Madagascar : un gouvernement remanié en profondeur

Andry Rajoelina s’est entouré, le 15 août, d’une équipe « de combat ». Objectif : donner un nouveau souffle à son quinquennat, dans la perspective de la présidentielle de 2023.

Plus que la simple refonte sur laquelle avaient parié les observateurs politiques malgaches, le gouvernement a fait l’objet d’un véritable chambardement, dans la soirée du 15 août. L’événement apparaît rétrospectivement comme la confirmation du coup de sang d’Andry Rajoelina, une semaine plus tôt, devant les caméras.

Entraîneur de foot

Le président avait en effet profité de son allocution télévisée quinzomadaire du 8 août, normalement consacrée à la situation sanitaire du pays, pour distribuer les bons et mauvais points à ses ministres. « Certains membres du gouvernement n’assurent pas la tâche qui leur a été confiée », avait lancé le chef de l’État, excédé contre les « défaillances » de certains, même si, ajoutait-il, « aucune faute ne [pouvait] leur être reprochée ».

« C’est la règle, avait insisté Rajoelina qui, pour l’occasion, s’était comparé à un entraîneur de foot. Tout le monde peut être remplacé. »À LIRE Madagascar : les dessous de la visite de Rajoelina à Paris

SEULS DIX MINISTRES SUR VINGT-QUATRE ONT CONSERVÉ LEUR MAROQUIN.

Aux commandes du pays depuis janvier 2019, le président ne s’est pas privé de le rappeler au moment de nommer sa troisième équipe gouvernementale. Seuls dix ministres, sur les 24 que comptait la formation précédente, ont conservé leur maroquin.

Parmi eux, Léon Richard Rakotonirina (Défense), Rodellys Randrianarison (Sécurité publique) et Lalatiana Rakotondrazafy (Communication et de la Culture), considérés comme très proches du chef de l’État.

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Adversaire potentiel

Ce « gouvernement d’action » – comme l’a qualifié le président – a été élargi, puisqu’il compte 32 membres. Christian Ntsay conserve son poste de Premier ministre, qu’il occupe depuis juin 2018 – époque où il avait pris les rênes de la dernière équipe d’Hery Rajaonarimampianina, le prédécesseur de Rajoelina.

Désireux de donner un « nouveau souffle » à son quinquennat, ce dernier a profité de ce large remaniement pour resserrer les liens avec ses alliés. Ainsi, Hajo Andrianainarivelo, leader du parti MMM (membre de la plateforme Armada qui soutient le président), a conservé l’Aménagement du territoire.

Potentiel adversaire d’Andry Rajoelina à l’élection présidentielle de 2023, il s’est néanmoins vu rogner ses prérogatives, puisqu’il a perdu le portefeuille des Travaux publics, confié à Jerry Hatrefindrazana, membre de l’IRD, le parti présidentiel.

DANS LA NOUVELLE ÉQUIPE, LA FILLE ET L’EX-DIRECTEUR DE CABINET DU DÉFUNT PRÉSIDENT RATSIRAKA.

Le Parti vert fait par ailleurs son entrée au gouvernement, en la personne d’Hortencia Antoinesie, désormais vice-ministre chargée de la Reforestation auprès du ministère de l’Environnement et du Développement durable, ce dernier étant confié à Vahinala Raharinirina, une nouvelle venue, issue de la diaspora.

On remarque l’arrivée de Sophie Ratsiraka, la fille de l’ancien président, qui prend en charge l’Artisanat, dans une sorte de gage donné à l’Arema, le parti historique de Didier Ratsiraka.

Une sorte de vice-Premier ministre

Autre fidèle du défunt chef de l’État, Pierre Houlder, qui fut son directeur de cabinet, se voit attribuer l’Intérieur et de la Décentralisation. Il côtoie dans l’ordre protocolaire le ministre du Développement de l’industrie, du commerce et de la consommation, Edgard Razafindravahy. Chef de file du parti ADM, ce dernier fait figure de vice-Premier ministre compte tenu de l’étendue de ses prérogatives.

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En dehors de la Défense, tous les ministères régaliens ont été renouvelés. Patrick Rajoelina, conseiller du président, reprend en main la diplomatie, avec pour mission de lui donner davantage d’éclat.

IL N’Y AURA PAS DE DROIT À L’ÉCHEC », A AVERTI LE CHEF DE L’ÉTAT.

Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison succède, à l’Économie et aux Finances, à Richard Randriamandrato, dont le départ avait déjà été annoncé par la presse locale lors du précédent remaniement de janvier 2020.

Garde des Sceaux, Imbiki Herilaza reprend le poste qu’avait occupé son père sous Didier Ratsiraka : une promotion-éclair puisqu’il était administrateur de l’École nationale des magistrats depuis deux ans.

Hausse du coût de la vie

Andry Rajoelina attend maintenant de ses ministres « qu’ils relèvent leurs manches ». Ils disposent de deux ans pour répondre aux attentes des Malgaches, en particulier en matière de hausse du coût de la vie et de gestion de la crise sanitaire. Le président a déjà prévenu son équipe : « Il n’y aura pas de droit à l’échec ». Surtout s’il veut préparer sereinement les échéances électorales de 2023…

Source: Jeune Afrique/ Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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