Des négociations sont possibles avec « certains éléments » des groupes djihadistes au Sahel, selon l’Elysée

Un soldat burkinabé patrouille dans le nord du Burkina Faso

La présidence française a précisé qu’un sommet sur la situation régionale se tiendrait en Afrique en février.

Au Sahel, des négociations sont possibles avec des éléments des groupes djihadistes, mais restent exclues avec les directions d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique (EI), a estimé la présidence française, lundi 21 décembre, précisant qu’un sommet sur la situation régionale se tiendrait en Afrique en février.

« On mène une guerre contre deux organisations qui ne sont pas sahéliennes mais internationales et qui mènent un combat terroriste au-delà de la région », a relevé une source à l’Elysée dans un entretien avec l’AFP. Avec l’Etat islamique au grand Sahara (EIGS), désigné comme l’ennemi numéro un lors du sommet de Pau en janvier 2020, « il n’y a pas de négociation possible, il n’y en aura pas et personne ne le demande dans la région », estime l’Elysée.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Paris s’oppose au dialogue avec les chefs djihadistes au Sahel

La question est en revanche plus complexe avec le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, également appelé Jnim selon l’acronyme arabe), alliance d’organisations qui a prêté allégeance à Al-Qaïda. L’état-major du GSIM « répond à la hiérarchie centrale d’Al-Qaïda et est totalement intégré dans son organigramme », a expliqué l’Elysée : « Personne n’a jamais réussi à négocier avec Al-Qaïda et ce n’est pas la France qui va le faire. » Mais, ajoute-t-on de même source, certains éléments du GSIM « ont un agenda beaucoup plus national, souvent opportuniste, parfois régional. Avec ces interlocuteurs-là, il est possible d’avoir une autre réponse que celle de la lutte antiterroriste. Il n’y a aucune raison pour la France de faire obstruction à de telles discussions » entre les Etats du Sahel et ces groupes.

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Possible réduction des effectifs de « Barkhane »

Cette question est un serpent de mer dans la région, particulièrement au Mali. Elle était revenue sur le devant de la scène en octobre, lors de la libération de quatre otages dont la Française Sophie Pétronin, au terme de négociations menées par des émissaires maliens et auxquelles la France n’avait officiellement pas été associée.

« Ce n’est pas la France qui regarde passer les trains, ce sont les Maliens qui décident de leur propre organisation », a insisté la présidence française, réitérant à cet égard son attachement à la relance de l’accord de paix de 2015, conclu sous médiation algérienne. « A chaque fois que des interlocuteurs du Nord-Mali ont voulu s’asseoir pour discuter des accords d’Alger, il y a eu des représailles immédiates avec des assassinats ciblés », estime l’Elysée : « Notre objectif est bien, en éliminant certains leaders, de permettre aux Maliens et aux autres de s’asseoir à une table. »Article réservé à nos abonnés Lire aussi  « On a fait le tour du cadran » : la France cherche une stratégie de sortie pour l’opération « Barkhane » au Sahel

Le responsable a par ailleurs indiqué que l’évaluation des décisions prises au sommet de Pau ferait l’objet d’un sommet « en Afrique » aux alentours de la mi-février. « C’est en discussion avec nos interlocuteurs du G5 Sahel [Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger, Tchad], pour voir quel est le calendrier le plus approprié », a précisé l’Elysée.

La France réfléchit depuis quelques semaines à une possible réduction des effectifs de l’opération « Barkhane », selon plusieurs sources contactées par l’AFP. La question porte notamment sur le rappel des 600 hommes supplémentaires envoyés sur zone, sur un total de 5 100 aujourd’hui, après le sommet de Pau, a précisé lundi la présidence. « Les indications vont plutôt dans le sens d’un retrait de ces renforts, au regard des résultats obtenus sur le terrain et de la capacité de nos partenaires sahéliens à assumer le service après-vente, c’est-à-dire le travail de stabilisation une fois les territoires reconquis », a-t-elle expliqué. « Les décisions ne sont pas prises et dépendent des concertations » entre Paris et ses partenaires, ainsi que du rôle des Nations unies et de l’Union européenne (UE), selon la même source.

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Tribune d'Afrique

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