Fonds vert pour le climat : enfin plus utile à l’Afrique !

Grâce à l’accréditation de la Banque africaine de développement, les pays africains voient s’accroître les chances de financement de leurs programmes climatiques.

Le Fonds vert pour le climat (FVC) jouait son avenir à Paris. Le 24 et 25 octobre, les pays donateurs, signataires de l’accord de Paris, se sont réunis pour reconstituer les ressources du fonds. Les annonces ont été à la hauteur avec 9,8 milliards de dollars pour la période 2020-2023, soit très proche de la première capitalisation de 10,3 milliards de dollars qui couvrait pour la période 2015-2018. À la veille de la COP25 prévue à Madrid à partir du 2 décembre, le Fonds vert pour le climat (FVC) devait en effet lever un minimum de financements pour garder une certaine crédibilité.

Créé en 2009, mais lancé effectivement avec une levée de fonds en 2015 lors de la COP21, à Paris, le FVC a pour objectif de financer des projets dans les pays en développement afin de lutter contre les effets du changement climatique et de les accompagner dans leur transition vers un modèle de croissance durable. Le fonds, dont le siège est en Corée, a déjà soutenu plus d’une dizaine de programmes dans près de 100 pays pour une enveloppe de globale de 5 milliards de dollars. Et chaque milliard investi dans le fonds génère près de 3 milliards de financement supplémentaire.

« Nous sommes honorés de la confiance de la communauté mondiale dans la capacité du fonds d’aider les pays et les communautés à relever et à réaliser leurs ambitions climatiques », a déclaré Yannick Glemarec, directeur exécutif du Fonds vert pour le climat. « Les années à venir sont cruciales pour permettre à nos partenaires d’innover, d’accélérer et d’accroître les investissements liés au climat qui correspondent au rythme et à l’urgence de la crise climatique », a-t-il ajouté.

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Le tournant Trump

Lors de la première capitalisation du fonds, les États-Unis avaient promis 3 milliards de dollars. Après le premier versement de 1 milliard, et l’arrivée de Donald Trump à la tête du pays en 2017, l’administration américaine avait annulé tout versement supplémentaire.

En se réunissant à Paris, les 27 pays donateurs ont dû se montrer plus généreux afin de compenser le retrait américain. Ce qui avait amené le ministre des Finances Bruno Le Maire à qualifier cette reconstitution du fonds vert « d’ambitieuse, malgré le retrait des États-Unis de l’accord de Paris ». Treize pays ont doublé leur contribution initiale, parmi eux la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Canada ou encore la Norvège. Déjà, lors du sommet du G7 à Biarritz en août, la France avait annoncé qu’elle doublerait sa contribution à 1,5 milliard d’euros.

« La mobilisation de financements pour développer les énergies renouvelables dans les pays en développement est essentielle pour faire face à la crise climatique, notamment dans l’intérêt des plus vulnérables. C’est pourquoi la France se félicite de l’engagement de la communauté internationale d’augmenter ses contributions au Fonds vert pour le climat », a déclaré Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministère de la Transition écologique et solidaire.

Après les promesses, la directrice du Trésor français Odile Renaud-Basso a rappelé lors d’un point presse au terme de la réunion des donateurs à Paris que, désormais, « l’enjeu est de concrétiser ces engagements rapidement afin que le fonds puisse travailler efficacement ».

Les absents

Si la reconstitution du fonds a été saluée de manière unanime, certains pointent l’absence d’engagement de nombre de chefs d’État, et pas seulement Donald Trump, comme preuve d’un manque de prise au sérieux des enjeux climatiques. « Ce n’est qu’un succès de façade qui est surtout le fait de quelques-uns et non un plébiscite de son action par les économies émergentes. La Corée du Sud est en effet le seul pays dit en développement à avoir contribué cette fois-ci (contre près d’une dizaine la fois précédente), doublant sa participation à 200 millions de dollars. Même les pays riches producteurs d’énergies fossiles, comme la Russie ou les monarchies du Golfe, n’ont pas jugé utile, à ce stade, d’y participer », commente David Levaï, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales dans une chronique du Blog ID4D.

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Et l’Afrique ?

Les pays africains, les premiers concernés par le changement climatique, ont jusqu’à présent peu bénéficié des financements accordés par le FVC qui se sont concentrés pour l’essentiel sur l’Asie et l’Amérique latine. Les choses changent, notamment grâce à l’accréditation de la Banque africaine de développement (BAD) qui a accès aux ressources du FVC depuis mars 2016. Depuis, la BAD concentre ses efforts sur le financement en faveur du climat en aidant ses pays membres à préparer les dossiers de financements à soumettre au FVC. Il est reconnu que les dossiers sont particulièrement complexes à monter et que le processus d’examen est plutôt long. La BAD s’est aussi engagée à tripler ses financements climatiques actuels, pour les porter à 5 milliards de dollars par an d’ici à 2020. Par exemple, le 21 novembre, la BAD et le Fonds vert pour le climat ont annoncé un appui de 154 millions de dollars consacré à un plan de déploiement de 100 MW d’énergie verte en Zambie, principalement des petits projets solaires. Le pays fait face à une grave sécheresse qui affecte la production électrique nationale, issue à plus de 90 % de l’hydroélectricité.

Les projets financés

Le 14 novembre, le FVC, profitant de la reconstitution de ses ressources, avait annoncé l’octroi d’une enveloppe de 407 millions de dollars pour un ensemble de 13 projets et de programmes, dont deux concernant directement des pays africains. Le programme du Bleu Action Fund dans l’ouest de l’océan Indien (Madagascar, Mozambique, Afrique du Sud et Tanzanie), avec la banque de développement allemande (KfW) recevra 33,3 millions. Il s’agit d’enrayer la perte de la biodiversité marine et à promouvoir le développement des communautés côtières. Au Mozambique, un programme de sécurité alimentaire résiliente au changement climatique grâce à la gestion intégrée des risques, avec le PAM, destiné aux petits exploitants, a reçu un appui de 9,3 millions.

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L’an prochain, « l’ensemble des pays doivent revoir à la hausse leurs plans de réduction d’émission à dix ans (CDN). N’oublions pas que sur près de 200 pays, 136 ont conditionné une partie de leurs efforts à l’obtention d’un soutien financier. Comment, dans ce contexte, leur en demander davantage s’il semble que les financements ne suivront pas », s’interroge le chercheur David Levaï.

Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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