Paul Biya

Le président camerounais a annoncé la tenue, fin septembre, « d’un grand dialogue national » pour tenter de sortir de la crise meurtrière qui oppose les groupes armés séparatistes aux forces armés camerounaises les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016. Présenté comme inclusif, ce dialogue se fera néanmoins sans les militants sécessionnistes extrémistes.

Paul Biya a-t-il abattu sa dernière carte dans le processus de résolution de la crise anglophone ? Vingt-huit ans après la célèbre tripartite de 1991, qui mit fin à huit mois d’opérations « villes mortes » initiées par la société civile, le président Paul Biya a annoncé mardi soir, lors d’un discours à la nation, la tenue d’un dialogue national dédié à la crise anglophone. Au cours de son allocution radio-télévisé, le président camerounais a précisé les contours de cette concertation vivement attendue par l’ensemble de l’opinion publique locale et internationale, afin de mettre fin aux violences qui paralysent les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis bientôt trois ans.

« J’ai décidé de convoquer, dès la fin du mois en cours, un grand dialogue national qui nous permettra, dans le cadre de notre Constitution, d’examiner les voies et moyens de répondre aux aspirations profondes des populations », a affirmé le chef de l’État camerounais, 86 ans, et au pouvoir depuis près de 37 ans, avant d’évoquer le contenu et les acteurs de ce dialogue.

Le président camerounais a assuré que les débats porteront sur« des questions d’intérêt national » au rang desquelles « l’unité nationale », « l’intégration nationale », « le vivre-ensemble ». Autant de thématiques qui, par extension, concernent spécifiquement les populations anglophones. Il s’agit entre autres du « bilinguisme, de la diversité culturelle et de la cohésion sociale, du système éducatif et judiciaire, de la décentralisation et du développement local ».

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À cet effet, le Premier ministre mènera de « larges consultations » et « des délégations [iront] dans les prochains jours à la rencontre de la diaspora », a indiqué le président camerounais, qui n’a pas précisé le lieu où devra se tenir la rencontre.

Un dialogue sans les sécessionnistes extrémistes

Paul Biya évoque une concertation « sans exclusive », présidé par le Premier ministre Joseph Dion Nguté. Il rassemblera les différentes composantes sociales, y compris des représentants des forces de défense et de sécurité, ainsi que ceux des groupes armés, a assuré Paul Biya.

Mais si il a réitéré son offre de « pardon » aux séparatistes armés qui « déposent volontairement les armes », il a également promis à ceux qui s’y refuseraient de subir « toute la rigueur de la loi » et de « faire face aux forces de sécurité et de défense ». Des menaces portées alors que le leader des séparatistes anglophones, Julius Ayuk Tabe, et neuf de ses partisans ont été condamnés à la prison à vie, le 20 août dernier.

« La propagande des sécessionnistes a voulu présenter les décisions de justice récemment rendues à l’encontre d’un certain nombre de nos compatriotes, dans le contexte de cette crise, comme un obstacle au dialogue envisagé. Il n’en est rien », a par ailleurs affirmé le chef de l’État camerounais, qui a également mis en garde « les promoteurs de la haine installés dans les pays étrangers », dans un message clair à destination des opposants de la diaspora camerounaise, particulièrement actifs hors des frontières.

L’annonce a été saluée par le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qui « encourage le gouvernement camerounais à veiller à ce que le processus soit inclusif et réponde aux défis auxquels le pays est confronté », selon un communiqué publié mardi soir par son porte-parole, Stéphane Dujarric.

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Source: Jeune Afrique/Mis en ligne: Lhi-tshiess Makaya-exaucée

Tribune d'Afrique

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