Dopage et corruption : Lamine Diack risque quatre ans de prison

Lamine Diack

Alors que le procès, qui se tient à Paris, touche à sa fin, le procureur a requis une peine assez lourde, surtout compte tenu des 87 ans de l’accusé.

Après quatre heures de réquisitoire, le procureur François-Xavier Dulin a convenu qu’il fallait tenir compte de l’âge de Lamine Diack, « au soir de sa vie » à 87 ans, mais que le Sénégalais avait commis « une infraction énorme […] à la probité qui a causé un préjudice mondial ».

L’ancien président (1999-2015) de la Fédération internationale d’athlétisme et son fils, qui avait la main sur le marketing à l’IAAF, sont jugés à Paris, avec quatre autres personnes pour avoir permis de retarder, à partir de 2011, des sanctions disciplinaires contre des athlètes russes soupçonnés de dopage.

Le Parquet national financier a donc requis ce mercredi quatre ans de prison contre l’ancien patron de l’athlétisme mondial Lamine Diack, et cinq pour son fils Papa Massata, au procès d’un système de corruption sur fond de dopage en Russie et d’argent des sponsors. Contre le père et le fils, absent à son procès et contre lequel un mandat d’arrêt a été requis, les procureurs financiers ont aussi réclamé 500 000 euros d’amende chacun et une interdiction d’exercer dans le sport.

Contrats de sponsors, droits télévisés

Leur but selon l’accusation : obtenir un coup de main des autorités à Moscou pour le renouvellement des contrats de sponsoring et de diffusion avec la banque d’État russe VTB et la chaîne de télé publique RTR, en vue des Mondiaux de Moscou 2013. Mais aussi recevoir des fonds du pouvoir russe pour financer l’opposition au sortant Abdoulaye Wade lors de la présidentielle 2012 au Sénégal, remportée par Macky Sall. Cette contrepartie, Lamine Diack lui-même l’a spontanément évoquée durant l’enquête, parlant d’une somme d’1,5 million de dollars, pour finalement démentir pendant le procès.

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Souvent confus, il s’est borné à reconnaître qu’il avait donné l’ordre d’échelonner les sanctions contre les Russes, pour, selon lui, sauver l’IAAF d’un scandale fatal pour ses finances.

Le parquet a aussi requis quatre ans de prison et la confiscation de 1,8 million d’euros contre l’ancien président de la fédération russe Valentin Balakhnitchev, décrit comme proche de Vladimir Poutine à l’époque des faits, et deux ans de prison et 100 000 euros contre l’ancien entraîneur Alexeï Melnikov.

Absents et visés aussi par des demandes de mandat d’arrêt, ils sont accusés d’avoir soutiré des fonds à des athlètes dopés en échange d’une « protection totale », pour un montant évalué à 3,45 millions d’euros. Des faits que Lamine Diack assure ignorer.

Les Diack père et fils

Jugé pour corruption, blanchiment en bande organisée et abus de confiance, il est aussi accusé d’avoir permis à son fils, poursuivi pour recel d’abus de confiance, corruption et blanchiment en bande organisée, de s’approprier plusieurs millions d’euros dans les négociations avec des sponsors. Soit en imposant ses sociétés comme intermédiaires, soit en s’attribuant des commissions « exorbitantes », alors qu’il était déjà payé 1 200 dollars par jour comme consultant marketing à l’IAAF.

« PMD » est « partout et tout le temps et son père l’impose partout », a résumé François-Xavier Dulin, qualifiant le fils d’« homme d’affaires véreux ». Désormais présidée par Sebastian Coe, World Athletics, nouveau nom de l’IAAF, réclame plus de 41,2 millions d’euros de dommages et intérêts aux prévenus.

Les deux procureurs ont méthodiquement décortiqué l’affaire, énumérant les nombreux mails, courriers, virements qui accréditent les accusations de corruption et décrivant l’IAAF comme un « paradis des conflits d’intérêts », devenue « l’objet de son président », qui a « presque un rang de chef d’État » et « nage dans l’argent ».

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Au début des années 2010, le passeport biologique, nouvelle arme dans l’antidopage, permet de resserrer l’étau sur la Russie, et en novembre 2011, une liste de 23 athlètes suspects est établie au département antidopage de l’IAAF.

Mais Lamine Diack, son fils et l’un de ses conseillers Habib Cissé s’envolent à Moscou, où le premier sera décoré par le président de l’époque Dmitri Medvedev. À Monaco, au siège de l’IAAF, les dossiers disciplinaires traînent en longueur, permettant à plusieurs athlètes de participer aux JO de Londres 2012, et pour certains d’y être sacrés.

Le parquet a requis deux ans de prison, dont un avec sursis, et 195 000 euros d’amende contre l’ancien patron de l’antidopage de la fédération Gabriel Dollé, 78 ans, et trois ans de prison, dont 18 mois de sursis, et 100 000 euros d’amende contre Habib Cissé, ainsi qu’une interdiction d’exercer la profession d’avocat.

Les débats se terminent ce jeudi par les plaidoiries de la défense.

Source:Le Point Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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