libération, c’est cette mansuétude soudaine qui interpelle.

L’heure des réconciliations a-t-elle sonné dans le monde politique sénégalais ? En tout cas, beaucoup d’indices le laissent penser. Prenant  de court tout le microcosme politique – et même médiatique -, Macky Sall a signé un décret de grâce en faveur de Khalifa Sall et de ses co-accusés.

Vendredi 27 septembre, en marge de l’inauguration à Dakar de la Grande mosquée Massalikoul Jinane, le calife général des mourides, la puissante confrérie musulmane qui l’a construite, a scellé la réconciliation entre Macky Sall et Abdoulaye Wade, son prédécesseur, après une longue brouille qui avait ajouté de la tension à la présidentielle passée.

Khalifa Sall, enfin libre !

Toujours à Dakar ce dimanche 29 septembre, c’est un autre épisode de la concorde nationale qui s’est joué. Au moment où le soleil plongeait dans l’Océan, Khalifa Sall, dans son boubou blanc immaculé assorti à sa chéchia, s’est engouffré dans un 4X4 noir pour quitter le confort, certes VIP mais rudimentaire, de sa cellule du pénitencier de Rebeuss, la prison urbaine la plus peuplée des 39 établissements carcéraux que compte le Sénégal. Enfin libre !

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Accueilli par une immense foule, son cortège escorté par la police a pris la direction du domicile de sa mère, situé aux Parcelles assainies, en banlieue dakaroise. Comme pour sa destitution de son poste de maire de Dakar, c’est un décret surprise signé de la main de Macky Sall qui a officialisé la grâce de celui que ses partisans surnomment «Khaff». Enfin libre de la prison dans laquelle il est incarcéré bien avant sa condamnation à toutes les instances pour «escroquerie» et «faux et usage de faux en écritures publiques» dans la ténébreuse affaire de la caisse d’avance municipale.

Deux ans et six mois plus tôt, l’ancien maire faisait le chemin inverse lorsqu’il est incarcéré le 7 mars 2017. La justice sénégalaise lui reproche une escroquerie et des faux et usage de faux en écritures pour avoir justifié un décaissement de 1,8 milliard de Fcfa, tirés de la caisse d’avance municipale via un système de fausses factures. Son procès qui s’ouvre en amont de la présidentielle 2019,donnera lieu à une passe d’armes épique autant politique, juridique que médiatique. Les partisans de l’édile de la capitale voyaient en l’affaire de la ténébreuse caisse d’avance un moyen de barrer la route du Palais à l’ancien édile de la capitale. Il n’y participera pas, même s’il n’avait pas été définitivement condamné.

La médiation décisive de Serigne Mountakha Mbacké

Aujourd’hui, les ressorts et le timing de la sortie de prison de Khalifa Sall interrogent. Impavide aux demandes de mansuétude des prescripteurs sociaux, imperméable aux pressions des partisans de Khaff, le président sénégalais avait un temps pensé à cette optionmais semblait être pris d’hésitation. L’exercice était risqué. Une libération de Khalifa Sall avant le terme de son procès donnerait raison aux adhérents à la thèse d’une élimination d’un adversaire politique de poids. De plus, sauf motifs exceptionnels, une des règles de la grâce présidentielle veut que le prévenu soit définitivement condamné et qu’il purge au moins la moitié de sa peine.

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Qu’est-ce qui explique donc la célérité de la libération surprise de Khalifa Sall ? L’explication se trouve peut-être dans ce vent de cohésion qui souffle sur l’échiquier politique sénégalais. Selon certaines indiscrétions, après avoir œuvré à la réconciliation entre Wade et son successeur, Serigne Mountakha Mbacké, le calife général des mourides, aurait pesé de toute son influence pour arracher un engagement de Macky Sall en faveur de la libération du maire de Dakar. Un effort de médiation décisif pour concrétiser la libération de Khaff. Depuis ce dimanche 29 septembre, c’est chose faite.

Source: La Tribune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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