Des risques d’extinction planent sur un tiers de la flore tropicale africaine

Workers carry charcoal through a slashed and burned area in eastern Sierra Leone, April 20, 2012. Logging is illegal in Sierra Leone, but remains the leading cause of environmental degradation, according to the European Union. Population pressure, common slash and burn methods and illegal logging mean the country’s bountiful forests could disappear by 2018, according to the Forestry Ministry. Sierra Leone’s 11-year conflict from 1991-2002 left over 50,000 dead and became a byword for gratuitous violence, especially the amputation of limbs. A decade later, the West African nation is peaceful, but among the world’s poorest. It is due to hold elections in November. Picture taken April 20, 2012. REUTERS/Finbarr O’Reilly (SIERRA LEONE – Tags: ENVIRONMENT BUSINESS EMPLOYMENT) – LR2E84P0RM31B

L’Afrique de l’Ouest, l’Ethiopie, la Tanzanie et le sud de la RDC sont exposés aux plus fortes pressions, selon la première évaluation réalisée à l’échelle continentale.

Près d’un tiers – 31,7 % – de la flore tropicale africaine serait menacée d’extinction, selon une étude publiée mercredi 20 novembre dans la revue Science Advances, qui fournit la première évaluation réalisée à l’échelle continentale sur le sujet. L’Afrique de l’Ouest, le centre de la Tanzanie, l’Ethiopie et le sud de la République démocratique du Congo (RDC) y sont identifiés comme les régions où s’exercent les plus fortes pressions sur la biodiversité, avec des risques d’extinction pouvant dépasser 76 % dans les montagnes éthiopiennes ou 67 % dans le delta intérieur du Niger.

Comparées à la faune, dont la grande majorité des espèces de mammifères et d’oiseaux ont été répertoriées et classées sur la liste rouge de l’Union internationale de conservation de la nature (UICN), les plantes demeurent le parent pauvre de cette surveillance planétaire, en dépit du rôle qu’elles jouent dans la pérennité des écosystèmes.

Le déclin de la nature se déroule à un rythme sans précédent

Seulement 8 % des 352 000 espèces de plantes recensées à travers le monde ont fait l’objet d’une évaluation de l’UICN. Ce chiffre vaut aussi pour les zones intertropicales où la biodiversité demeure pourtant la plus riche. Le nombre considérable d’espèces et l’exigence des méthodologies utilisées par l’UICN expliquent en grande partie cette connaissance lacunaire. Mais il apparaît difficile de se satisfaire de cette situation alors que le déclin de la nature se déroule à un rythme sans précédent, comme l’a montré le rapport de l’IPBES (Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques) publié en mai.

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« Cette urgence a conduit à imaginer une autre méthode qui permette d’établir plus rapidement l’état de conservation d’un plus grand nombre d’espèces de plantes à une plus large échelle »,explique Thomas Couvreur, directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et coordonnateur de l’étude.

Baptisée PACA (pour « évaluations préliminaires automatisées de conservation »), elle consiste à superposer les cartes de distribution des espèces et celles de l’utilisation des terres – des plus préservés aux plus exploitées – réalisées à partir de vastes bases de données. Les critères retenus pour construire le classement entre les espèces « probablement ou potentiellement menacées »« potentiellement rares » ou « potentiellement pas menacées » s’appuient en grande partie sur l’approche de l’UICN.

« [Ces] évaluations préliminaires peuvent apporter des informations cruciales pour que le développement économique de l’Afrique » – Thomas Couvreur, de l’IRD

Mais grâce au traitement informatique des données, il n’a fallu que sept heures pour sortir des résultats sur un échantillon de 22 000 espèces de plantes, alors que les experts de l’UICN ont en moyenne besoin d’une journée pour évaluer une plante et d’un budget variant entre 30 et 500 dollars. « Il s’agit bien d’évaluations préliminaires plus rapides et moins coûteuses avant une éventuelle inscription sur la liste rouge de l’UICN. Mais elles peuvent apporter des informations cruciales pour que le développement économique de l’Afrique ne se fasse pas au détriment de la biodiversité », insiste le chercheur.

Ce n’est en effet pas un hasard si le continent a été choisi comme terrain d’étude : « L’Afrique tropicale fait face à des pressions croissantes liées à l’exploitation forestière, aux besoins en énergie, au développement de l’agriculture et des activités minières »,écrivent les auteurs, sans oublier de citer les impacts du dérèglement climatique et de la croissance démographique. Les zones de forte concentration humaine – en particulier la zone côtière allant du golfe de Guinée au Sénégal –, où la disparition des forêts a été massive au cours des dernières décennies, apparaissent ainsi comme les régions les plus vulnérables. Tandis que celles moins densément peuplées et moins exploitées d’Afrique centrale apparaissent mieux préservées.

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Ce paysage dessiné par l’étude souffre encore de l’absence totale de certains pays, comme l’Angola et la République centrafricaine, pour lesquels les botanistes ne disposent d’aucune donnée.

Source: Le Monde Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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