Centrafrique : neuf opposants déposent un recours en annulation de l’élection présidentielle

Anicet-Georges Dologuele (Republique Centrafricaine – RCA), ancien premier ministre, ex-président de la Banque de Developpement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC). Il cree en octobre 2013 l’Union pour le Renouveau Centrafricain (URCA), dont il est le candidat a l’élection presidentielle de 2015. Il est aussi depute de Bocaranga. A Paris, le 12.09.2016. © Vincent Fournier/JA

Neuf opposants, dont Anicet-Georges Dologuélé et Martin Ziguélé, ont déposé ce 6 janvier auprès de la Cour constitutionnelle un recours collectif en annulation de la présidentielle. Ils dénoncent des « fraudes massives » de la part des partisans du président Touadéra.

Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé, Mahamat Kamoun, Crépin Mboli-Goumba, Alexandre Ferdinand Nguendet, Abdou Karim Meckassoua, Catherine Samba-Panza, Nicolas Tiangaye et Désiré Kolingba ont demandé collectivement à la Cour constitutionnelle de prononcer l’annulation du scrutin présidentiel du 27 décembre dernier et l’organisation d’une nouvelle élection. Le recours a été déposé jeudi 6 décembre, à 18h45 heure de Bangui.

Dans le document adressé à la présidente de la Cour, Danièle Darlan, les neuf candidats, qui contestent la victoire au premier tour de Faustin-Archange Touadéra, ont dénoncé une « proportion inquiétante de votes par dérogation », la « non-remise de procès-verbaux aux représentants des candidats », des manœuvres d’ « intimidation », des « achats de vote » ou encore des « fraudes massives ».

La Cour constitutionnelle a jusqu’au 19 janvier pour se prononcer sur ce recours, déposé au nom des neuf candidats par l’avocat et ancien Premier ministre Nicolas Tiangaye. Cette demande intervient dans un climat particulièrement tendu sur le plan sécuritaire – les groupes armés tentant toujours d’encercler Bangui – et fait figure de dernière chance de sortie de crise sur le plan politique.

Entre Dologuélé et Bozizé, le divorce

S’il ne figure pas dans ce recours, le Kwa na Kwa (KNK), parti de l’ancien président François Bozizé (qui n’a pas été autorisé à se porter candidat), soutient la requête. Cette formation s’était alliée avec Anicet-Georges Dologuélé quelques jours avant le premier tour, avant que Bozizé ne choisisse finalement d’appeler au boycott, au grand dam de son nouvel allié.

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Le KNK et les autres ténors de l’opposition ont pourtant bien du mal à présenter un front uni. Selon nos informations, Anicet-Georges Dologuélé impute en partie l’issue du premier tour à la décision de François Bozizé d’appeler ses militants à ne pas se rendre aux urnes. Il n’avait d’ailleurs pas été prévenu des intentions de boycott de l’ancien président, qui a finalement soutenu les groupes armés.

Le 27 décembre, alors que Dologuélé tentait de rassembler ses soutiens et de les pousser vers les urnes, Bozizé a même dépêché des partisans pour perturber la tenue du scrutin dans son fief de l’Ouham, qui était également l’un des potentiels réservoirs de voix du candidat Dologuélé. « Notre alliance avec Dologuélé était utile dans un contexte où l’élection était crédible. Mais quand le président Bozizé a constaté qu’elle ne le serait pas, il lui a fallu changer de plan », justifie un cadre du KNK.

Selon nos sources, François Bozizé pourrait prochainement se rapprocher des groupes armés rassemblés au sein de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). Ses leaders, avec lesquels l’ancien président est en contact régulier, lui ont proposé de s’allier officiellement à eux, en exerçant un rôle et un leadership similaire à celui de Michel Djotodia dans la Séléka en 2013.

Source: Jeune Afrique/Mis en ligne : Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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