Accusé du meurtre de son ex-femme, le premier ministre du Lesotho devant la justice

Le premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, le 9 août 2019. GULSHAN KHAN / AFP

La première épouse du chef de gouvernement Thomas Thabane a été assassinée par balle en juin 2017, deux jours avant son investiture.

Le premier ministre du Lesotho, Thomas Thabane, s’est présenté, lundi 24 février, à la surprise générale devant la justice de son pays pour y répondre des rocambolesques accusations du meurtre de son ex-épouse qui agitent le royaume depuis des semaines.

Officiellement en Afrique du Sud depuis vendredi pour des « raisons médicales », M. Thabane, 80 ans, a fait une apparition inattendue en début de matinée devant un tribunal de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Il était accompagné de sa deuxième femme, Maesaiah Thabane, 42 ans, épousée deux mois après la mort de la première et déjà inculpée de complicité du meurtre de sa rivale. A l’issue d’une brève audience, le dossier a été renvoyé devant la Haute Cour du Lesotho sans que le premier ministre Thabane ne soit formellement inculpé. Son avocat, Qhalehang Letsika, a plaidé qu’il ne pouvait pas l’être tant qu’il dirigeait le gouvernement. « Mon client ne peut pas être poursuivi tant qu’il exerce ce mandat, mais il n’est pas au-dessus des lois », a-t-il argué, ajoutant que ses fonctions actuelles « lui assurent l’impunité ».

La juge chargée du dossier, Phethise Motanyane, a convenu que la situation était exceptionnelle et préféré renvoyé l’affaire devant l’instance supérieure. « Je dois avouer que ce dossier est inédit dans notre pays », a-t-elle commenté. La date de l’audience devant la Haute Cour n’a pas été annoncée.

L’affaire déstabilise depuis des mois le sommet de ce petit pays niché au cœur de la puissante Afrique du Sud. Elle a véritablement éclaté en janvier, lorsque le chef de la police a révélé dans un courrier rendu opportunément public qu’un appel passé sur le téléphone portable du premier ministre avait été localisé sur les lieux du meurtre de sa femme.

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« La saga va continuer »

Lipolelo Thabane, 58 ans, a été tuée par balle en juin 2017 à Maseru, deux jours avant l’investiture de son époux. Sous la pression de l’opposition et de son propre parti, le Congrès de tous les Sotho (ABC), Thomas Thabane a annoncé quelques jours plus tard qu’il allait démissionner d’ici à juillet.

Interrogé une première fois par la police sur les circonstances de cet assassinat, le chef du gouvernement avait été convoqué vendredi devant le tribunal de Maseru pour y être inculpé. Mais il s’est fait porter pâle, officiellement en déplacement en Afrique du Sud pour des raisons médicales « d’urgence ». Son entourage a alors fait savoir qu’il ne serait pas prêt à comparaître avant le 27 février. Son départ inopiné à l’étranger a un temps poussé les autorités à envisager l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.

Sur le front politique, son parti a une nouvelle fois exigé lundi son départ « immédiat »« Nous avons dans le même temps proposé le nom de Sam Rapapa pour lui succéder », a déclaré à la presse le secrétaire général de l’ABC, Montoeli Masoetsa, à l’issue d’une réunion de sa direction. « Il n’y a pas eu de consensus », a toutefois mis en garde à l’AFP l’un des vice-présidents du parti, le professeur Nqosa Mahao, « donc je crois que la saga va continuer ».

De son côté, le principal parti d’opposition, le Congrès démocratique, avait déposé vendredi devant le Parlement une motion de défiance contre le premier ministre. Si elle obtient une majorité des voix des parlementaires, il devra démissionner ou proposer au roi Letsie III la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections.

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Le Lesotho a une longue histoire d’instabilité politique, illustrée par des coups d’Etat militaires en 1986 et 1991. Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23 % de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Source:Le Monde Afrique /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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