Guinée-Bissau – Umaro Sissoco Embalo : à peine président, déjà contesté

Faut-il recompter les voix de la présidentielle du 29 décembre ? Les résultats contestés opposent la commission électorale et la Cour suprême.

La Cour suprême de Guinée-Bissau a beau avoir annoncé mardi attendre une vérification des procès-verbaux, la situation n’est pas pour autant réglée dans cet État. Puisque l’institution n’a pas demandé un nouveau comptage des voix du second tour de la présidentielle du 29 décembre dernier. Et c’est justement sur ce point que les deux candidats finalistes, l’opposant Umaro Sissoco Embalo, déclaré vainqueur par la commission électorale avec 53,55 % des voix, et Domingos Simões Pereira, du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), la formation historique d’Amilcar Cabral, le héros de la guerre contre le Portugal, s’opposent. Ce dernier conteste toujours les résultats et la Cour suprême, qu’il a saisie, a rendu ces derniers jours deux arrêts maintenant le statu quo. La commission électorale estime « définitifs » les résultats qu’elle a annoncés. Un arrêt rendu vendredi par la Cour suprême signifie toutefois qu’elle ne l’entend pas ainsi, mais les exigences exactes de la cour donnent lieu à des interprétations contradictoires. Les avocats de Domingos Simões Pereira disent que la cour ordonne de recompter.

Rien n’est tranché

Le porte-parole de la cour s’est présenté mardi devant la presse pour clarifier les choses. « Certains disent que l’arrêt exige de recompter les bulletins de vote », a dit Salimo Vieira aux journalistes. Mais, a-t-il ajouté, « à aucun moment il n’a été question dans ce document d’un nouveau décompte des voix ». « L’arrêt parle de la vérification des procès-verbaux au niveau national. Il s’agit tout simplement de procéder à la vérification ininterrompue (d’une traite) de tous les procès-verbaux, du début à la fin, même si cela doit prendre plusieurs heures ou plusieurs jours, conformément aux dispositions du Code électoral », a-t-il dit. Les modalités pratiques de ces vérifications et leurs conséquences finales sur l’issue de l’élection n’apparaissaient pas clairement mardi.

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« Depuis 1998, chaque fois que le président, le Premier ministre et le président de l’Assemblée nationale ont été issus du PAIGC [parti dominant, NDLR], il y a eu un blocage institutionnel », a déclaré Umaro Sissoco Embalo, mardi 21 janvier, à France 24. « Mais aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Ce désordre s’est terminé en Guinée-Bissau aujourd’hui parce que j’incarne une nouvelle génération, un nouvel espoir », a-t-il ajouté. « Tout le monde sait aujourd’hui qui doit décider en Guinée-Bissau et c’est le président de la République », a-t-il dit, ajoutant qu’il « n’exclura personne en Guinée-Bissau ». « Je suis là pour faire respecter la Constitution de la Guinée-Bissau », a insisté le nouveau chef d’État, qui tente par cette campagne de communication de s’imposer dans les esprits tant à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur. Mais, pour l’instant, son pari électoral n’est pas encore gagné.

Le défi de la stabilité toujours posé

L’un des enjeux majeurs de cette présidentielle est la stabilité de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest de 1,8 million d’habitants en état de crise politique permanente. Une stabilité indispensable aux réformes nécessaires pour combattre les maux de cette ancienne colonie portugaise coincée entre Sénégal, Guinée et océan Atlantique : pauvreté, corruption, trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud et à destination de l’Europe. Depuis son indépendance en 1974, la Guinée-Bissau a connu quatre coups d’État, seize tentatives et une valse continue de Premiers ministres. La présidentielle de 2014 a marqué le retour à un ordre constitutionnel jugé fragile. L’armée s’est tenue à l’écart. Le général Biaguê Na Ntam, chef d’état-major, a mis en garde mardi contre toute tentative d’agitation. « L’armée ne permettra plus de perturbations dans ce pays », a-t-il dit lors d’une cérémonie de remise de diplômes militaires. « Si quelqu’un se lance dans une telle aventure, nous l’enverrons directement au cimetière », a-t-il lancé. S’adressant aux troupes, il leur a demandé : « Si quelqu’un sort dans la rue pour menacer la paix sociale, où l’enverrez-vous ? » « Au cimetière », ont répondu les soldats.

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Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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