Centrafrique : l’action russe échappe à toute transparence

La Russie a accru depuis plusieurs années son influence en Centrafrique. Les relais de cette influence sont essentiellement un bureau militaire rattaché au ministère de la Défense et la présence des mercenaires du groupe Wagner qui opèrent aux côtés des forces armées centrafricaines. Mais la coopération militaire avec la Russie échappe à toute transparence. Lors du dialogue républicain qui vient de s’ouvrir à Bangui, une commission chargée de la diplomatie et de la coopération internationale a exigé plus de transparence dans ce domaine. 

Le dialogue républicain en Centrafrique a pour ambition de conduire des discussions sans tabou. C’est pourquoi la Commission Nr. 4, qui regroupe plusieurs ambassadeurs, a réclamé plus de détails sur la coopération militaire avec la Russie.

L’idée a été notamment exprimée par Cyriaque Gonda, président de la Coalition de l’opposition démocratique COD-2020. 

Une opacité justifiée ?

Mais Fidèle Gouandjika, ministre conseiller spécial du président Touadera, qui n’a jamais caché combien la Centrafrique se réjouissait de la présence russe, a refusé de donner plus de détails :

« Est-ce que vous avez vu l’accord entre la République centrafricaine et le Rwanda en matière militaire ? Nous avons des accords de défense avec la France, pourquoi vous voulez qu’on ne rende public que l’accord de défense entre la Fédération de Russie et la RCA ? Pourquoi les gens se focalisent seulement sur cet accord ? Alors que les Russes ont fait mieux que tous ces pays-là.

Un problème qui serait déjà réglé, selon Henri Vigné Milla, député de Mobaye et membre de la majorité :

« Nous l’avons déjà ratifié à la commission des Affaires étrangères et la République centrafricaine. Il ne devrait pas y avoir un problème de transparence ni de clarté sur cet accord militaire entre la Centrafricaine et la Fédération de Russie. »

Mais la société civile dénonce le flou entretenu sur cet accord. Bruno Hyacinthe Gbiegba est représentant de la société civile au dialogue républicain :

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« C’est tout à fait normal, on ne peut pas signer des accords avec n’importe quel pays et cacher cela pour que ce soit deux ou trois personnes qui le gèrent. On signe ces accords au nom du peuple, que ce soit avec la France, la Russie, les Etats-Unis, la Chine, le Congo, le Rwanda… il faudrait qu’il y ait de la transparence et le peuple doit savoir pourquoi vous avez signé cet accord pour le protéger. Comme ça il va vous soutenir. Mais vous ne pouvez pas garder cela dans un secret que le peuple ne comprend pas. Que le peuple sache ce qu’on est en train de faire pour lui. »

Que fait Wagner ?

La Centrafrique a signé un accord de coopération militaire en 2018 avec la Russie. Les premiers officiers russes du bureau militaire rattaché au ministère de la Défense sont arrivés en octobre 2020, alors que le flou persiste autour du groupe paramilitaire Wagner.

En effet, ni le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra, ni son homologue russe Vladimir Poutine, ne reconnaissent la présence des mercenaires de Wagner en Centrafrique, alors que ceux-ci sont accusés de plusieurs crimes sur les populations civiles par les Nations unies.

Source: Deutsche Welle Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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