En Algérie, les autorités ferment trois lieux de culte protestants

les chrétiens algériens manifestent contre la fermeture des églises

Les trois églises sont situées l’une à Makouda et deux à Tizi Ouzou, deux localités de la région de Kabylie, à environ 90 kilomètres à l’est d’Alger.

Les autorités algériennes ont fait fermer mardi 15 et mercredi 16 octobre trois nouveaux lieux de culte de l’Eglise protestante d’Algérie (EPA), qui regroupe une cinquantaine de communautés notamment évangéliques, a dénoncé son président, le pasteur Salah Chalah. Le motif officiel de ces fermetures « est exercice du culte sans autorisation », mais « c’est un prétexte », a expliqué à l’AFP par téléphone le pasteur Chalah, soulignant que « depuis 2018, douze communautés affiliées à l’EPA ont été fermées ».

Les trois églises sont situées l’une à Makouda et deux à Tizi Ouzou, deux localités de la région de Kabylie, à environ 90 kilomètres à l’est d’Alger, selon l’EPA. « On estime qu’on est dans la légalité », a-t-il ajouté, soulignant que l’EPA – qui revendique 46 lieux de cultes dans 12 des 48 régions du pays et une dizaine de milliers de fidèles – est une association agréée depuis sa création en novembre 1974. L’ordonnance du 28 février 2006 sur les « conditions et règles d’exercice des cultes autres que musulman » conditionne l’ouverture d’un lieu de culte à une « Commission nationale des cultes ».

Eglises évangéliques

Ni le ministère de l’intérieur ni le ministère des affaires religieuses n’ont répondu dans l’immédiat aux demandes de l’AFP. En décembre 2018, le ministre des affaires religieuses Mohamed Aïssa avait rappelé que la liberté de culte est garantie par la Constitution, mais affirmé que l’EPA « ne respecte pas les lois algériennes »« La voix de l’Eglise protestante [d’Algérie] sera entendue, lorsqu’elle aura officialisé sa situation » administrative, avait-il ajouté, assurant que la Commission des cultes n’avait reçu « aucune demande de l’Eglise protestante, contrairement aux Eglises catholique et anglicane ».

Historiquement, en 1974, l’EPA se revendiquait d’un protestantisme « classique », a expliqué à l’AFP l’historienne Karima Dirèche, qui a travaillé sur la liberté de culte et les Eglises néo-évangéliques en Algérie. Depuis, des Eglises évangéliques, qui « n’ont qu’un lointain rapport avec les Eglises protestantes historiques en Algérie », se sont greffées à l’EPA pour bénéficier de son agrément, a-t-elle ajouté.

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Ces Eglises néo-évangéliques sont dans le viseur des autorités, car « ce sont celles qui font le plus de bruit, estime l’historienne. Les fidèles revendiquent leur algérianité et leur conversion, et affichent clairement leur projet de réveil du christianisme en pays musulman », confrontant « les autorités pour la première fois à une expression de pluralité religieuse en Algérie ».

Si l’ordonnance de 2006 contraint les associations cultuelles non musulmanes à un processus administratif lourd, elle « acte par le droit la présence des chrétiens en Algérie » et n’interdit pas l’apostasie (et donc la conversion), mais simplement le « prosélytisme », rappelle aussi l’historienne.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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