RDC : Félix Tshisekedi annonce la fin de la coalition avec Joseph Kabila et se cherche une nouvelle majorité

Le président Félix Tshisekedi

Le chef de l’Etat congolais a annoncé dimanche la nomination d’un « informateur », chargé de dégager une nouvelle majorité à l’Assemblée dominée par le camp Kabila.

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a constaté dimanche 6 décembre le « rejet » de sa coalition au pouvoir avec son prédécesseur Joseph Kabila, et annoncé la recherche d’une « nouvelle majorité » au sein de l’Assemblée aujourd’hui dominée par les fidèles de M. Kabila. C’est cette alliance qui avait permis en janvier 2019 la première transition pacifique du pouvoir dans l’histoire agitée de la RDC, au grand soulagement de la communauté internationale.

Proclamé vainqueur de l’élection présidentielle, M. Tshisekedi avait signé un accord secret avec son prédécesseur, qui gardait le contrôle du Parlement. « La majorité actuelle s’étant effritée, une nouvelle majorité est nécessaire », a déclaré le chef de l’Etat dans un discours retransmis par la chaîne publique RTNC. « J’ai décidé de nommer un informateur (…). Il sera chargé d’identifier une nouvelle coalition réunissant la majorité absolue des membres au sein de l’Assemblée nationale », a-t-il ajouté.

Au nom de « l’union sacrée »

Le chef de l’Etat a agité la menace d’une dissolution de l’Assemblée en cas d’échec de cette recherche de nouvelle majorité au nom de « l’union sacrée » qu’il souhaite : « J’userai des prérogatives constitutionnelles qui me sont reconnues, pour revenir vers vous, peuple souverain, et vous demander une majorité. »

Le président rendait compte des « consultations politiques » qu’il a menées tout le mois de novembre avec les forces politiques et des représentants de la société. Le Front commun pour le Congo (FCC) a largement boycotté ces consultations. Ces dernières ont « mis en évidence, à une écrasante majorité, le rejet de la coalition entre le FCC et Cap pour le changement (Cach, pro-Tshisekedi) », a-t-il déclaré.

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Des partisans de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du président congolais Félix Tshisekedi, manifestent leur joie dans les rues de Kinshasa, le 6 décembre 2020.
Des partisans de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du président congolais Félix Tshisekedi, manifestent leur joie dans les rues de Kinshasa, le 6 décembre 2020. ARSENE MPIANA / AFP

Son discours a provoqué des scènes de joie parmi ses centaines de partisans réunis à Kinshasa devant le parti présidentiel UDPS pour suivre la retransmission du discours. « Nous attendons la réaction du FCC. S’ils réagissent négativement, c’est tout le peuple qui va se fâcher », a prévenu un militant UDPS, José Kasongo, ingénieur civil.

Le FCC, rassemblement des partis pro-Kabila, revendique une majorité de plus de trois cents députés sur cinq cents. Il accuse le camp du président Tshisekedi d’avoir tenté de débaucher des députés FCC par la corruption.

Une mission d’information

L’ancien porte-parole du président Kabila, Lambert Mende, a redouté « des remèdes pires que le mal »« Pour mettre fin à un mariage, il y a un débat au sein de la famille. Il n’y a pas eu ce débat », a-t-il regretté sur la radio Top Congo.

D’après la Constitution, en cas d’absence de majorité, le président « confie une mission d’information à une personnalité en vue d’identifier la coalition »« La mission d’information est de trente jours renouvelable une fois », ajoute la Constitution. L’informateur devrait être connu dans les prochains jours.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  RDC : défiance et tiraillements au sommet de l’Etat

Dans son discours, Félix Tshisekedi a abordé de très nombreux sujets et propositions évoqués, selon lui, par ses interlocuteurs : l’insécurité dans l’est du pays (« Proscrire strictement l’incorporation des rebelles au sein de l’armée régulière »), lutte contre la corruption… Il a évoqué « l’établissement d’un tribunal pénal international » pour la RDC. Il s’agit d’une demande du Prix Nobel de la paix 2018 Denis Mukwege, reçu par le chef de l’Etat pendant les consultations. Sans préciser quelles suites il entendait donner à ces propositions, ce dernier a aussi évoqué « la demande de levée de l’embargo contre la RDC en matière d’achat d’armes et d’équipements militaires ».

Source : Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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Tribune d'Afrique

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