En Algérie, quinze ans de prison confirmés en appel contre Saïd Bouteflika et deux coaccusés

Saïd Bouteflika

La quatrième coaccusée, Louisa Hanoune, chef du Parti des travailleurs, a vu sa peine réduite à trois ans et doit être libérée bientôt.

Saïd Bouteflika, frère et ex-puissant conseiller du président déchu Abdelaziz Bouteflika, ainsi que deux anciens patrons du renseignement en Algérie ont vu, lundi 10 février, leurs peines de quinze ans de prison confirmées en appel.

Jugés depuis dimanche par la cour d’appel du tribunal militaire de Blida, à 50 km au sud d’Alger, « Saïd Bouteflika, le général Athmane Tartag et le général Mohamed Lamine Mediène ont eu quinze ans de prison » pour « complot contre l’autorité de l’armée et de l’Etat », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Me Boudjemaâ Guechir.

Cet avocat, qui a assuré la défense de la quatrième coaccusée dans ce procès, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT, trotskiste), a précisé que la condamnation de sa cliente avait été réduite à trois ans, dont neuf mois ferme, et qu’ayant purgé sa peine, « elle allait sortir ».

Le parquet avait requis lundi vingt années d’emprisonnement à l’encontre de Saïd Bouteflika, du général Mediene, dit « Toufik », ancien patron du tentaculaire département du renseignement et de la sécurité (DRS), et de son ex-bras droit, le général Tartag, qui lui avait succédé, absent du procès. « Je suis déçu mais pas découragé. Nous avons la possibilité de faire un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Nous avons huit jours pour le faire », a déclaré à l’AFP Me Farouk Kessentini, l’avocat du général Mediene. Ce dernier avait dirigé durant vingt-cinq ans, jusqu’à son limogeage en 2015, le DRS, structurellement rattaché à l’armée mais dans les faits véritables Etat dans l’Etat. Au faîte de sa puissance, le général était surnommé le « Dieu de l’Algérie ».

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Le général Tartag, alias « Bachir », ancien chef de la coordination des services de sécurité (CSS, qui avait remplacé le DRS démantelé), a quant à lui refusé de se présenter devant la cour. « C’est une lourde peine. Mon client sait pertinemment que la conjoncture que traverse le pays n’est pas propice à un verdict léger. Il est l’otage du Hirak », le mouvement de contestation populaire qui ébranle le pouvoir depuis près d’un an, a expliqué à l’AFP son avocat, Me Khaled Bergheul.

« Président bis »

Principal accusé de ce procès, Saïd Bouteflika, 62 ans, fut l’influent conseiller spécial de son frère Abdelaziz durant ses vingt ans de présidence (1999-2019). Son pouvoir s’était renforcé au point d’être considéré comme le « président bis », à mesure que déclinait la santé du chef de l’Etat, victime en 2013 d’un AVC qui l’a laissé paralysé et aphasique.

Les quatre condamnés étaient accusés de s’être réunis en mars 2019 pour élaborer un « plan de déstabilisation » du haut commandement de l’armée, qui demandait alors publiquement le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du Hirak.

Abdelaziz Bouteflika a finalement démissionné le 2 avril 2019, quelques heures après un ultimatum de l’état-major de l’armée demandant son départ « immédiatement ».

Mme Hanoune avait admis sa participation à une réunion avec Saïd Bouteflika et « Toufik » le 27 mars, au lendemain d’une déclaration du général Ahmed Gaïd Salah demandant publiquement le départ du pouvoir de M. Bouteflika. Mais elle a nié tout complot.

Les jours suivant cette rencontre, le général Gaïd Salah avait publiquement dénoncé des « réunions » visant à « comploter » contre l’armée. Deux semaines après le départ du président Bouteflika, il avait nommément accusé le général Mediène de « conspirer » contre l’armée. La défense, qui estimait que le défunt est à l’origine des poursuites, espérait que son décès « changerait la donne » du procès. En vain.

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Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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