Tunisie: tour de vis des autorités de régulation des médias contre plusieurs chaînes

La Tunisie est prise dans un tourbillon médiatique. Trois chaînes de télévision et une station radio ont été fermées par le régulateur de l’audiovisuel. Toutes émettaient sans autorisation. Pourquoi ces fermetures ? Celles-ci menacent-elles la liberté d’expression ? Éléments de réponse.

Les téléspectateurs tunisiens n’entendront plus le générique de Nessma TV. Créée par Nabil Karoui, homme d’affaires et finaliste à la présidentielle de 2019, la chaîne de télévision servait de faire-valoir à ses actions humanitaires et de tribune politique, tout en inondant les Tunisiens de feuilletons. Un mélange des genres qui pose problème à la Haute Autorité indépendante de la communication (HAICA), l’organisme chargé de surveiller l’audiovisuel en Tunisie depuis des années. Finalement, le couperet est tombé, pour Nessma TV fermée le 27 octobre, deux autres chaînes et une station de radio.

Larbi Chouikha, universitaire et spécialiste des médias, nous explique pourquoi : « Pourquoi aujourd’hui ? La raison est toute simple. C’est qu’auparavant, il n’y avait pas de réelle volonté politique des gouvernements successifs. Il semble s’affirmer aujourd’hui une volonté politique de mettre de l’ordre dans ce secteur qui – il faut le dire – était d’une telle confusion, puisqu’il y avait une intrication avec le monde des affaires et de l’argent sale dont on ne connaissait pas l’origine. »

En donnant son aval à ces fermetures, l’exécutif tunisien en a-t-il profité pour faire d’une pierre deux coups en se débarrassant de médias tenus par des opposants ? Trop tôt pour le savoir, mais ce tour de vis servirait l’image que le président Kaïs Saïed veut se forger.

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« Je pense que ça fait partie un peu de son discours anticorruption, contre l’argent sale, contre les hommes d’affaires véreux. Et auquel cas, là, il se retrouve en conformité avec des instances comme la HAICA qui, depuis sa création lutte,contre l’argent sale », explique Larbi Chouikha, universitaire spécialiste des médias.

Les répliques de ce séisme médiatique seront aussi sociales : des centaines de journalistes et techniciens se retrouvent sans emploi. 

Source: RFI Afrique/ Mis en liggne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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