Crise libyenne : Le Conseil de sécurité de l’ONU a-t-il surmonté ses divergences ?

Les principaux pays concernés par le conflit libyen (Russie, Turquie, Emirats arabes unis, Egypte, Etats-Unis, France, Italie et l’Algérie) ont, rappelle-t-on, promis, lors de la conférence de Berlin, de ne plus interférer dans les affaires libyennes, de respecter l’embargo sur les armes imposé depuis 2011 à la Libye mais non respecté et de contribuer à la relance du dialogue interlibyen.

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU semblent être enfin parvenus à convenir d’une entente minimum concernant la Libye, pays qui est plongé dans le chaos depuis le renversement du régime de Mouammar El Gueddafi en 2011.

Deux gouvernements rivaux, l’un établi à l’ouest et l’autre à l’est, se disputent depuis des mois le pouvoir. A l’issue d’une réunion sur les résultats du sommet de paix sur la Libye, tenu dimanche à Berlin, le Conseil de sécurité a en effet surpris mardi en appelant les parties libyennes en conflit à finaliser «dès que possible»un cessez-le-feu afin de permettre une relance du processus politique visant à mettre un terme au conflit en Libye.

«Les membres du Conseil de sécurité exhortent les parties libyennes à s’engager de manière constructive dans la commission militaire conjointe, dite 5+5, afin de conclure un accord de cessez-le-feu dès que possible», ajoute le Conseil dans une déclaration rendue publique au terme du conclave, dans laquelle il s’est félicité en outre des résultats de la conférence de Berlin.

Présentée comme l’un des principaux acquis de la conférence de Berlin, cette commission doit se réunir prochainement. Elle est formée de cinq officiers issus du gouvernement parallèle de l’Est libyen et de cinq officiers représentant le gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez Al Sarraj, basé à Tripoli et reconnu par l’ONU.

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Cette commission a pour mission de définir sur le terrain les mécanismes de mise en œuvre d’un accord de cessez-le-feu devant succéder à la trêve observée par les deux parties depuis le 12 janvier, suite à un appel de la Russie et de la Turquie. Cette trêve est très fragile. Elle est régulièrement violée. Hier, les vols ont été suspendus à l’aéroport international Mitiga à la suite de tirs de 6 roquettes, dernière attaque en date contre ce seul aéroport fonctionnel de la capitale libyenne.

Ce n’est pas tout. Le camp de Khalifa Haftar, qui contrôle le gros des puits de pétrole libyens, a décidé le 18 janvier de fermer leurs vannes. Pour quelle finalité ? Faire pression sur la communauté internationale afin de l’amener à lâcher le GNA. La tentative de coup de force du gouvernement de l’Est libyen a suscité des inquiétudes un peu partout dans le monde. L’ambassade des Etats-Unis en Libye a d’ailleurs appelé mardi à la reprise «immédiate» des opérations pétrolières dans le pays.

Des roquettes sur Tripoli

Quoi qu’il en soit, c’est la première fois depuis le début de l’offensive lancée, en avril dernier, par l’armée dirigée par le général à la retraire Khalifa Haftar contre Tripoli pour renverser le GNA, que les membres du Conseil de sécurité de l’ONU s’entendent sur une déclaration se rapportant au conflit libyen. Ils étaient jusque-là très divisés sur le dossier.

Certains d’entre eux, à l’instar de la Russie et de la France, sont impliqués dans le conflit libyen. Moscou a même déjà bloqué une résolution condamnant l’offensive de Khalifa Haftar et réclamant un retour à un processus politique. Signe justement qu’un consensus commence maintenant à se forger sur la Libye, le Conseil de sécurité devrait aussi, selon des diplomates cités par l’AFP, commencer à discuter bientôt d’un projet de résolution sur la Libye.

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Les principaux pays concernés par le conflit libyen (Russie, Turquie, Emirats arabes unis, Egypte, Etats-Unis, France, Italie et l’Algérie) ont, rappelle-t-on, promis lors de la conférence de Berlin de ne plus interférer dans les affaires libyennes, de respecter l’embargo sur les armes imposé depuis 2011 à la Libye mais non respecté et de contribuer à la relance du dialogue interlibyen.

A l’issue de la réunion du Conseil, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a rendu compte de la réunion de Berlin, a souligné qu’il ne «s’agissait que d’un début». «Il y a encore un long chemin à parcourir. Nous avons une trêve. Une trêve qui subit des violations mais pas de larges violations, elles sont localisées jusqu’à présent», a-t-il précisé.

Alger accueille une réunion ministérielle régionale

L’Algérie accueillera aujourd’hui une réunion des chefs de la diplomatie des pays voisins de la Libye, dans le cadre des efforts internationaux visant à parvenir à un règlement politique de la crise libyenne, a annoncé hier le ministère algérien des Affaires étrangères.

«A l’initiative de l’Algérie», Alger accueillera «une rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, avec la participation de la Tunisie, l’Egypte, le Soudan, le Tchad et le Niger», a indiqué un communiqué du ministère, précisant que «le ministre des Affaires étrangères du Mali assistera également à cette rencontre».

«La réunion portera sur les derniers développements en Libye à la lumière des résultats des offices de l’Algérie en direction des composantes libyennes et des parties internationales agissantes, et ceux des efforts internationaux pour permettre aux frères libyens de prendre en main le processus de règlement de la crise dans leur pays, loin de toute ingérence étrangère, quelle qu’en soit la nature», ajoute-t-on encore. 

Source: El Watan/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

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Tribune d'Afrique

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