En Afrique du Nord, la Banque mondiale craint « une reprise chaotique »

Une rue du Maroc

Au Maroc, près d’un ménage modeste sur deux déclare n’avoir perçu aucun revenu durant le confinement. C’est l’un des enseignements du dernier rapport de l’institution internationale sur les répercussions du Covid dans la région.

Tous les paramètres sont dans le « rouge ». Tel est le constat livré par la Banque mondiale (BM) dans un rapport, publié le 19 octobre, présentant les perspectives économiques pour le Maghreb et le Moyen-Orient.

Dans le document, intitulé « Commercer ensemble : vers une relance de l’intégration de la région Maghreb et Moyen-Orient à l’ère post-Covid », l’institution internationale dresse un tableau très sombre de la conjoncture après sept mois de pandémie dans cette région, qui correspond grosso modo au monde arabe, si l’on en exclut l’Iran et Djibouti.À

Les plus défavorisés pâtissent en effet d’une grande fragilité ne serait-ce que parce qu’ils jouissent d’une plus faible mobilité. En Tunisie, 59 % des travailleurs qui ont été privés d’emplois durant le confinement n’ont pas perçu de salaire, 30 % l’ont conservé et 10 % n’en ont reçu qu’une partie. Au Maroc, 44 % des ménages les plus pauvres ont déclaré n’avoir touché aucun revenu durant le confinement, une proportion qui atteint 10 % parmi les ménages les plus riches.

Même si elles sont connues, la Banque rappelle les causes de ces difficultés : « mauvaises performances en matière de logistique, inefficacité des services douaniers, niveau élevé des coûts d’infrastructures, inadaptation des cadres juridiques à l’investissement, hétérogénéité des réglementations qui s’ajoutent au coût élevé des opérations commerciales et représentent désormais des obstacles non-tarifaires au commerce ».

Repenser les politiques économiques

Pour l’accès des entreprises au crédit, la région est « à la traîne du reste du monde », souligne l’institution. Il faut compter en moyenne 442 dollars et 53 heures pour remplir les formulaires à l’export, c’est-à-dire un montant trois fois plus important et un délai quatre fois plus long que dans les pays développés de l’OCDE.

POUR RÉUSSIR CETTE MUTATION, TOUS LES PAYS DOIVENT COMMERCER AVEC LEURS VOISINS

Dans ce contexte, « la pandémie de la Covid-19 offre aux pays de la région une excellente occasion de repenser leurs politiques économiques et sociales et de renforcer l’intégration commerciale, tout en réduisant leur dépendance à l’égard du pétrole », plaide la responsable du rapport, Blanca Moreno-Dodson, directrice du Centre pour l’intégration de la Méditerranée.À LIRE [Tribune] Coronavirus : pourquoi le Maghreb doit rompre avec le chacun pour soi

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Pour réussir cette mutation, tous les pays doivent jouer la carte régionale et commercer avec leurs voisins, qu’il s’agisse de sécurité alimentaire, de système de santé, d’énergies renouvelables ou d’économie du savoir, insiste la Banque mondiale.

Plaidoyer en faveur de l’intégration régionale

« Une connexion internet de piètre qualité » avec des « solutions de paiement électronique inexistantes » doit se transformer en un « marché numérique commun » qui améliorera la productivité et la résilience des économies. Sans compter que la perspective d’accéder enfin à un marché régional plus vaste attirera les investisseurs aujourd’hui découragés par les barrières douanières et réglementaires servant des intérêts locaux de courte vue.

LE MAGHREB ÉCHANGE PLUS AVEC L’EUROPE QU’AVEC SES VOISINS

Pour rappel, l’Union du Maghreb arabe (UMA) a l’un des taux d’intégration les plus faibles du monde : le commerce entre ses membres est seulement de 2,4 % de leur commerce international total. Le Maghreb échange plus avec l’Europe qu’avec ses voisins.

La Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) devrait fournir des « gains de bien-être » de 5,3 % au Maroc, de 5 % à l’Égypte ou encore de 4,8 % à la Tunisie… lorsque les restrictions au commerce seront levées et la circulation temporaire (via les visas) des personnes sera facilitée entre les 55 États membres, avance la BM. D’où l’urgence, selon l’institution, d’en finir avec le repli sur soi.

