Côte d’Ivoire : Noël Akossi-Bendjo condamné à 20 ans de prison ferme

L’ancien maire du Plateau et cacique du PDCI a été jugé en son absence, ce mardi, alors que les relations entre sa formation et le RHDP ne cessent de se tendre. Noël Akossi-Bendjo a été condamné à 20 ans de prison et à plus de 10 milliards de F CFA d’amende pour « détournements de fonds ».

C’est depuis Paris, où il vit depuis onze mois, et à travers les réseaux sociaux que Noël Akossi-Bendjo a appris sa condamnation à une lourde peine. Après environ une heure et demi d’audience, le tribunal correctionnel du Plateau, à Abidjan, a prononcé sa condamnation à 20 ans de prison, 10 milliards 279 millions de francs CFA (environ 16 millions euros) d’amende et 5 ans de privation de droits pour détournements de fonds publics, faux, usage de faux et blanchiment de capitaux. Le juge a ainsi suivi en tout point les réquisitions du procureur, alors que la défense n’a pu s’exprimer, selon les règles qui s’imposent en correctionnelle.

En milieu d’après-midi, l’ancien maire du Plateau confiait à Jeune Afrique n’avoir pas encore reçu de notification officielle de la décision du tribunal. Noël Akossi-Bendjo a convoqué une réunion d’urgence de son cabinet.

Un long face-à-face judiciaire

Cette condamnation vient clore près de onze mois d’un face-à-face judiciaire à la coloration très politique entre Noël Akossi-Bendjo et les autorités ivoiriennes. Le 1er août 2018, ce cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), ancien patron de la Société ivoirienne de raffinage (SIR), était révoqué de ses fonctions de maire du Plateau en Conseil des ministres. Une décision qui le mettait de facto hors-jeu pour les municipales d’octobre 2018, où il était pressenti pour être candidat à sa propre succession à la tête de la commune emblématique du centre d’Abidjan.

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Alors que les autorités annonçaient qu’il était soupçonné de détournements de fonds avec son neveu, Jacques Ehouo, finalement candidat à sa place pour le PDCI face au communicant Fabrice Sawegnon, un proche du président ivorien, Noël Akossi-Bendjo avait dénoncé une révocation « politique, illégale et arbitraire. » En mission à Paris, cet homme qui ne cachait pas il y a encore quelques mois ses décisions présidentielles, pris la décision de ne pas rentrer en Côte d’Ivoire.

Tensions entre le PDCI et le RHDP

Sa condamnation intervient dans un contexte très tendu entre son parti, dirigé par Henri Konan Bédié, et le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), d’Alassane Ouattara). Anciens alliés, les deux hommes sont devenus de farouches rivaux dans la perspective de la prochaine élection présidentielle qui doit se tenir en 2020.

Début juin, une forte polémique a été déclenchée après des propos du patron du PDCI sur les « étrangers », soupçonné de faire ressusciter les vieux démons de « l’ivoirité ». Les autorités ivoiriennes avaient prévenu que ses propos, accusés d’être xénophobes, pourraient faire l’objet de poursuites. Selon nos informations, Alassane Ouattara avait même chargé son ministre de la Justice, Sansan Kambilé, d’étudier les moyens pour sanctionner Henri Konan Bédié.

Mais ce lundi 1er juillet, c’est une des figures de la jeunesse urbaine du PDCI (JPDCI) qui a été convoquée à la Brigade de recherches de la gendarmerie du Plateau. Entendu par les enquêteurs puis mis en garde à vue, il devait être présenté au procureur de la République mardi 2 juillet en fin d’après-midi. Selon son avocat, Maître Chrysostome Blessy, il a été interrogé sur des propos qu’il a tenus lors d’un meeting le 23 juin 2019.

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« Jeunes d’Adzopé, d’Akoupé, d’Affery et d’Agou, je vous engage à vous mobiliser et à tenir en alerte tous les jeunes, qu’ils soient du PDCI-RDA , du FPI, du MFA et à attendre le mot d’ordre du parti pour faire en sorte que la Côte d’Ivoire soit libérée », a-t-il déclaré. « Sortis du contexte, ces phrases peuvent poser problème mais il faut les replacer dans tout le discours tenu ce jour-là. Il n’y a pas de coïncidence. Ce matin, Henri Konan Bédié part en France, et toutes ces affaires ressortent, cela est politique », estimait son avocat. Pour leur part, les autorités ivoiriennes ont toujours nié leur implication dans ses affaires, assurant de l’indépendance de la justice du pays.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne :Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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