Libye : une entreprise française accusée d’avoir vendu un système de surveillance électronique au maréchal Haftar

Les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH) ont découvert, en juin, que l’entreprise française Nexa Technologies avait illégalement vendu du matériel de surveillance de pointe au maréchal Haftar, dirigeant de l’Armée nationale libyenne, révèle Libération.

Nexa Technologies est soupçonnée d’avoir vendu aux forces du maréchal un système dit « Alpha max » permettant d’intercepter des appels téléphoniques dans une zone géographique déterminée, par le biais de sa filiale aux Emirats arabes unis. Or, une telle vente est illégale : la Libye est depuis 2011 sous le coup d’un embargo interdisant d’y exporter des armes et des systèmes de surveillance. Selon les informations de Libération, les dirigeants de Nexa Technologies ont affirmé aux enquêteurs que la vente a bien été conclue, mais que le matériel n’est jamais parvenu en Libye – il serait resté bloqué à Dubaï.

« Complicité d’actes de torture »

Nexa Technologies et sa version antérieure, Amesys (jusque dans les années 2010), sont d’ores et déjà au cœur de plusieurs procédures pour des ventes d’outils de surveillance téléphonique ou sur Internet à la Libye de Mouammar Kadhafi et à l’Egypte du maréchal Al-Sissi. Ces outils ont été directement utilisés par ces régimes pour réprimer leurs opposants, affirment plusieurs ONG qui ont porté plainte contre l’entreprise. Depuis juin dernier, une procédure pour « complicité d’actes de torture et de disparitions forcées »vise des dirigeants de Nexa Technologies pour la vente de ses outils à l’Egypte et un ancien dirigeant d’Amesys est mis en examen pour « complicité d’actes de torture » pour ses ventes de matériel à la Libye de Kadhafi.

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Le maréchal Haftar, à la tête d’une offensive militaire sur Tripoli en 2019 et 2020, a finalement renoncé à conquérir le pays par la force depuis son bastion dans l’est. Il a annoncé mi-novembre sa candidature à l’élection présidentielle prévue ce 24 décembre. Soupçonné d’exactions et faisant l’objet de plaintes, y compris en France, le maréchal a bénéficié ces dernières années du soutien discret de Paris – début 2020, il avait été reçu à l’Elysée, lors d’une rencontre qui ne figurait pas sur l’agenda officiel.

Source: Le Monde Afrique/ Mis en ligne:Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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