Congo-Brazzaville: Global Witness s’alarme de la dette de la SNPC

Brazzaville n’en a pas terminé avec les révélations sur les dettes cachées. Les dettes de la société nationale des pétroles du Congo (SNPC) risque d’alourdir la dette du pays, selon une étude de l’ONG Global Witness.

L’ONG Global Witness vient d’analyser les comptes de la Société pétrolière congolaise. La SNPC les a rendus publics, comme l’exigeait le Fonds monétaire international (FMI), en échange de la reprise de son aide. L’analyse de ces données publiques par Global Witness révèle une dette adossée au pétrole de 3,3 milliards de dollars contractée auprès des compagnies pétrolières étrangères telles que Total, Chevron et ENI et de plusieurs banques. Cette dette est différente de celle due, par l’État congolais, aux traders pétrolier tels que Trafigura et Glencore notamment. Elle risque donc à terme, selon Global Witness, d’alourdir la dette publique du pays.

La SNPC vient ainsi de révéler au grand jour l’étendue des carences de sa gestion à tel point que l’ONG Global Witness qualifie le mastodonte pétrolier de véritable « boîte noire ». En sept ans, de 2012 à 2018, la SNPC n’a quasiment versé aucun dividende à l’État et n’a réalisé que des bénéfices modestes, à peine 123 millions de dollars, pour des ventes de pétrole équivalentes à 5,7 milliards. Pire : sur la même période, la dette de l’entreprise a augmenté de 741 millions de dollars.

Pourquoi ? D’abord parce qu’elle s’est endettée. Une partie de ces dettes sont dues aux compagnies pétrolières étrangères qui travaillent au Congo : Total, Chevron et ENI. Les accords permettent à ces compagnies de facturer des frais à la SNPC.

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Mais selon Natasha White, enquêtrice à  l’ONG Global Witness, il y a eu de nombeux abus. « Ils facturent à la SNPC des coûts opérationels. Normalement c’est pour les bateaux qui transportent le pétrole, c’est pour toutes les infrastructures liées à l’exploitation pétrolière, mais ce que l’on a appris, c’est que Total, ENI et Chevron peuvent inclure les salaires de leurs employés, les frais médicaux de leurs employés, le transport et même mles frais de scolarités de leurs enfants ».

L’endettement est d’ailleurs une spécialité à la SNPC. 3,3 milliards au total, si l’on additionne les sommes dues aux compagnies pétrolières étrangères et celles dues aux banques. Mais la mauvaise gestion de la SNPC ne s’arrête pas la. Car la compagnie prête de l’argent à ses filiales, mais aussi a des inconnus, explique  Natasha White : « Elle est créancière de près de deux milliards de dollars. Une partie vis-à-vis des autres filiales dans le groupe SNPC, et une partie envers des entités qui ne sont identifiées. C’est-à-dire que la SNPC prête de l’argent… à on ne sait pas qui ».

Global Witness révèle que les compagnies étrangères ont pu facturer librement des prestations qui n’avaient rien à voir avec les frais d’exploitation pétrolière, car l’État congolais n’a pas toujours fait son travail de vérification, souligne l’ONG. Le dernier audit pétrolier remonte à 2005.

Global Witness estime que le FMI devrait inclure la dette de la SNPC dans le montant global de la dette publique congolaise, ce qui ferait bondir celle-ci de 30 %.

Source: RFI Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

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Tribune d'Afrique

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