En Afrique du Sud, polémique sur la prolongation de l’interdiction du tabac malgré le déconfinement

Un brasseur à Soweto, en Afrique du Sud, en février 2018. James Oatway / REUTERS

Le président Cyril Ramaphosa avait décidé de prohiber l’alcool et les cigarettes il y a cinq semaines. Les acteurs du secteur veulent saisir la justice.

La décision du gouvernement sud-africain de prolonger l’interdiction de la vente de tabac pendant le confinement anticoronavirus a viré à la polémique avec les industriels du secteur, qui ont annoncé leur intention de porter l’affaire en justice.

La vente des cigarettes, comme celle de l’alcool, est strictement prohibée dans le pays depuis que le président Cyril Ramaphosa a ordonné il y a cinq semaines à ses compatriotes de rester chez eux pour ralentir la progression de la pandémie de Covid-19. A ce jour, plus de 5 600 cas d’infection, qui ont fait une centaine de morts, y ont été officiellement rapportés.

En annonçant le début, vendredi 1er mai, de la levée progressive du confinement, M. Ramaphosa a précisé que les ventes de tabac pourraient reprendre. Mais son gouvernement a fait demi-tour mercredi et décidé que l’interdiction serait prolongée « au nom de la santé » de la population.

Producteurs et vendeurs sont immédiatement montés au créneau. L’Association indépendante et équitable du tabac (FITA) s’est dite « stupéfaite » du revirement du gouvernement. « Nous n’avons pas d’autre choix que de saisir la justice pour obtenir satisfaction », a déclaré à l’AFP son porte-parole, Sinenhlanhla Mnguni.

L’Alliance des commerçants informels (SAITA), qui représente des dizaines de milliers de vendeurs informels, a, elle, rappelé que le tabac n’était pas interdit dans le pays. « En tant que vendeurs, nous ne faisons que fournir un service à des clients, a rappelé son président, Rosheda Muller. Cela nous permet de nourrir nos familles et d’assurer l’éducation de nos enfants. »

« La santé doit primer »

L’interdiction de la vente de tabac a jusque-là coûté 300 millions de rands (15 millions d’euros) de taxes au budget de l’Etat, a révélé au Parlement le patron du fisc sud-africain, Edward Kieswetter.

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Grand argentier d’un pays déjà en récession avant la pandémie, le ministre des finances, Tito Mboweni, a lui-même avoué aux députés qu’il n’était « pas favorable au maintien de l’interdiction de l’alcool et du tabac »« Mais j’ai perdu l’arbitrage et donc j’ai dû m’aligner », a-t-il ajouté.

Plus de 400 000 Sud-Africains déjà ont par ailleurs signé une pétition exigeant la reprise du commerce des cigarettes. « On ne nous a donné qu’un jour de préavis avant l’interdiction, c’est injuste et malveillant », écrivent-ils.

A l’inverse, les opposants à l’usage du tabac se sont bruyamment réjouis de la volte-face des autorités. « Nous applaudissons le gouvernement d’avoir choisi de mettre la santé de la nation au premier rang de sa réponse contre le Covid-19 », a déclaré le professeur Pamela Naidoo, de la Fondation pour les maladies cardiaques, « la santé doit primer sur les intérêts commerciaux ».

Source: Le Monde Afrique/Mis en Ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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