Locales au Sénégal : une fin de campagne sur fond de violences pour Barthélémy Dias

Des violences ont émaillé la fin de la campagne de l’opposant et candidat à la mairie de Dakar. Les équipes du candidat de la coalition Yewwi Askan Wi en rejettent la responsabilité sur des partisans de la majorité. Des incidents qui sont survenus à trois jours du scrutin, prévu dimanche.

Jets de pierre, voiture caillassée et maisons vandalisées… La violence s’est de nouveau invitée dans la campagne de Barthélémy Dias à trois jours des élections locales qui se tiennent dimanche 23 janvier. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des dizaines de jeunes jeter des projectiles en direction du balcon d’une maison. La scène s’est déroulée dans la soirée du jeudi 20 janvier à Mermoz-Sacré-Cœur, commune que le candidat de Yewwi Askan Wi à la mairie de Dakar dirige.

Les violences ont éclaté dans le quartier Sacré-Cœur 3 alors que Barthélémy Dias haranguait ses partisans depuis un pick-up. Elles auraient fait trois blessés graves, selon la presse locale. Dans une vidéo diffusée par le média en ligne Dakaractu, la sœur de l’une des victimes de la maison ciblée raconte : « Quand Barth faisait son discours, mon frère qui était sur l’étage lui a lancé : « Barthélémy ça suffit. Cela fait 12 ans que tu es là à nous tenir un discours vain ». Furieux, il a demandé à ces gros bras d’aller lui régler son compte. Ils sont entrés dans la maison, ils ont tout saccagé et tabassé mon frère. Ils sont partis aussi dans les maisons mitoyennes pour chercher soit disant d’autres jeunes fauteurs de trouble et ont fait pareil. »

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« Je lui montre de quel bois je me chauffe »

Une version que contestent les membres de l’équipe de campagne de Barthélémy Dias. « Nous n’avons pas été à l’origine de cette violence et les membres du service de sécurité n’ont violenté personne, affirme Abass Fall, directeur de campagne du maire de Mermoz -Sacré-Cœur. Nous sommes passés devant cette maison dont les habitants sont des partisans de Benno Bokk Yakaar, la coalition au pouvoir. Quand nous sommes arrivés sur les lieux, ils étaient perchés sur leur maison et insultaient. Nous n’avons pas réagi. C’est ensuite qu’ils ont jeté des pierres sur le cortège du maire [dans lequel étaient également présents sa femme et ses enfants]. En représailles, les militants se sont déchaînés et ont appliqué la loi du talion. »

Dans une première vidéo où l’on voit Barthélémy Dias s’adresser à des militants alors que des personnes en viennent aux mains non loin de là, on peut l’entendre dire : « Nous sommes ici à Sacré-Cœur 3 pour parler de programme et pas pour semer la violence. Nous ferons face à tout acte d’indiscipline .» Et dans une seconde : « Il faut qu’au Sénégal, les gens reviennent à la raison. Vous avez le droit de sortir pour exprimer à un candidat qui passe votre désaccord sur son programme. Mais lui jeter des pierres du haut de votre domicile, ce n’est pas normal. Si quelqu’un me le fait, je lui montre de quel bois je me chauffe. » Selon Abass Fall son directeur de campagne, le candidat de Yewwi Askan Wi aurait ensuite invité ses militants au calme sans succès et serait reparti sur les lieux s’excuser auprès de la famille des victimes.

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Ce n’est pas la première fois que le fougueux Barthélémy Dias est au centre de bagarres ou d’échauffourées. Le 10 novembre, son interpellation en raison de son refus de se présenter au tribunal de Dakar avait entraîné des manifestations violentes dans la capitale. Barthélémy Dias avait été convoqué pour être jugé en appel dans l’affaire Ndiaga Diouf, du nom du jeune homme tué en 2011 dans l’attaque de sa mairie.

Provoquer pour pousser à la faute

Les premiers jours de campagne de Yewwi Askan Wi avaient également été émaillés de scènes de violence à Guédiawaye, en banlieue dakaroise, et à Mbour à 80 km de la capitale. « Barthélémy Dias est le candidat à abattre à Dakar, affirme Abass Fall. En raison de son tempérament, les gens essaient de le provoquer pour le pousser à la faute. Depuis le début de la campagne il n’y a eu aucune attaque venant de nous. Et nous changeons toujours les itinéraires de nos caravanes en fonction des itinéraires des autres pour éviter les affrontements. »

Le directeur de campagne assure également qu’à chaque sortie, les militants sont sensibilisés sur la non violence avec un discours d’apaisement. Sa coalition a néanmoins refusé de signer la charte de non violence proposée par le Cadre unitaire pour l’Islam au Sénégal (Cudis).

Plus de 6,6 millions d’électeurs sont appelés aux urnes pour ces élections locales. La conquête de Dakar sera l’un des grands enjeux de ce scrutin qui a valeur de test pour l’opposition et le pouvoir avant les législatives de juillet prochain et la présidentielle en 2024.

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Source: Jeune Afrique/Mis en liggne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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