Après que l’armée éthiopienne a mené vendredi de nouvelles frappes au Tigré, l’ONU a annoncé la suspension de ses vols en direction de la région en guerre pour ses personnels humanitaires.

Une nouvelle frappe aérienne menée par l’armée éthiopienne sur le Tigré a fait onze blessés et contraint un vol d’aide de l’ONU à rebrousser chemin, vendredi 22 octobre, selon des médecins et des sources humanitaires. L’ONU a dans la foulée décidé de suspendre ses deux vols par semaine vers le Tigré pour ses personnels humanitaires, a déclaré son porte-parole Stéphane Dujarric lors d’un point presse.

Cette quatrième journée d’opérations aériennes sur la ville de Mekele coïncide avec une intensification des combats plus au sud, dans la région de l’Amhara.

Plaque tournante dans les combats

Une porte-parole du gouvernement, Billene Seyoum, a affirmé à l’AFP que l’aviation éthiopienne a visé un centre d’entraînement des rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) qui « servait également de plaque tournante dans les combats » menés par cette « organisation terroriste ».

Vendredi après-midi, onze civils ont été hospitalisés à l’hôpital Ayder, le principal de la région a déclaré un responsable, le Dr Hayelom Kebede. L’un deux a succombé à ses blessures, a-t-il dit.

Des habitants interrogés par l’AFP ont indiqué que la frappe a touché un champ, brûlant selon l’un d’entre eux du fourrage pour le bétail.

Le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed est engagé depuis onze mois dans un conflit dans la région septentrionale du Tigré.

Nouvelles frappes

Abiy Ahmed y a envoyé l’armée le 4 novembre 2020 pour chasser les autorités régionales dissidentes issues du TPLF, qu’il accuse d’avoir orchestré des attaques contre des bases militaires.

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Le prix Nobel de la paix 2019 avait proclamé la victoire fin novembre, mais en juin 2021 le TPLF a repris la majeure partie de la région. L’armée éthiopienne s’était alors largement retirée.

Lundi, l’aviation éthiopienne a mené deux frappes sur Mekele qui ont tué, selon l’ONU, trois enfants et blessé plusieurs personnes.

Mercredi, elle a bombardé des caches d’armes du TPLF à Mekele et dans la ville d’Agbe, située à environ 80 kilomètres à l’ouest. Un responsable de l’hôpital de la ville a indiqué à l’AFP que cette frappe avait fait au moins huit blessés, dont une femme enceinte.

Une quatrième frappe a visé la capitale régionale jeudi sans faire de victime, selon les médecins et le TPLF.

Échanges de feu

Le vol de l’ONU qui a dû faire demi-tour en raison de la frappe vendredi transportait onze humanitaires, selon Gemma Connell, cheffe du bureau de coordination humanitaire des Nations unies pour l’Afrique de l’Est.

« Je peux confirmer que le gouvernement était informé de ce vol avant son décollage et peux aussi confirmer que le vol a dû faire demi-tour en raison des événements au sol », a-t-elle ajouté.

Le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a critiqué les forces aériennes gouvernementales pour avoir mis cet avion en danger.

« Nos unités de défense aérienne savaient que l’avion de l’ONU devait atterrir et il n’a pas été pris dans un échange de feu largement grâce à leur retenue », a-t-il affirmé sur Twitter.

Ces frappes aériennes surviennent alors que des informations font également état d’intenses combats dans la région de l’Amhara, au sud du Tigré, où les rebelles du TPLF ont déclenché une offensive en juillet.

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Mercredi, le porte-parole du TPLF, Getachew Reda, a affirmé que les combattants rebelles avaient pris le contrôle d’au moins deux villes de la région, plaçant les villes de Kombolcha et de Dessie – où des dizaines de milliers de personnes ont cherché refuge face à l’avancée du TPLF – « à portée d’artillerie ».

Black-out des communications

Une grande partie du nord de l’Éthiopie est soumise à un black-out des communications et l’accès des journalistes est restreint, rendant difficile une vérification indépendante des positions sur le terrain.

Des habitants de Dessie ont signalé jeudi une forte présence militaire dans la région, alors que les civils venant de villes situées plus au nord continuaient d’affluer.

L’ONU continue d’alerter sur la situation humanitaire désastreuse au Tigré.

Le Bureau de coordination humanitaire de l’ONU (Ocha) a souligné dans son rapport hebdomadaire jeudi soir que plusieurs organisations ont été contraintes de suspendre leur distribution de nourriture, faute de carburant, alors que les besoins sont de plus en plus urgents.

L’AFP a pu confirmer des décès causés par la faim dans plusieurs parties de la région, sur la base de documents internes et d’une organisation humanitaire sur place.

Source: France 24/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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