Covid-19 : le Portugal va envoyer un million de doses à ses anciennes colonies en Afrique

Vaccin

Le Portugal va distribuer 5 % de ses doses de vaccins contre le Covid-19 à certaines de ses anciennes colonies en Afrique et au Timor oriental, a annoncé mercredi le gouvernement. La livraison est censée soulager les pays du continent alors que le système Covax peine à porter ses fruits : ses premières doses n’ont été distribuées que mercredi, au Ghana.

Le Portugal, qui a été durement frappé par le Covid-19, part au secours de ses anciennes colonies. Le pays va envoyer au moins un million de doses de vaccins contre le Covid-19 aux pays de langue portugaise d’Afrique et au Timor oriental à partir du second semestre de 2021, prévoit le gouvernement. Cela devrait soulager le continent, dans l’attente du système Covax, l’initiative de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui veut rendre l’accès aux vaccins plus équitable entre pays développés et sous-développés.

Le Portugal vise, avant tout, le groupe de pays africains de langue officielle portugaise (Palop) : l’Angola, le Mozambique, le Cap-Vert, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale et São Tomé-et-Principe, ainsi que le Timor oriental, ex-colonie portugaise en Asie du Sud-Est.

« Dans des chiffres ronds, cela signifie sécuriser un million de doses, étant donné que nous avons acheté autour de 20 millions de doses », a affirmé mercredi 24 février le ministre des Affaires portugais, Augusto Santos Silva, lors d’une conférence de presse. Il confirmait ainsi les annonces de la veille du Premier ministre, António Costa.

Le Portugal peut, toutefois, prétendre jusqu’à 35 millions de doses en 2021 dans le système de l’Union européenne, selon l’agence Reuters. La part qu’il promet de distribuer pourrait alors monter jusqu’à 1,75 millions de doses.

« Nous espérons que cette distribution de vaccins débute pendant le second semestre », a affirmé le chef de la diplomatie portugaise, mais cela dépendrait de la « cadence de livraisons des laboratoires pharmaceutiques », par rapport aux doses achetées par le Portugal, a rapporté le quotidien Público.

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Le Portugal enregistre la plus forte décrue pandémique

Pendant plusieurs semaines, le Portugal a enregistré le plus grand nombre de contaminations au monde, rapporté à sa population de 10 millions d’habitants. Arrivant à la saturation de son système de santé vétuste, le pays est confiné depuis la mi-janvier.

Mais, à l’inverse, le pays a connu la semaine dernière la plus forte décrue dans le monde : -51 % de nouveaux cas par jour, soit 2 100 cas quotidiens en moins. Selon le bulletin de la Direction générale de la santé publié lundi 22 février, 61 décès et 549 nouveaux cas ont été enregistrés, soit le bilan le plus faible de nouvelles contaminations depuis début octobre.

Pour l’instant, 294 000 personnes ont reçu la première dose de vaccin et 106 000 personnes ont reçu les deux doses, soit 6,81 doses administrées pour chaque 100 habitants – la France, elle, a un taux de 5,66 pour chaque 100 habitants –, selon les chiffres publiés mardi 23 février par Público.

Le pays prévoit désormais de vacciner 70 % de sa population d’ici l’été.

Le Ghana reçoit les toutes premières livraisons de Covax

Au moins 217 millions de doses ont été administrées dans le monde, selon un comptage réalisé par l’AFP. Mais plus de neuf doses sur dix ont été injectées dans des pays à revenu « élevé » ou « intermédiaire de la tranche supérieure », au sens de la Banque mondiale.

Les pays du continent africain – 1,3 milliard d’habitants – peinent à avoir accès aux vaccins anti-Covid-19. Seulement quelques pays ont pu débuter leur campagne de vaccination.

Ce n’est d’ailleurs que mercredi 24 février que la première livraison mondiale de vaccins via le mécanisme Covax a eu lieu, au Ghana. Le dispositif de l’OMS vise à démocratiser les vaccins et à fournir à 92 pays à revenus moyens ou faibles assez de doses pour vacciner 20 % de leur population contre le Covid-19.

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Les premières 600 000 doses arrivées à l’aéroport d’Accra, expédiées par l’Unicef depuis Mumbai, « font partie de la première vague de vaccins Covid à destination de plusieurs pays à revenu faible et intermédiaire », selon un communiqué commun de l’OMS et de l’Unicef.

Cela n’a pas empêché le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, d’accuser lundi 22 février certains pays riches de « saper » le dispositif Covax et d' »approcher les fabricants pour s’assurer l’accès à des doses de vaccins supplémentaires, ce qui a un effet sur les contrats avec Covax ». « Le nombre de doses allouées à Covax a été réduit à cause de cela », a-t-il ajouté.

Des doses portugaises en plus de Covax

Face à ces difficultés, le ministre portugais des Affaires étrangères a détaillé que le million de doses aux pays du Palop et au Timor oriental sera distribué dans le cadre d’une « coopération bilatérale« . Soit en surplus du système Covax, a expliqué Augusto Santos Silva.

Le pays a déjà contribué avec plus d’un million d’euros pour le système de l’OMS, rapporte le quotidien Correio da Manhã.

Après un appel du président français Emmanuel Macron, le Portugal et d’autres pays semblent se mobiliser : l’Union européenne a annoncé la semaine dernière allouer 500 millions d’euros supplémentaires au programme, doublant ainsi la contribution initiale du bloc à Covax.

Dans un entretien au quotidien britannique Financial Times jeudi 18 février, Emmanuel Macron avait d’ailleurs plaidé pour que les pays riches envoient 3 à 5 % de leurs doses disponibles à l’Afrique « très vite ».

Mais même les pays riches, UE incluse, éprouvent des difficultés à se procurer et à distribuer les doses tant voulues.

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En ce qui concerne le continent africain, le principal défi est financier. Sur les 47 pays de la région Afrique de l’OMS, « seulement près du quart disposent de plans adéquats pour les ressources et le financement », regrette l’agence onusienne.

Car au-delà du financier, beaucoup de pays manquent également de l’infrastructure nécessaire à une campagne équitable de vaccination, entre routes adéquates et une chaîne du froid efficace. Cela devient un parcours du combattant dans des pays essentiellement ruraux et où les températures dépassent souvent les 40°C, comme en Afrique de l’Ouest et au Mali.

Selon la cheffe du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) Henrietta Fore, « la livraison des vaccins est également entravée par un déficit de financement pour l’assistance humanitaire en général et par un manque de transport, de chaînes du froid et d’infrastructures logistiques pour soutenir le déploiement », a-t-elle expliqué dans un communiqué publié le 17 février.

L’effort mondial de vaccination devait inclure « les millions de personnes qui vivent ou fuient les conflits et l’instabilité », poursuit-elle, « non seulement pour des raisons de justice. Mais (aussi) comme seul moyen de mettre fin à cette pandémie pour tous ».

Autant de défis qui font de l’équité en matière de vaccins « le plus grand test moral » du monde, selon secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.

Source : France 24/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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