La Namibie renoue avec la croissance

La zone piétonne de la capitale namibienne, Windhoek, le 2 décembre 2019.
© OLIVER BERG / DPA / dpa Picture-Alliance/AFP

C’est l’embellie pour le pays voisin de l’Afrique du Sud. Après trois ans de récession, l’économie namibienne repart.

Enfin une bonne nouvelle pour la région de l’Afrique australe rudement secouée ces derniers temps par une conjoncture climatique et économique des plus délicates. Alors que l’Afrique du Sud vient tout juste de basculer en récession, la Namibie, elle, renoue avec la croissance. En 2020, elle atteindra 1,6 % du PIB, d’après les conclusions du Fonds monétaire international (FMI), en mission à Windhoek du 24 au 28 février. Après trois années de récession – à – 0,9 %, – 0,1 % et – 0,2 % observés respectivement en 2017, 2018 et 2019 –, l’économie du pays reprend donc quelques couleurs.

Impact du secteur minier et de l’atténuation de la sécheresse

Une embellie rendue possible grâce aux bons résultats de la production minière, une branche clé en Namibie. Si le secteur avait durement pâti en 2019 de la fermeture de la mine de diamants d’Elizabeth Bay, il récolte aujourd’hui les fruits du dynamisme de la mine de Husab, troisième mine d’uranium à ciel ouvert du monde. L’atténuation de la sécheresse – qui sévissait dans le pays depuis 2016 – a également profité à l’économie, stimulée par les bons rendements agricoles. Malgré les progrès constatés par le FMI, la situation reste tout de même fragile pour la Namibie.

Car les deux secteurs qui lui permettent aujourd’hui de renouer avec la croissance sont aussi ceux qui peuvent la faire plonger. L’agriculture est en effet très dépendante des aléas liés au changement climatique. Et l’activité des mines reste quant à elle soumise à la volatilité des prix des matières premières. L’épidémie de Covid-19 et les recettes de l’Union douanière d’Afrique australe (SACU), plus faibles que prévu, s’ajoutent aux menaces qui pèsent sur cette frêle reprise.

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Des mesures salvatrices préconisées

Pour la renforcer, le FMI a donc livré quelques pistes de réflexion aux autorités. En premier lieu, « la poursuite des politiques d’ajustement budgétaire afin de stabiliser la dette publique », qui augmente chaque année. Plusieurs mesures visant à améliorer le climat des affaires ont aussi été listées par l’institution. Parmi elles, la « rationalisation des réglementations commerciales », « la suppression des obstacles relatifs aux coûts élevés de l’électricité et des transports » ou encore « l’alignement des salaires du secteur public » et la « suppression des obstacles aux exportations ».

S’il veut poursuivre sur la voie de la croissance, le gouvernement devra aussi « remédier aux pénuries de travailleurs qualifiés », indique la note du FMI. Un paradoxe quand l’on sait que le taux de chômage de la Namibie s’élève depuis plusieurs années à plus de 30 %. Cette situation contraint non seulement la consommation mais entretient surtout les fortes inégalités qui paralysent la Namibie.

À terme, elles pourraient constituer un terreau favorable à l’éclosion d’un mécontentement général de la population. Et menacer la pérennité du pays, réputé, pourtant, à l’international pour sa stabilité. Lors des élections générales de novembre 2019, le SWAPO, parti au pouvoir depuis 1990, a perdu 14 sièges au Parlement. Comme un premier avertissement lancé aux autorités par les Namibiens.

Source: Le Point Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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