Intempéries en Afrique du Sud : des célébrités se mobilisent pour aider les sinistrés

C’est une catastrophe naturelle sans précédent. Le KwaZulu-Natal (KZN) province d’Afrique du Sud, dont Durban est la plus grande ville, émerge après avoir été durement frappée par des intempéries qui ont commencé le 8 avril.

Généralement épargné par les pluies diluviennes qui s’abattent régulièrement sur ses voisins comme le Mozambique ou Madagascar, le KZN a essuyé des précipitations telles que le pays n’en avait pas connu depuis au moins soixante ans, qui ont entraîné des inondations meurtrières.

Au moins 448 personnes ont trouvé la mort, selon un nouveau bilan communiqué dans la soirée du mardi 19 avril. Les premières estimations concernant les dégâts se chiffrent à plusieurs centaines de millions d’euros.

« Aidons le gouvernement à aider les habitants »

Face à une telle situation, les artistes se mobilisent. Dans un message posté sur le réseau social Instagram le 13 avril, l’acteur et chorégraphe Somizi Mhlongo (4,6 millions d’abonnés) a lancé un premier appel à l’aide.

« Je me suis réveillé le cœur lourd parce que je sais que quelqu’un, dehors, ne passe pas une bonne matinée. Je n’arrête pas de penser à ce qui se passe au KZN, les inondations… je le vois sur Twitter, TikTok, tout le monde en parle. Ma question est la suivante : comment faire pour aider ? », dit Somizi Mhlongo.

Il a mis au défi des célébrités sud-africaines comme le rappeur Cassper Nyovest (5,5 millions d’abonnés), la femme d’affaires Shauwn Mkhize (2, 2 millions d’abonnés) ou DJ Tira (2,8 millions d’abonnés sur Instagram), de faire des dons à Gift of the Givers, la plus importante ONG d’aide aux sinistrés, basée en Afrique du Sud.

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Dans une vidéo, il poursuit : « Je sais que le gouvernement fait quelque chose, aidons le gouvernement à aider les habitants du KZN. » Il propose ni plus ni moins que l’organisation d’un concert de bienfaisance au Moses Mabhida Stadium de Durban (stade de 85 000 places). « Tous les bénéfices seront versés aux fonds de secours pour répondre aux inondations du KZN » , a-t-il précisé.

Le silence d’Elon Musk

Mardi, l’actrice d’origine sud-africaine Charlize Theron (6,8 millions d’abonnés sur Instagram) a fait part de son désarroi face à la catastrophe qui touche son pays d’origine. Elle a lancé un appel aux dons pour venir en aide aux victimes par le biais de sa fondation, la Charlize Theron Africa Outreach Project (CTAOP), fondée en 2007.

D’autres stars sud-africaines restent, au contraire, aux abonnés absents. Trevor Noah, « comédien d’Afrique du Sud », selon la biographie de ses comptes Twitter (11,7 millions d’abonnés) et Instagram (7, 4 millions d’abonnés) et star du « Daily Show » aux Etats-Unis ne s’est pas exprimé. Pas plus qu’Elon Musk, né à Pretoria. L’homme dont la richesse personnelle approchait (275 milliards de dollars, selon Forbes) – soit presque autant que le produit intérieur brut de l’Afrique du Sud (301 milliards de dollars) comme le rappelait Jeune Afrique il y a quelques mois – est étonnamment silencieux.

Pourtant, ce n’est pas faute d’être sollicité par des utilisateurs d’Afrique du Sud. L’un des influenceurs les plus célèbres du pays, un certain Mr Smeg, l’interpelle : « Salut @elonmusk, s’il vous plaît, aidez à lever des fonds pour le KZN, en Afrique du Sud ». Un autre, Luvuyo, écrit :

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« Mfowethu [« mon frère », en bantu] @elonmusk, je suis sud-africain. J’ai entendu dire que vous étiez né ici. Nous avons été frappés par une grave tempête la semaine dernière dans le KZN et près de 500 personnes sont mortes, les gens ont perdu leurs maisons et tout ce qu’ils possédaient. Pouvez-vous, s’il vous plaît, acheter l’Afrique du Sud ou faire un don. »

Mais Elon Musk a visiblement la tête ailleurs, tout à son OPA sur Twitter.

Demande de transparence pour l’utilisation des fonds

Face à l’ampleur de la catastrophe, le président Cyril Ramaphosa a déclaré, lundi, l’état de catastrophe nationale, qui doit permettre le déblocage de ressources exceptionnelles.

M. Ramaphosa, qui a fait de la lutte contre la corruption l’un de ses chevaux de bataille, a promis que les fonds publics destinés aux victimes des inondations ne seraient pas perdus. « Tirant les leçons de l’expérience de la pandémie de Covid-19, nous rassemblons diverses parties prenantes pour qu’elles intègrent une structure de surveillance, afin de garantir que tous les fonds déboursés (…) soient correctement comptabilisés et que l’Etat en ait pour son argent », a-t-il déclaré.

Cette promesse de transparence intervient après la publication en janvier des résultats du rapport de l’Unité des enquêtes spéciales qui a examiné les contrats publics pour la lutte contre le Covid. Son enquête a montré que plus de la moitié des 5 467 contrats conclus pour l’achat de matériel ou des services dans le cadre de la lutte contre la pandémie ont donné lieu à des détournements, dont le montant est évalué à quelque 830 millions d’euros.

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Malgré l’engagement de M. Ramaphosa, de nombreux Sud-Africains doutent que les fonds publics destinés à l’aide aux victimes des inondations ne soient pas détournés par la corruption. Une pétition a été lancée sur Change.org pour réclamer la transparence dans l’utilisation des sommes récoltées. Mercredi, à 17 heures (heure de Paris), elle avait rassemblé 8 000 signatures.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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