Intenses tractations diplomatiques autour d’un conflit libyen de plus en plus internationalisé

Des drapeaux de la Libye et de la Turquie agités lors d’une manifestation sur la Place des Martyrs au centre de la capitale libyenne, Tripoli, le 21 juin 2020. © Mahmud TURKIA / AFP

La guerre en Libye est au centre d’une suractivité diplomatique en raison des tensions internationales, notamment entre la France et la Turquie, et régionales, alors que l’Égypte a menacé d’intervenir directement dans le conflit.

Le conflit en Libye est au cœur d’intenses tractations diplomatiques, alors que la tension est montée crescendo ces derniers jours entre la France et la Turquie. Les deux pays s’accusent mutuellement de contribuer à la dégradation d’une situation déjà très compliquée.  

C’est dans ce contexte que le président Emmanuel Macron et son homologue russe Vladimir Poutine, qui doivent s’entretenir vendredi après-midi par visioconférence, aborderont, parmi d’autres dossiers, le conflit en Libye. 

Une guerre dont Moscou est l’un des principaux acteurs étrangers, de par son soutien aux forces du maréchal Haftar, également appuyé par l’Égypte et les Émirats arabes unis, face aux forces du Gouvernement d’union nationale libyen (GNA), reconnu par l’ONU et soutenu par Ankara. 

Escalade verbale franco-turque 

Le président Emmanuel Macron est monté d’un cran en début de semaine dans l’escalade verbale avec la Turquie, en dénonçant le « jeu dangereux » d’Ankara en Libye. Paris reproche notamment à Ankara d’armer massivement les forces du GNA, et d’avoir dépêché des milliers de mercenaires syriens sur le terrain, en violation de l’embargo sur les armes décidé par les Nations unies

Les Turcs, dont l’intervention directe dans le conflit a scellé l’échec de l’offensive du maréchal lancée en avril 2019 sur la capitale Tripoli, accusent de leur côté les Français de soutenir le “pustchiste” Haftar. 

Paris a également activé la carte européenne en demandant, mercredi, à Bruxelles de se pencher « sans tabou » sur sa relation avec la Turquie, membre de l’Otan.  

Il faut « des clarifications sur le rôle que la Turquie entend jouer en Libye », a indiqué le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, qui estime que le « renforcement de son poids » dans ce pays « aboutit au fait que les Russes renforcent le leur » aux côtés du maréchal Haftar. Et en conséquence de compliquer toute perspective de cessation des hostilités, en provoquant au contraire « une syrianisation” de la Libye

A LIRE AUSSI:   Isabel dos Santos : le Portugal gèle les avoirs de la milliardaire angolaise

D’autant plus que la France prend au sérieux les récentes menaces de l’Égypte, qui a averti que toute avancée des pro-GNA vers Syrte, verrou stratégique vers l’Est et le fief du maréchal Haftar, pourrait entraîner une intervention « directe » du Caire. Des propos considérés comme une « déclaration de guerre » par le GNA.   

L’Italie redoute une partition du pays 

Alors que le conflit ne cesse de s’internationaliser, l’Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, redoute la partition d’un pays plongé dans l’instabilité depuis la chute et la mort du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011. 

Le ministre italien des Affaires étrangères Luigi di Maio, en visite éclair mercredi à Tripoli, s’est entretenu avec le Premier ministre Fayez al-Sarraj, avec lequel il a convenu de « la nécessité de la reprise du processus politique et la fin des ingérences étrangères négatives ». Un qualificatif qui permet au GNA d’épargner la présence de la Turquie, considérée comme un allié stratégique depuis la signature d’un accord « de coopération militaire et sécuritaire » en novembre 2019, à Istanbul par Recep Tayyip Erdogan et Fayez al-Sarraj 

« Nous ne pouvons pas nous permettre une partition du pays. C’est pour cela que nous sommes allés d’abord à Ankara », ont indiqué des sources proches du ministre italien, qui s’était rendu en Turquie le 19 juin, au journal Il Messaggero.  

Le GNA plombe le communiqué de la Ligue arabe 

Par ailleurs, la Ligue arabe, qui peine à se faire entendre sur ce dossier, a appelé de son côté, mardi, au retrait de Libye des troupes étrangères et à l’ouverture de pourparlers pour mettre fin au conflit. 

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaineJe m’abonne

C’est à la demande de l’Égypte que la Ligue arabe a tenu une réunion en vidéoconférence sur le conflit à laquelle ont participé les représentants de 21 pays arabes, dont le GNA, qui avait initialement refusé l’invitation du Caire. 

A LIRE AUSSI:   L’Afrique du Sud émet des mandats d’arrêt dans l’affaire du meurtre de l’ex-chef du renseignement rwandais

Dans un communiqué, la Ligue arabe a dit « rejeter toutes les interventions étrangères illégitimes » en Libye et réclamé « le retrait de toutes les forces étrangères du territoire de la Libye et de ses eaux territoriales ». 

Là aussi, le représentant du GNA, Saleh al-Shemakhy, a exprimé des réserves sur l’appel de la Ligue, déclarant que les forces étrangères (la Turquie) qui soutiennent le GNA contribuaient à repousser l' »agression » des forces du maréchal Haftar.

Source : France 24 /Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

Read Previous

La RD Congo proclame officiellement la fin de l’épidémie d’Ebola dans l’Est

Read Next

Pompeo affirme que les prêts accordés à la Chine par l’Afrique créent un fardeau de dette insoutenable