Djibouti: tensions autour de la détention du lieutenant Fouad Youssouf Ali

Djibouti

La Ligue djiboutienne des droits humains (LDDH) dénonce et condamne sans réserve les violences répétées des forces de sécurité contre les civils dans le pays. Opposants et militants de la société civile évoquent de nombreux blessés dont plusieurs dans un état grave, ainsi que des dizaines de civils toujours emprisonnés ce dimanche, au lendemain de manifestations violemment dispersées par la police.

Selon une source proche du pouvoir, la police serait intervenue pour mettre fin à des dégradations et parle d’un seul blessé. Seules les personnes ayant commis des faits graves seront gardées en prison, les autres relâchées, dit cette source. Des milliers de personnes ont participé à Djibouti-ville et à Ali Sabieh, dans le sud du pays, à des rassemblements demandant la libération du lieutenant Fouad Youssouf Ali, ce militaire emprisonné après avoir tenté de fuir le pays, et qui a filmé ses conditions de détention inhumaine. Deux militaires ont annoncé leur démission de l’armée en solidarité avec le détenu.

Fouad Youssouf Ali est accusé par le procureur général d’avoir tenté de voler un avion militaire pour gagner l’Érythrée, puis d’avoir fui en Éthiopie après avoir raté son décollage et endommagé l’aéronef. Des accusations ridicules, selon son avocat, maître Zakaria Abdellahi : « C’est impossible, cela n’a pas de sens parce qu’il y a quand même des règles à suivre. L’avion militaire se trouve dans un hangar. Il faut l’association de combien de personnes pour que cet avion sorte déjà du hangar : il faut les mécaniciens, il faut les assistants. Il y a toute une procédure, des règles à respecter. Je pense que quand même, ça c’est un peu pour donner plus de couleurs en disant qu’il était en relation avec une puissance étrangère, en l’occurrence l’Érythrée. Mais cela n’a aucun sens !  Prendre la fuite avec un avion et l’amener chez l’ennemi qui est l’Érythrée. Quelqu’un qui fuit la justice, quelqu’un qui se plaint de la hiérarchie militaire et qui fuit un système où ses droits ne sont pas respectés, vous croyez qu’il va aller dans le pays le plus fermé du monde, l’Érythrée. Tout le monde veut quitter l’Érythrée. Mais quelqu’un qui se plaint de la justice, il ne peut pas se rendre en Érythrée. Cela n’a pas de sens. Il peut se rendre partout. Les Djiboutiens qui fuient ici vont en Europe, vont aux États-Unis d’Amérique et au Canada. Mais ils ne vont jamais en Érythrée. Les Érythréens veulent sortir de leur pays. Donc, ça n’a pas de sens ! »

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La prochaine audience est fixée au 18 juin. D’ici, là, l’avocat espère que Fouad Youssouf Ali pourra voir au plus vite des médecins et être hospitalisé. Il salue toutefois, qu’enfin, après deux mois de détention, sa famille a pu lui rendre visite ce dimanche et lui apporter des vêtements propres et de la nourriture.

Source: Rfi Afrique/Mis en : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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