Soudan du Sud: l’espoir en berne dix ans après l’indépendance

Dans un message publié à l’occasion du dixième anniversaire de l’indépendance du plus jeune État d’Afrique, le Conseil des Églises du Soudan du Sud déplore la violence persistante et invite les autorités politiques à œuvrer pour le bien de la population.

9 juillet 2011: un jour historique pour l’Afrique, marquant la naissance d’un nouvel État, le Soudan du Sud, devenu indépendant du Nord par référendum où le « oui » l’emporta à plus de 98 %. Mais dix ans après cette date, les perspectives pour le Soudan du Sud sont inquiétantes, comme le signale le Conseil des Églises du Soudan du Sud (SSCC). Dans un message en vue de cet anniversaire, il écrit: «nous n’avons pas grand-chose à célébrer, le peuple vit une période difficile en raison de la violence persistante, du désespoir et de la misère».

Une «décennie gâchée»

Le Soudan du Sud est en effet traversé par des tensions qui se sont aggravées en 2013, lorsque les partisans du président Salva Kiir, d’ethnie dinka, et ceux de l’ancien chef d’État Riek Machar, d’ethnie nuer, ont commencé à s’affronter. Ce grave conflit a fait 400 000 morts et 4 millions de réfugiés et de personnes déplacées.

Cinq ans plus tard, en 2018, un accord a été conclu pour mettre fin à la guerre, « l’Accord revitalisé sur la résolution du conflit au Soudan du Sud » (R-ARCSS), tandis qu’en février 2020, les factions politiques sont parvenues à un accord pour former un nouveau gouvernement transitoire d’unité nationale, avec Salva Kiir à sa tête et Riek Machar dans l’opposition. Mais les résultats concrets tardent à arriver et la violence se poursuit. En avril dernier, le nouvel évêque de Rumbek, le père combonien Christian Carlassare, a ainsi été agressé pendant la nuit à son domicile et blessé par balles aux jambes par des inconnus.27/04/2021

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La SSCC déplore également «la violence intercommunautaire endémique, ainsi que les cas croissants de violence sexuelle, de meurtres par vengeance, d’accaparement de terres et d’enlèvements d’enfants». Autant d’éléments qui «ont non seulement déstabilisé la paix, mais aussi retardé le développement socio-économique du pays». «Ces conflits ont fait de nos dix premières années d’indépendance une décennie gâchée. Nous sommes maintenant au point mort», après l’enthousiasme des débuts, estime la SSCC, reconnaissant par ailleurs les «sacrifices désintéressés de tant de martyrs et de héros de notre temps qui ont œuvré au nom de la justice, de la liberté et de la prospérité de notre peuple».

Tirer les leçons du passé pour un avenir meilleur

La population sud-soudanaise a été laissée «sans espoir et réduite à une dépendance extrême de l’aide humanitaire», alerte le Conseil des Églises, qui exhorte les autorités politiques à mettre en œuvre l’accord de paix. Les Églises du pays renouvellent quant à elles leur engagement à «soutenir la paix, la justice, le pardon et la réconciliation».

La SSCC espère donc que la prochaine décennie soit comme «un nouveau départ» et une «occasion de sauver le peuple de la misère». «Nous devons réfléchir à ce qui n’a pas fonctionné jusqu’à présent», poursuit l’organisation, «tirer les leçons de ces expériences et assumer la responsabilité collective de libérer notre pays de ses difficultés actuelles». «Plus jamais notre peuple ne sera victime, sans pitié, de nos propres mains !» conclut le Conseil des Églises du Soudan du Sud.22/02/2021

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La situation du Soudan du Sud préoccupe également le Souverain Pontife. Le 11 avril 2019, il organisait une retraite spirituelle au Vatican pour les responsables civils et ecclésiastiques du pays. Un évènement dont on retiendra en particulier un geste marquant: François agenouillé, embrassant les pieds du président de la République du Soudan du Sud Salva Kiir, et des vice-présidents désignés présents, parmi lesquels son adversaire Riek Machar. Et cela pour demander «que le feu de la guerre soit éteint une fois pour toutes» dans le plus jeune État africain.

Source : Vatican news/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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