Burundi: le président Ndayishimiye affirme que la justice est aux ordres

Évariste Ndayishimiye enfonce le clou. Le chef de l’État, qui s’en prend régulièrement à la justice du Burundi, qu’il accuse d’être très corrompue et à l’origine de tous les maux du pays, a cette fois reconu publiquement que celle-ci était aux ordres de l’exécutif. Le président burundais l’a dit dans une vidéo où il s’adresse aux responsables administratifs du pays, dans la province de Muyinga, dans l’est. Une vidéo qui fait le buzz depuis quelques jours sur les réseaux sociaux.

Évariste Ndayishimiye, le président du Burundi a expliqué une nouvelle fois sa vision de la justice. Pour lui, personne ne devrait perdre son temps à porter plainte contre l’État pour une raison simple : la justice, qu’il critique pourtant régulièrement, est sous ses ordres.

« Porter plainte contre l’État, c’est une erreur. Même les juges ne le savaient pas, c’est moi qui le leur ait appris, et ils rigolent lorsque je leur en parle. L’État devient dans ce cas juge et partie. Comment vas-tu porter plainte contre l’État même s’il te brime ? Mais la justice appartient à l’État, c’est une institution de l’État. Avant, on confondait le gouvernement et l’État, et les gens portaient plainte contre lui. Un État ne viole jamais la loi. »

La polémique bat son plein depuis que la vidéo d’Évariste Ndayishimiye circule notamment dans les groupes WhatsApp, où les gens peuvent donner libre cours à leurs critiques sans peur de se faire réprimer.

Faustin Ndikumana est le président de Parcem (Parole et Actions pour le Réveil des Consciences et l’Evolution des Mentalités), l’une des principales organisations qui milite pour la bonne gouvernance. Il est l’un des rares Burundais qui continue de s’exprimer publiquement dans le pays. Pour lui, « pas d’État de droit sans justice indépendante » :

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« Le principe premier et fondamental de séparation des pouvoirs est le principal pilier de tout régime démocratique. Si on fait la confusion entre l’état et la justice, la situation devient difficile. C’est l’autoritarisme. Il devient difficile d’évoquer l’Etat de droit de dans ces conditions. »

Le président Ndayishimiye promeut depuis qu’il est au pouvoir les investissements étrangers. Un homme d’affaire burundais prévient : « Votre discours va plutôt les décourager. »

Source: RFI Afrique/Mis en ligne: Lhi-Tshiess Makaya-Exaucée

Tribune d'Afrique

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