L’Algérie toujours fortement dépendante des hydrocarbures,

De nombreuses incertitudes planent sur le modèle économique algérien véritablement à bout de souffle. Les aménagements en cours suffiront-ils à l’améliorer ?

L’Algérie, où une élection présidentielle massivement rejetée par la population vient de se tenir jeudi, est le théâtre depuis février d’une fronde populaire contre un régime perçu comme figé et corrompu dans un pays riche en hydrocarbures. Il faut souligner que depuis un douloureux plan d’ajustement structurel dans les années 1990 et grâce à la rente pétrolière, l’Algérie, dont les recettes liées aux hydrocarbures rapportent plus de 95 % des recettes extérieures et financent 60 % du budget, s’est refusée à emprunter sur les marchés internationaux. Autre caractéristique, l’économie algérienne reste marquée par une forte intervention étatique. La rente pétrolière subventionne notamment carburant, eau, santé, logements et produits de base.

Pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Algérie est le 3e producteur de brut d’Afrique et parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz. Le pays produit actuellement environ un million de barils de pétrole par jour contre plus de 1,4 million en 2005, selon les autorités.

Se remettre de l’effondrement des cours depuis 2014

Fin 2018, dans un rapport intitulé « Surmonter la paralysie économique de l’Algérie », le centre d’analyse International Crisis Group (ICG) estimait que des réformes étaient urgentes pour diversifier l’économie. Le pays peut néanmoins compter sur une dette extérieure inférieure à 2 % du PIB et à des partenaires « prêts à apporter leur soutien ». À la mi-novembre, les députés ont adopté un projet de loi visant à assouplir et simplifier le régime juridique et fiscal du secteur des hydrocarbures pour attirer les investisseurs étrangers. Mais le texte a suscité un tollé car soupçonné de « brader » la richesse nationale aux multinationales.

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Planche à billets

En fait, les décisions douloureuses n’ont jamais été prises. Par exemple, pour financer un déficit budgétaire creusé par des cours en berne depuis 2014, les autorités avaient préféré fin 2017 autoriser le Trésor à emprunter directement auprès de la Banque d’Algérie (financement non conventionnel), une création monétaire ayant des effets inflationnistes. Les choses pourraient changer dans les années à venir, puisque les députés algériens ont voté mi-novembre la loi de finances 2020, qui entérine notamment le recours « sélectif » à l’emprunt extérieur et l’abandon de l’obligation pour les investisseurs étrangers de s’associer à des partenaires algériens majoritaires, selon l’agence de presse officielle APS.

Perspectives pour 2020

Ainsi, la loi de finances 2020 prévoit « le recours en cas de besoin et de manière sélective au financement extérieur auprès des institutions financières internationales pour le financement des projets économiques structurels et fructueux », a rapporté l’agence de presse algérienne APS. « Dans l’objectif d’améliorer le climat des investissements, le texte de loi stipule l’abrogation de la règle 51/49 % pour les secteurs non stratégiques », a ajouté l’agence officielle, en référence à la réglementation contraignant tout investisseur étranger à s’associer à un ou plusieurs partenaires algériens regroupant au minimum 51 % des parts.

La loi de finances prévoit la poursuite de la baisse des réserves de change qui devraient totaliser 51,6 milliards de dollars fin 2020, soit l’équivalent de 12,4 mois d’importations. Elles s’établissaient à 195 milliards de dollars en mars 2014, avant la chute des cours, et sont passées sous les 100 milliards fin 2017. Le déficit budgétaire s’établit à quelque 11,5 milliards d’euros, malgré une baisse de 8,6 % des dépenses publiques, essentiellement sur le poste investissement (- 18,7 %). Celles de fonctionnement – notamment 21,8 milliards d’euros de masse salariale – restent stables (- 1,2 %).

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Les recettes de l’État s’annoncent en baisse de 7 %, à environ 46,7 milliards d’euros, en raison du recul de celles liées à la fiscalité pétrolière (- 16 milliards d’euros environ). Environ 25 % du budget (environ 13,5 milliards d’euros) reste consacré au maintien du généreux système des « transferts sociaux » (subvention de nombreux produits de base, de l’énergie, des transports, aides aux logements, éducation et soins gratuits), une dépense représentant 8,4 % du PIB. Basée sur un prix du marché du baril de brut à 60 dollars, la loi de finances prévoit une croissance économique d’environ 1,8 % et une poursuite de l’inflation à 4,08 %.

Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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