La révision des Constitutions pour conserver le pouvoir en Afrique

A gauche, Alassane Ouattara, à droite Alpha Condé

Le président ivoirien Alassane Ouattara et le guinéen Alpha Condé misent sur la modification de la Constitution pour espérer briguer un nouveau mandat avec pour argument que les “compteurs sont remis à zéro ».

Le président ivoirien Alassane Ouattara a annoncé ce jeudi (06.08.20) sa candidature à l’élection présidentielle du 31 octobre dans son pays. Son homologue guinéen Alpha Condé a pour sa part été investi par son parti mais celui-ci réserve pour l’instant sa réponse. 


Que ce soit en Côte d’Ivoire ou en Guinée, les deux présidents misent sur la modification de la Constitution pour espérer briguer un nouveau mandat, avec pour argument que les “compteurs sont remis à zéro » après ces modifications constitutionnelles. 

La Constitution ivoirienne a été modifiée à l’issue d’un référendum en octobre 2016. Conséquence : une nouvelle République est née, la troisième. Cela permet juridiquement à Alassane Ouattara de briguer un nouveau mandat lors de l’élection présidentielle du 31 octobre à laquelle il est candidat. 

Cette option n’aurait pas été possible si la Constitution n’avait pas été modifiée. Car l’ancienne loi fondamentale limitait le nombre de mandats à deux.

Victor Topanou, professeur de sciences politiques à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin, regrette que les Constitutions en Afrique soient révisées ou modifiées avec pour seul objectif de maintenir les chefs d’Etat au pouvoir. 

« On a eu très peu de ce que j’appelle les révisions de confort. C’est à dire qu’ils se soient juste contentés de créer des droits nouveaux pour les citoyens et de renforcer les systèmes existants », explique  l’ancien ministre de la Justice et Garde des Sceaux du Bénin (2009-2011) et membre de la commission chargée des réformes politiques et institutionnelles mise en place par le président Patrice Talon en 2016.

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La situation est similaire en Guinée, où le président Alpha Condé a fait adopter une nouvelle Constitution en mars dernier. Ce qui lui permet de se présenter, s’il le souhaite, à la présidentielle théoriquement prévue le 18 octobre. 
  
Chances de réélection 
 
Plusieurs analystes estiment qu’Alassane Ouattara, au pouvoir depuis dix ans, va bénéficier de la prime aux sortants, comme d’ailleurs les autres président-candidats sur le continent en se faisant réélire.

En plus, ADO (Alassane Dramane Ouattara), comme l’appellent affectueusement ses partisans, contrôle l’appareil politique, économique, électoral et administratif du pays.  

Cependant, sa réélection pourrait être compromise en cas d’union de ses principaux rivaux, surtout en cas de report effectif de leur voix car le vote est ethnique et communautaire en Côte d’Ivoire.


« Nous sommes bien partis pour un rejet de la candidature de Laurent Gbagbo et celle de Guillaume Soro. Dans ce cas de figure, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro pourraient appeler leurs militants et électeurs à voter pour Henri Konan Bedié dès le premier tour. Si Laurent Gbagbo et Guillaume Soro arrivent à convaincre leurs électeurs, je pense que l’opposition a son mot à dire dans cette présidentielle »,  affirme Sylvain N’Guessan, docteur en théories politiques. Il dirige à Abidjan l’Institut de stratégies. 

Sylvain N’Guessan ne se fait d’ailleurs pas d’illusion non plus quant à la réélection du président guinéen, Alpha Condé, s’il acceptait d’être candidat.  

« L’opposition n’a pas une stratégie cohérente puisqu’elle menace de boycotter cette présidentielle. Ce sera un boulevard tout ouvert pour le président Condé », conclut le chercheur.

Source :Deutsch Welle Afrique /Mis en ligne :Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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