Coronavirus : l’Afrique mal préparée, selon l’OMS


Dans un pays comme l’Éthiopie, le risque d’importation du virus est plus faible, mais les carences sanitaires peuvent faire craindre une diffusion rapide.
© Minasse Wondimu Hailu / Anadolu Agency

L’agence de l’ONU s’inquiète de la faiblesse des systèmes de santé du continent en cas de contamination massive. Pour l’instant, un seul cas a été enregistré.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti que les systèmes de santé en Afrique étaient mal équipés pour affronter l’épidémie de coronavirus si des cas de contamination apparaissaient et se multipliaient sur le continent.

Au cours d’une réunion des ministres de la santé des pays de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, samedi 22 février, le directeur général de l’OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a appelé les pays de l’UA à « faire front commun pour être plus agressifs » dans la lutte contre la maladie à coronavirus Covid-19. « Notre principale préoccupation continue d’être le potentiel de dissémination du Covid-19 dans les pays dont les systèmes de santé sont plus précaires », a déclaré le chef de l’OMS dans une liaison vidéo depuis Genève. Jusqu’à présent, l’Egypte est le seul pays d’Afrique à avoir officiellement enregistré un cas confirmé de contamination, le 14 février.

Plus de 200 cas suspects ont été recensés dans les pays de la région Afrique de l’OMS, soit la plus grande partie du continent, mais presque tous se sont avérés négatifs, a déclaré samedi la directrice du bureau régional de l’Afrique, Matshidiso Rebecca Moeti.

Mais, si le coronavirus commençait à se répandre sur le continent, les systèmes de santé devront prendre en charge des patients atteints de symptômes comme des défaillances respiratoires, des chocs septiques ou la défaillance simultanée de plusieurs organes, a relevé M. Tedros : « Ces patients ont besoin de soins intensifs nécessitant des équipements comme des appareils d’assistance respiratoire qui manquent dans de nombreux pays africains, et c’est une source de préoccupation. »

Le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a appelé les responsables africains à « prendre des mesures drastiques de prévention et de contrôle », car l’Afrique est particulièrement vulnérable « en raison de ses systèmes de santé relativement précaires ».

« Menace imminente »

Le défi pour les pays africains est aussi de développer les capacités à procéder à des tests de dépistage. En trois semaines, le nombre de pays africains capables d’effectuer des tests pour détecter le coronavirus est passé de deux à 26, a indiqué Mme Moeti.

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John Nkengasong, directeur des Centres africains pour le contrôle et la prévention des maladies, a indiqué à l’AFP que le nombre de pays africains pouvant procéder à ces tests dépasserait bientôt la quarantaine. Cependant, a-t-il averti, si les cas de contamination apparaissaient en grand nombre, les pays africains pourraient être confrontés à des pénuries de kits de dépistage et d’équipement de protection comme des masques. Si le coronavirus devait se répandre sur le continent africain, la capacité à établir un diagnostic rapidement sera ainsi limitée. « Nous faisons face à une menace imminente, une menace grave », a souligné John Nkengasong.

Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a indiqué que 30 000 kits de protection personnelle avaient été expédiés à « plusieurs pays en Afrique » et que 60 000 tests seraient envoyés à 19 pays « dans les prochaines semaines ». Il a également indiqué que M. Nkengasong et Samba Sow, directeur général du Centre pour le développement des vaccins au Mali, avaient été nommés envoyés spéciaux chargés de la mobilisation contre le COVID-19 sur le continent. Leur mission consistera à donner des « conseils stratégiques » et à plaider la cause de la lutte contre le coronavirus en Afrique « à un haut niveau ».

Plusieurs compagnies aériennes africaines, dont Kenya Airways, ont suspendu leurs vols à destination de la Chine, mais la première compagnie du continent, Ethiopian Airlines a maintenu les siens. Liu Yuxi, ambassadeur de Chine auprès de l’UA, a appelé les responsables africains à alléger les restrictions sur les voyages. « La panique excessive pourrait en réalité accroître la maladie », a-t-il affirmé.

Source: Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

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Tribune d'Afrique

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