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La croissance du produit intérieur brut (PIB) y chutera de 5,2 % en 2020, soit 7,8 points de moins qu’il était prévu en octobre 2019. Plusieurs autres indicateurs sont sans appel : les comptes courants seront déficitaires de -4,8 % du PIB, les déficits budgétaires plongeront à -10,1 % du PIB et la dette publique bondira de 45 % du PIB en 2019 à 58 % en 2022.

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Seule l’Égypte évite la récession

En Afrique du Nord, il n’y a que l’Égypte pour tirer son épingle du jeu et éviter une récession avec +5,6 % de croissance en 2019, +3,5 % en 2020 et +2,3 % en 2021. Tous les autres pays sont à la peine : l’Algérie (+0,8 %, -6,7 %, +4,1%), le Maroc (+2,5 %, -6,3 %, +3,4%) et la Tunisie (+1 %, -9,2 %, +5,9%). La Libye n’est citée que pour mémoire tant son chaos rend difficile l’appréciation de son économie (+1 %, -40,9 %, -3,6%). Sans surprise, la BM en conclut que « cela laisse présager une reprise chaotique et difficile », qui touchera en premier lieu les plus pauvres.

POUR L’ACCÈS DES ENTREPRISES AU CRÉDIT, LA RÉGION EST « À LA TRAÎNE DU RESTE DU MONDE »

Les plus défavorisés pâtissent en effet d’une grande fragilité ne serait-ce que parce qu’ils jouissent d’une plus faible mobilité. En Tunisie, 59 % des travailleurs qui ont été privés d’emplois durant le confinement n’ont pas perçu de salaire, 30 % l’ont conservé et 10 % n’en ont reçu qu’une partie. Au Maroc, 44 % des ménages les plus pauvres ont déclaré n’avoir touché aucun revenu durant le confinement, une proportion qui atteint 10 % parmi les ménages les plus riches.

Même si elles sont connues, la Banque rappelle les causes de ces difficultés : « mauvaises performances en matière de logistique, inefficacité des services douaniers, niveau élevé des coûts d’infrastructures, inadaptation des cadres juridiques à l’investissement, hétérogénéité des réglementations qui s’ajoutent au coût élevé des opérations commerciales et représentent désormais des obstacles non-tarifaires au commerce ».

Repenser les politiques économiques

Pour l’accès des entreprises au crédit, la région est « à la traîne du reste du monde », souligne l’institution. Il faut compter en moyenne 442 dollars et 53 heures pour remplir les formulaires à l’export, c’est-à-dire un montant trois fois plus important et un délai quatre fois plus long que dans les pays développés de l’OCDE.

POUR RÉUSSIR CETTE MUTATION, TOUS LES PAYS DOIVENT COMMERCER AVEC LEURS VOISINS

Dans ce contexte, « la pandémie de la Covid-19 offre aux pays de la région une excellente occasion de repenser leurs politiques économiques et sociales et de renforcer l’intégration commerciale, tout en réduisant leur dépendance à l’égard du pétrole », plaide la responsable du rapport, Blanca Moreno-Dodson, directrice du Centre pour l’intégration de la Méditerranée.

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Pour réussir cette mutation, tous les pays doivent jouer la carte régionale et commercer avec leurs voisins, qu’il s’agisse de sécurité alimentaire, de système de santé, d’énergies renouvelables ou d’économie du savoir, insiste la Banque mondiale.

Plaidoyer en faveur de l’intégration régionale

« Une connexion internet de piètre qualité » avec des « solutions de paiement électronique inexistantes » doit se transformer en un « marché numérique commun » qui améliorera la productivité et la résilience des économies. Sans compter que la perspective d’accéder enfin à un marché régional plus vaste attirera les investisseurs aujourd’hui découragés par les barrières douanières et réglementaires servant des intérêts locaux de courte vue.

LE MAGHREB ÉCHANGE PLUS AVEC L’EUROPE QU’AVEC SES VOISINS

Pour rappel, l’Union du Maghreb arabe (UMA) a l’un des taux d’intégration les plus faibles du monde : le commerce entre ses membres est seulement de 2,4 % de leur commerce international total. Le Maghreb échange plus avec l’Europe qu’avec ses voisins.

La Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) devrait fournir des « gains de bien-être » de 5,3 % au Maroc, de 5 % à l’Égypte ou encore de 4,8 % à la Tunisie… lorsque les restrictions au commerce seront levées et la circulation temporaire (via les visas) des personnes sera facilitée entre les 55 États membres, avance la BM. D’où l’urgence, selon l’institution, d’en finir avec le repli sur soi.

Source : Jeune Afrique/ Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

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