L’influence de l’Église catholique en Afrique

Au Burundi, des évêques catholiques dénoncent les violences politiques, rappelant le rôle que joue l’Eglise en Afrique.

L’Église catholique joue un rôle important dans le développement de plusieurs pays africains, notamment ceux  situés au sud du Sahara. En RDC par exemple, qui compte près de 40% de fidèles catholiques sur une population totale estimée à 80 millions d’habitants, l’Église a  toujours dénoncé les atteintes aux droits de l’homme et à la démocratie. Elle a surtout contribué à faire respecter la Constitution qui a abouti à la première alternance pacifique au sommet de l’État.

« Quand les pouvoirs en Afrique se montrent plus ou moins oppresseurs, l’Église élève la voix, non pas pour s’engager dans une sorte de politique politicienne, mais pour défendre la dignité de la personne humaine. A ce titre ce combat est légitime, pertinent et il est étroitement lié à la mission de l’Église » estime Alain-Joseph Lomandja, expert électoral congolais et ancien chargé des programmes de la Commission épiscopale justice et paix.

Perte d’influence

Au Bénin, on se rappelle de l’implication déterminante au début des années 90 de l’Église catholique dans la réussite de la première conférence nationale sur le continent. Ces assisses avaient posé les jalons de l’organisation de la toute première élection présidentielle libre et démocratique de l’histoire de ce pays en mars 1991.

Mais aujourd’hui, l’influence de l’Église est en passe de s’amenuiser, selon le politologue Expédit Ologou, président du think tank Civic Academy for Africa’s Future (CIAAF) :

« Certains  observateurs voient de plus en plus l’absence de figures charismatiques. On peut évoquer le Cardinal  Bernardin Ganti (décédé le 13 mai, 2008), on peut évoquer Monseigneur Isidore de Souza (mort le 13 mars 1999) le père Alphonse Quenum (décédé le 15 juin 2014) et autres. Ces figures-là semblent en train de disparaitre. La nouvelle génération semble ne pas encore avoir pris la mesure du rôle que les prédécesseurs ont joué. »

Jeux troubles

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Au Rwanda, l’Église catholique a été accusée d’avoir joué un rôle trouble lors du génocide de 1994. Plusieurs prêtres et religieux catholiques ont même été jugés pour leur participation à ce génocide par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou même par la justice belge.

Certains de ces prêtres poursuivis ont été condamnés, tandis que d’autres ont purement et simplement été acquittés.

Le pouvoir burundais a accusé les évêques catholiques du Burundi de « cracher leur venin de haine », suite à leur message pastoral qui dénonçait l’intolérance et les violences politiques à huit mois de l’élection présidentielle de mai 2020.

Selon Willy Nyamitwe, le conseiller principal du président burundais en matière de communication, « certains évêques devraient être défroqués car c’est devenu une habitude. A la veille des élections, ils doivent cracher leur venin de haine à travers des messages incendiaires ».

 « Ils sont en train d’enseigner la division, ils accusent les Imbonerakure (jeunes du parti au pouvoir) d’être des tueurs. C’est une honte d’enseigner la haine aux fidèles », a pour sa part indiqué le secrétaire général du CNDD-FDD au pouvoir.

Inquiétudes

Dans le message lu dimanche, les évêques catholiques ont exprimé leur « inquiétude et préoccupation » face aux violences et aux efforts consentis pour étouffer « certains partis politiques et persécuter leurs membres, des actes de criminalité qui vont même jusqu’aux meurtres fondés sur des mobiles politiques ».

L’Église accuse clairement les Imbonerakure, « les jeunes affiliés au parti (CNDD-FDD) qui se substituent aux services de sécurité ».

L’ONU qualifie les Imbonerakure de milice. Ils sont accusés d’être au cœur du système répressif burundais aux côtés de l’armée, de la police et du Service national de renseignement (SNR).

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Il est à rappeler que les relations entre le régime de Pierre Nkurunziza (un évangélique) et l’Eglise catholique ne sont pas bonnes depuis plusieurs années. En 2015, elle s’était publiquement opposé à un troisième mandat du président burundais comme l’opposition et la société civile.

Source: Deutsche Welle/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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