Formation du nouveau gouvernement en Tunisie : Elyes Fakhfakh se confectionne un filet de sécurité

Le président tunisien Kaïs Saïed recevant le Premier ministre Elyes Fakhfakh

Le président tunisien marque de son empreinte le prochain gouvernement d’Elyes Fakhfakh, nommé par Kaïs Saïed, malgré le régime politique parlementaire en Tunisie.

En effet, M. Fakhfakh annonce limiter ses concertations, pour la formation de son gouvernement, aux partis politiques ayant accordé leur confiance au président Saïed, lors du 2e tour de la présidentielle, le 13 octobre dernier, contre Nabil Karoui. «L’opposition a sa place dans le paysage politique, comme dans toute démocratie», a répliqué M. Fakhfakh à ceux qui l’accusent d’exclusion.

La position de M. Fakhfakh, concernant le parti Qalb Tounes, explique les déclarations de Rached Ghannouchi, le président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et d’Ennahdha, à sa sortie, jeudi dernier, de la rencontre avec le chef du gouvernement nommé. «Nous sommes pour un gouvernement d’union nationale; nous appelons à l’association de Qalb Tounes aux concertations», avait alors dit Ghannouchi, qui doit sa place à la tête de l’ARP aux voix de Qalb Tounes.

Même réaction du côté de Salim Azzabi, le secrétaire général de Tahya Tounes, parti du chef de gouvernement chargé de la gestion des affaires courantes, Youssef Chahed. «Nous avons toujours affirmé que la Tunisie a besoin d’un gouvernement d’intérêt national, où Qalb Tounes a sa place», avait déclaré Azzabi, dont le parti avait remonté Nabil Karoui, pour voter contre le gouvernement de Habib Jemli, le 10 janvier dernier. Lequel vote a entraîné le passage à cette formule de nomination, par le président Saïed, du chef du gouvernement, et ce fut Elyes Fakhfakh qui a été nommé.

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Tractations

Toutefois, Ennahdha, le 1er parti à la sortie des urnes le 6 octobre dernier, n’a plus les mains libres pour agir à sa guise lors de la composition du prochain gouvernement, comme ce fut le cas auparavant. Les islamistes ont aujourd’hui un choix très délicat entre un remake de la formule du quartet, avec Ettayar, Echaab et Tahya Tounes, refusé un certain 23 décembre 2019, au palais de Carthage, alors que les présidents des quatre partis étaient invités par le président Saïed pour s’entendre sur la composition du gouvernement Jemli. Ce quartet pourrait constituer la majorité parlementaire du prochain gouvernement de Fakhfakh, tout en renforçant sa légitimité populaire par ce lien de nomination et de concertation avec le président Saïed, comme l’a clairement dit Elyes Fakhfakh. L’autre option possible, c’est d’aller vers des élections législatives anticipées, une formule très risquée pour les islamistes, accusés d’être derrière l’échec de Habib Jemli. Le conseil de la choura d’Ennahdha, tenu hier, a été, comme d’habitude, flou dans sa décision, laissant ouvertes toutes les alternatives.

Majorité

Les propos d’Elyes Fakhfakh ont délimité sa majorité parlementaire. Il s’agit des partis et des groupes parlementaires qui ont soutenu le président de la République au second tour de la présidentielle. Il s’agit donc d’Ennahdha (54 sièges), d’Ettayar (22), Al Karama (17), Echaab (16) et Tahya Tounes (14), ainsi qu’une bonne partie des blocs parlementaires d’El Islah (15) et Al Mostaqbal (9).

Seifeddine Makhlouf, le leader du bloc Al Karama, s’exclut de cette majorité, puisqu’il pose des conditions à sa participation au gouvernement. «Nous devons couper avec la structure 2014/2019», a-t-il déclaré, insinuant que Tahya Tounes est l’unique parti ayant nominé directement Elyes Fakhfakh. Ainsi, il est plutôt question d’un quartet, derrière le projet du gouvernement Fakhfakh, formé d’Ennahdha, Ettayar, Echaab et Tahya Tounes, renforcé par des blocs parlementaires non partisans et des indépendants.

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Par ailleurs, concernant le profil de l’équipe Fakhfakh, elle serait de calibre moyen, pas vraiment restreinte, puisqu’il a parlé de 25 ministres, bien qu’il ait été question, à un certain moment, de réduire drastiquement le nombre de portefeuilles. Toutefois, il s’est avéré qu’une telle réduction n’était pas chose facile et créerait un certain chaos, empêchant l’efficacité recherchée, assure-t-on dans les sphères du chef du gouvernement nominé. Les mêmes réserves ont été, par ailleurs, présentées, à chaque fois où il a été question d’installer un gouvernement restreint.

Les super-départements nécessitent un véritable travail de préparation, pour éviter les blocages structurels. Il serait, par contre, fort probable de réduire au maximum le nombre de secrétariats d’Etat. Fakhfakh a également parlé d’une présence féminine respectable au sein de son équipe.

Source: El watan/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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