Présidentielle en Guinée-Bissau : deux anciens premiers ministres s’affronteront au second tour

The former prime minister and presidential candidate Domingos Simoes Pereira, gestures after results of the November 24 first-round poll, at his headquarters in Bissau, Guinea-Bissau November 27, 2019. REUTERS/Christophe Van Der Perre – RC2OJD925EBP

Domingos Simoes Pereira est arrivé en tête du premier tour, devançant largement son rival Umaro Sissoco Embalo ainsi que le président sortant, José Mario Vaz.

En Guinée-Bissau, le candidat du parti historique et dominant, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), est arrivé nettement en tête du premier tour de l’élection présidentielle, offrant une perspective de cohésion cruellement nécessaire dans un pays miné par la pauvreté et l’instabilité. Domingos Simoes Pereira, 56 ans, chef du gouvernement en 2014 et 2015, devance largement, avec 40,13 % des voix, un autre ancien premier ministre (2016-2018), Umaro Sissoco Embalo, 47 ans (27,65 % des suffrages), selon les résultats communiqués mercredi 27 novembre par la commission électorale. Le second tour est prévu le 29 décembre.

La question est cependant de savoir si les adversaires de M. Pereira le laisseront capitaliser sur son avantage ou s’uniront contre lui et le PAIGC, qui dispose au Parlement d’une majorité relative issue des législatives de mars 2019. M. Embalo a, lui, l’investiture d’une dissidence du PAIGC, le Madem. Ce sont donc deux produits du système qui sont appelés à concourir à la succession du président José Mario Vaz, élu en 2014 et de nouveau candidat en 2019. Il est arrivé seulement quatrième dimanche, avec 12,41 % des voix. Or M. Vaz est à couteaux tirés avec M. Pereira, qu’il avait limogé en 2015 de son poste de premier ministre. Les spéculations vont bon train sur le ralliement d’autres candidats derrière M. Embalo.

La stabilité de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest de 1,8 million d’habitants, en état de crise politique quasiment permanente, est l’un des enjeux majeurs de l’élection. Elle est indispensable aux réformes nécessaires pour combattre les maux qui affligent cette ancienne colonie portugaise, comme la grande pauvreté, la corruption répandue jusque dans les classes dirigeantes et le trafic de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud. Depuis son indépendance conquise de haute lutte sur le Portugal en 1974, ce pays coincé entre le Sénégal, la Guinée et l’océan Atlantique, majoritairement musulman avec une forte minorité chrétienne et une multitude d’ethnies et de langues locales, a connu quatre coups d’Etat, seize tentatives et une valse continue de premiers ministres.

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Un scrutin jugé régulier

Après le dernier putsch en 2012, l’élection de M. Vaz, en 2014, marquait le retour à l’ordre constitutionnel et devait briser le cycle des changements de gouvernement à un rythme quasiment annuel. En réalité, les premiers ministres, dont MM. Pereira et Embalo, se sont succédé au gré de turbulences qui ont persisté jusqu’au bout. Deux semaines avant la présidentielle, la communauté internationale, forcée à une médiation constante, s’inquiétait encore d’une remise en question de l’élection et même de « risques de guerre civile ».

La présidentielle s’est tenue sans incident majeur, sous la surveillance des observateurs étrangers et nationaux. Malgré des accusations de bourrage des urnes proférées par le camp du président sortant et quelques manquements comme des ouvertures tardives de bureaux de vote ou des absences localisées d’encre, la commission électorale et les missions d’observation ont jugé que le premier tour s’était joué à la régulière.

Mais, instruites par le passé, les organisations internationales ont appelé chacun à respecter le scrutin des urnes. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), partenaire et médiatrice historique de l’entreprise démocratique en Guinée-Bissau, a ouvertement menacé d’actionner l’Ecomib, une force de quelques centaines de soldats et policiers déployée dans le pays après le coup d’Etat de 2012, en cas de tentative visant à inverser autoritairement le verdict des urnes.

L’armée s’est engagée à ne plus se mêler de politique, sept ans après le coup d’Etat qui avait interrompu le processus électoral. Mais un dispositif de sécurité exceptionnel a été mis en place autour de l’hôtel où ont été annoncés les résultats. Des agents de la police d’intervention rapide et de la garde nationale, appuyés par des éléments de l’Ecomib, étaient partout visibles.

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Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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