Cameroun : le procès de l’opposant Maurice Kamto va commencer

Principal opposant au chef de l’État Paul Biya après la présidentielle d’octobre 2018 où il est arrivé deuxième, Maurice Kamto a été arrêté, ainsi qu’environ 150 personnes, à la suite d’une manifestation pacifique organisée dans plusieurs villes du Cameroun le 26 janvier

L’opposant camerounais est jugé à partir de ce 6 septembre par le tribunal militaire de Yaoundé, aux côtés de plusieurs de ses partisans, pour « insurrection et hostilité contre la patrie ».

Le procès du principal opposant camerounais Maurice Kamto, écroué depuis janvier, débute ce 6 septembre devant un tribunal militaire de Yaoundé. Après la condamnation à la prison à vie pour « terrorisme » et « sécession » du leader sécessionniste Julius Sisiku Ayuk Tabe le 20 août dernier, par le même tribunal militaire, les supputations vont bon train pour ce qui concerne la sentence que pourrait connaître Maurice Kamto. Julius Sisiku Ayuk Tabe et neuf de ses partisans avaient été arrêtés en janvier 2018 à Abuja, la capitale du Nigeria, base arrière de plusieurs mouvements séparatistes camerounais, avant d’être transférés à Yaoundé – leur extradition a depuis été jugée illégale par la justice nigériane. Julius Sisiku Ayuk Tabe, 54 ans, qui s’était autoproclamé en 2017 « président » de l’« Ambazonie », l’État que les séparatistes de la minorité anglophone veulent fonder, ne reconnaît pas l’autorité du tribunal chargé de les juger. Leur avocat a dénoncé une « parodie de justice » et n’a pas encore indiqué s’ils allaient faire appel.

La compétence du tribunal militaire contestée

Arrivé en deuxième position lors de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018, l’opposant Maurice Kamto avait été arrêté, ainsi qu’environ 150 personnes, à la suite d’une manifestation le 26 janvier 2019 à l’appel de son parti, le Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui considérait la victoire de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, comme un « hold-up électoral ». Le tribunal militaire de Yaoundé, devant lequel Kamto est poursuivi, notamment pour « insurrection et hostilité contre la patrie », a fixé l’ouverture de son procès au 6 septembre, a annoncé à l’AFP Emmanuel Simh, son avocat et troisième vice-président du MRC. Maurice Kamto avait été convoqué mardi devant cette juridiction militaire qui lui a notifié cette date, a précisé Me Simh. Plusieurs dizaines de soutiens et partisans de l’opposant seront jugés en même temps que lui, selon l’avocat. Le 11 juillet, un juge d’instruction du tribunal militaire avait décidé du renvoi pour un procès devant cette juridiction de 104 personnes, dont Maurice Kamto. Les avocats de l’opposant avaient alors fait appel, contestant la compétence du tribunal militaire au motif que cette juridiction ne peut pas juger des civils. La Cour d’appel ne s’est pas encore prononcée.

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Pas de décrispation

L’opposant, 65 ans, avocat de renom et ancien ministre, qualifie depuis cette élection la victoire du président sortant, 86 ans, dont 36 au pouvoir, de « hold-up électoral » et a plusieurs fois appelé à des marches de protestation interdites par le pouvoir. Fin janvier, après de nouvelles manifestations, réprimées par les forces de sécurité, environ 150 personnes ont été interpellées. Toutes, ainsi que Maurice Kamto, ont été présentées à la mi-février devant le tribunal militaire de Yaoundé, où elles ont été inculpées « d’hostilité contre la patrie » et « d’insurrection ». Les accusés risquent jusqu’à la peine de mort.

Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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