L’appel de Tedros Ghebreyesus, le patron de l’OMS : « Nous devons devancer la pandémie »

Opération de désinfection contre le coronavirus au marché Tilène, à Dakar, le 22 mars 2020. © Sylvain Cherkaoui/AP/SIPA

Alors que la pandémie se répand en Europe et fait ses premières victimes en Afrique et en Amérique latine, l’ONU et l’OMS appellent toutes les nations, surtout les plus riches, à prendre conscience que le problème ne s’arrête pas à leurs frontières.

Pour mettre fin à la pandémie de Covid-19, les pays doivent agir au-delà de leurs propres frontières. Le virus atteint maintenant des zones de guerre, des territoires où la population n’a que très peu d’accès à l’eau propre et au savon et où il n’existe aucun espoir d’hospitalisation pour les cas sévères ou critiques.

Si les systèmes de santé des pays riches sont mis à mal par la pandémie du Covid-19, imaginons ce qu’il adviendra dans des régions déjà en situation de crise humanitaire, frappées par la guerre, les désastres naturels ou le changement climatique. Si nous laissons le coronavirus se propager librement dans ces pays, nous mettrons en danger des millions de vies. Des régions entières seront plongées dans le chaos et le virus pourra faire à nouveau le tour du monde.

Les autorités des pays affectés par la pandémie se concentrent, à juste titre, sur leurs populations. Mais la dure réalité c’est qu’elles ne pourront entièrement protéger leurs citoyens si, dans le même temps, elles n’aident pas aussi les pays les plus pauvres à faire face au Covid-19. Le virus ne connait pas de frontières. Notre force est celle du plus faible de nos systèmes de santé.

Les gouvernements doivent agir

Partout dans le monde, les gens sont encouragés à rester chez eux, les entreprises contraintes de fermer leurs portes et les déplacements internationaux sont fortement limités pour tenter d’enrayer la propagation du Covid-19. Plus de 17 000 ont malheureusement perdu la vie à cause du virus.

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Nous vivons des temps extrêmement inquiétants. Nous craignons, et cela est légitime, de perdre ceux et celles que nous aimons, nos moyens de subsistance, nos modes de vie. Alors qu’en Europe, aux États-Unis et dans d’autres nations riches, chacun se claquemure en espérant protéger les plus vulnérables, les gouvernements doivent agir, et agir au-delà de leurs frontières, s’ils veulent stopper la pandémie.

Malgré les efforts que font leurs dirigeants et leurs populations pour le contenir, le virus se propage dans des pays dont les systèmes de santé sont fragiles. Les personnes les plus âgées sont plus touchées que les autres, mais les jeunes ne sont pas épargnés.

NE PAS SOUTENIR LES PAYS LES PLUS PAUVRES DANS LA LUTTE CONTRE LE COVID-19 SERAIT À LA FOIS CRUEL ET DÉRAISONNABLE

L’analyse des données récoltées dans de nombreux pays montre clairement que les moins de 50 ans constituent une partie importante des patients requérant une hospitalisation, et la proportion sera plus importante encore dans les régions où les enfants souffrent de malnutrition et de maladies transmissibles.

Ne pas soutenir les pays les plus pauvres dans la lutte contre le Covid-19 serait à la fois cruel et déraisonnable.

Devancer la pandémie

Nos équipes travaillent 24 heures sur 24 à lutter contre cette pandémie. L’OMS travaille avec les gouvernements et les entreprises privées pour augmenter la production de matériel de protection individuel. Ces équipements indispensables ont déjà été envoyés vers 68 pays, 1,5 million de tests ont été fournis à 120 pays.

En quelques semaines, le virus a tué des milliers de personnes, gravement déstabilisé l’économie et bouleversé d’innombrables vies. Nous devons faire tout notre possible pour continuer à devancer la pandémie. Les Nations unies joignent donc leurs forces à cet effort afin de lancer un plan de réponse humanitaire qui permettra de financer la lutte contre le virus dans les pays les plus vulnérables.

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Ce plan permettra de fournir le matériel essentiel, comme l’équipement de laboratoire nécessaire pour tester le virus et le matériel indispensable pour traiter les malades. D’installer des stations de lavage de main dans les camps ou les campements, d’établir des liaisons aériennes et des hubs à travers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine pour permettre la circulation des travailleurs humanitaires et des matériels là où les besoins sont les plus urgents. De lancer, enfin, une campagne d’information expliquant aux populations comment se protéger soi-même et protéger les autres.

Financer l’urgence, mais aussi l’assistance

Il est dans l’intérêt de tous de soutenir ce plan.

Nous demandons aux gouvernements de faire deux choses.

Tout d’abord, apporter le plus grand soutien à ce plan qui constitue une réponse humanitaire à l’échelle mondiale. Il ne fonctionnera que s’il est correctement financé.

Deuxièmement, maintenir le financement des plans qui organisent actuellement l’aide humanitaire et l’assistance aux réfugiés.

Détourner l’argent qui va à ces opérations reviendrait à créer un environnement dans lequel le choléra, la rougeole et la méningite pourraient prospérer, dans lequel plus d’enfants encore souffriraient de malnutrition, dans lequel enfin des extrémistes pourraient prendre le contrôle de la situation. Cela élargirait le terrain sur lequel le coronavirus peut se propager.

La question que se posent aujourd’hui de nombreuses personnes à travers le monde est la suivante : combien de temps cette pandémie durera-t-elle ? La vérité est qu’à ce stade, nous ne le savons pas. Nous n’en sommes qu’aux premières étapes.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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Tribune d'Afrique

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