Algérie-France : Marine Le Pen veut un dialogue « clair et décomplexé »

La campagne pour le second tour de l’élection présidentielle française est bel et bien lancée. Dimanche dernier, Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont arrivés en tête du premier tour, avec respectivement 27,85 % et 23,15 % des suffrages. Avec 21,95 % des votes, Jean-Luc Mélenchon, qui a réalisé des scores particulièrement élevés chez les Français du Maghreb, est arrivé en troisième position.

Le 13 avril, Marine Le Pen a tenu une conférence de presse à Paris sur le thème de la diplomatie et de la politique étrangère.

Pendant près de cinquante minutes, avec un drapeau bleu, blanc, rouge stratégiquement positionné juste derrière elle, la candidate d’extrême droite a pu dérouler et exposer sa vision des relations internationales, avant de répondre à quelques questions.

Alors qu’un sondage Ifop mené pour Jeune Afrique a montré qu’une grande partie des électeurs français d’origine africaine votaient en faveur de Jean-Luc Mélenchon, et que le candidat de la France insoumise a été placé largement en tête dans les pays du Maghreb, Marine Le Pen n’a, manifestement et à en juger par ses propos, aucune intention de faire la cour aux insoumis.

Le discours, fidèle à la mise en scène résolument axée autour de l’intérêt national français, a également été l’occasion d’aborder le continent africain. Si elle n’a quasiment pas évoqué l’Afrique subsaharienne, Marine Le Pen a en revanche eu quelques mots sur les pays du Maghreb, et s’est attardée un instant sur l’Algérie.

« Dissiper tout malentendu »

Sans surprise, l’ancienne présidente du Rassemblement National (ex-Front National) a tenu des propos très fermes sur l’immigration, et concentré la quasi-intégralité de son intervention autour des laissez-passer consulaires. Après avoir cité le « royaume du Maroc qui nous est cher », puis la Tunisie, « qu’il faudra appuyer » si son gouvernement « en fait la demande », la candidate a tenu à évoquer la relation franco-algérienne afin de « dissiper tout malentendu » sur la question.

JE SOUHAITE NOUER DES RELATIONS AMICALES AVEC LE PEUPLE ALGÉRIEN

Marine Le Pen souhaite partir du diagnostic posé par l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, selon lequel la plupart des présidents français nouvellement élus tentent avec enthousiasme à leur arrivée à l’Élysée d’améliorer les rapports entre la France et son ancienne colonie, avant de buter sur les « irritants bilatéraux » liés aux thématiques mémorielles.

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« Reconnaitre le passé, ses éléments glorieux et ses zones d’ombre, ne signifie pas repentance. Je souhaite nouer des relations amicales avec le peuple algérien », a-t-elle déclaré sur le sujet.

Mais si la candidate s’est inspirée des analyses de l’ancien ambassadeur, elle semble en avoir tiré ses propres conclusions. Si elle est élue, elle compte mener une « politique exactement inverse » de celle d’Emmanuel Macron, et tiendra un discours « clair, décomplexé et lisible » à l’égard d’Alger, notamment sur la question des « ressortissants indésirables » algériens présents sur le sol français.

Ainsi, Marine Le Pen entend « conditionner tout nouvel octroi de visa au profit de ressortissants algériens, toute autorisation de transferts de fonds, toute acquisition de propriété en France par un dignitaire algérien, par la réadmission par les autorités consulaires algériennes en France ».

« Mieux vaut s’attaquer à ces irritants d’emblée, et ensuite nouer des relations d’État souverain à État souverain, ce qui me semble être davantage dans l’intérêt de l’Algérie et des Algériens que de la France », a-t-elle déclaré, avant d’ajouter « qu’au fond, nous ne sommes pas dépendants économiquement de l’Algérie, ni de son gaz, et il est surtout dans l’intérêt de l’Algérie que les relations avec la France soient saines et apaisées. »

« Les Algériens qui vivent déjà en France et se comportent conformément au droit français, respectent nos us et coutumes et aiment la France, n’ont pas de raison de ne pas rester. Les autres, certes minoritaires, devront partir », a-t-elle conclu sur le sujet.

Pour rappel, le père de Marine Le Pen, Jean-Marie Le Pen, a été accusé à de multiples reprises d’avoir commis des actes de torture du temps où il a servi dans le premier régiment étranger parachutiste lors de la bataille d’Alger en 1957. Le journal Le Monde avait notamment publié une série de témoignages sur la façon dont il aurait participé à la mise en œuvre de techniques de torture à domicile. L’intéressé a toujours démenti avoir perpétré lui-même ce type d’exactions, tout en affirmant que s’il en avait reçu l’instruction, il se serait « sans doute » et par « devoir » exécuté.

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Liban et conflit israélo-palestinien

Moins attendue sur la région, la députée du Nord a tout de même évoqué la situation au Levant, et certifié vouloir en faire une des priorités de sa politique étrangère. Au Liban, elle a « reconnu le soutien » qu’Emmanuel Macron a « tenté d’apporter », tout en regrettant « l’absence de succès à ce stade ».

Après s’être « félicitée du rapprochement entre Israël et le monde arabe », Marine Le Pen s’est autorisée un aparté sur le conflit israélo-palestinien. « Politiquement et historiquement, ma ligne restera fidèle à celle du Quai d’Orsay, à savoir d’une solution à deux États, qui ne pourra passer que par la constitution d’un État palestinien indépendant, viable, démocratique, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, fondé sur les lignes de 1967, qui sont les seules susceptibles de répondre aux aspirations nationales des israéliens et des palestiniens », a-t-elle assuré.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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